Epreuves du baccalauréat

Tricher n'est pas gagner

  • PubliĂ© le 8 juin 2011 Ă  06:00
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Frauder au baccalauréat peut coûter cher. Pourtant, en 2010 à la Réunion, quatre candidats à l'épreuve ont essayé... et se sont fait attraper. A une semaine des épreuves, revue de détail des techniques de fraude et des sanctions encourues. Et un constat : tricher n'est pas gagner.

Des dates écrites sur le haut des cuisses alors que l'on porte une mini jupe, un cours entier écrit dans des copies de brouillons, un camarade qui répond aux questions par sms, un regard un peu trop appuyé sur la copie du voisin.... Toute l'année, les élèves trichent et fraudent lors des devoirs d'histoire, français, anglais, mathématiques ou toute autre matière qui nécessite d'apprendre. Si lors de contrôles ordinaires, le risque est limité, durant l'épreuve du bac, les conséquences peuvent être très lourdes.

Lors des épreuves de 2010, quatre élèves s'y sont risqués dans l'île. Une d'entre-elles, élève dans un lycée de l'est, a tenté et s'est faite prendre. Lors d'une épreuve de rattrapage dans un centre de délibération différent de son propre lycée, elle avait introduit un document interdit parmi les documents autorisés. Résultat : une suspicion de fraude et une obligation de repasser le baccalauréat l'année suivante.

" L'examinateur a constaté la production de documents non autorisés et qui prêtaient à confusion. Il a donc fait un rapport d'incident, le centre où l'élève composait nous a transmis un rapport ainsi qu'à la division des examens du rectorat ", indique le proviseur du lycée d'origine de l'élève. Une commission a statué selon la gravité des faits.

" Il n'y avait qu'une suspicion. Nous ne pouvions pas prouver que les documents ont été utilisés ", poursuit le proviseur. En cas de flagrant délit, l'élève peut risquer jusqu'à 5 années d'interdiction de passer un examen. Ce fût le cas en 2009, lorsqu'un élève d'Isère en métropole, avait triché avec son téléphone potable lors d'une épreuve d'économie. Il posait des questions à un complice qui lui répondait par sms.

L'université n'est pas épargnée par le phénomène. "Nous avons 10 000 étudiants et chaque année, nous avons entre 1 et 6 cas de fraudes", indique Fabrice Lemaire, vice-président de l'université en charge des études et membre de la section disciplinaire. En 2010, quatre cas de fraudes ont été constatés. Un étudiant avait utilisé son téléphone portable pour consulter un site internet. Son épreuve a été annulée et il a été condamné à 18 mois d'expulsion de l'université de la Réunion, dont six mois ferme et 12 avec sursis.

Faux certificats médicaux pour échapper à une épreuve, cours cachés dans des brouillons... Les méthodes sont classiques et sont au moins sanctionnées par un 0 à l'épreuve, mais la prohibition de leur usage mérite d'être rappelé. "Le CA (conseil d'administration) et le CEVU (conseil des études et de la vie étudiante) ont voté un règlement qui rappelle ces règles afin que personne ne puisse dire qu'il n'était pas au courant", poursuit Fabrice Lemaire. Car à chaque passage devant le conseil de discipline, la situation est classique : l'étudiant, souvent en pleurs, affirme qu'il ne connaissait pas l'ampleur de la sanction.

Mais, si elle rassure, l'antisèche est loin d'être le remède miracle au manque de travail. Responsable du secrétariat du bac dans son lycée, Joël Goasguen indique que lors des épreuves, même un téléphone éteint dans une poche est considéré comme une fraude. Et " pour un élève qui n'a pas du tout travaillé, tricher ne sert à rien. S'il a juste les formules mais qu'il ne sait pas les utiliser, c'est inutile ", affirme ce professeur de mathématiques.

Une analyse que confirme, Juliette*, élève de terminale en pleine révision pour les épreuves du baccalauréat qui débute le 16 juin. " Lors d'un contrôle d'histoire en classe, j'avais écrit mon cours sur une feuille que j'avais mis dans mon tas de feuilles doubles. Une fois le contrôle commencé, j'avais fait comme si il s'agissait de brouillons ", indique la lycéenne. Elle n'a pas été surprise mais n'a obtenu qu'une petite moyenne. " Ca ne m'a pas aidée, j'avais recopié bêtement sans comprendre ", avoue-t-elle.

De son côté, Amélie* a joué le rôle de la complice, un livre d'histoire à la main, en répondant aux questions envoyées par sms d'une camarade qui n'avait pas appris sa leçon. " En général, elle avait plutôt entre 6 et 8 et le fait que je l'aide lui a permis d'avoir la moyenne ", indique la jeune-fille. Mais la fraudeuse n'a pas pu tricher lors des épreuves de son baccalauréat économique et social. Elle a chuté sur l'histoire et a obtenu son diplôme ... au rattrapage !

* prénoms d'emprunt

Marine Veith pour
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