"Il est encore trop tôt pour prendre des mesures exceptionnelles concernant cette sécheresse, comme le classement de l'île en état de catastrophe naturelle". C'est la déclaration faite par Michel Sinoir, directeur de la Daaf (direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt), suite à sa rencontre avec des représentants des syndicats du monde agricole ce mercredi 12 janvier 2011. Ces syndicalistes souhaitaient évoquer la problématique de la sécheresse et ses conséquences sur l'agriculture locale. Il a été décidé à la suite de cette réunion, qu'un observatoire sera mis en place pour analyser "filière par filière" les pertes occasionnées par cette sécheresse. Les agriculteurs voulaient des mesures, notamment le classement de La Réunion en zone de catastrophe naturelle, ils devront encore attendre.
Dans son dernier bulletin, l'Office de l'Eau mentionnait un déficit hydrométrique de -50% par rapport à la normale saisonnière. Les déficits s'observent surtout dans le Sud, et dans l'Ouest où de nombreux postes ont recueilli moins de 5 mm d'eau durant ce mois. On a relevé des pertes de 98% à Pont-Mathurin et aux Avirons, -96% à la Ligne Paradis et -92% à Saint-Joseph.Pour le directeur de la Daaf Michel Sinoir, l'objectif de cette réunion était de "recueillir des idées" auprès des différents membres du monde agricole, afin de "déclencher les meilleures procédures au moment venu". Selon lui, "il est encore trop tôt pour prendre des mesures exceptionnelles concernant cette sécheresse, comme le classement de l'île en état de catastrophe naturelle". Une zone sinistrée doit perdre au minimum 25% de sa production pour être éligible à l'état de catastrophe naturelle. Ce classement donne accès à des aides nationales et à la remise en état des moyens de production.
Le représentant de la Daaf propose plutôt la mise en place d'un observatoire chargé d'analyser "filière par filière" les conséquences de cette sécheresse record. À la suite d'une période d'observation de 3 semaines, des actions seront entreprises si cette sécheresse perdure. "Pour l'instant, nous ne déclenchons pas de plan de secours, mais nous restons en extrême vigilance", déclare le directeur de la Daaf.
Jean-Bernard Gonthier, 1er vice-président de la Chambre d'agriculture, n'abonde pas dans le sens de Michel Sinoir. "Pour nous, l'état de sécheresse est avéré. On a des exploitants qui ont perdu 50% de leur production", affirme-t-il. Il réclame l'instauration d'un revenu complémentaire pour les exploitations agricoles, " afin que les agriculteurs puissent continuer à vivre et sauver leurs exploitations".
Pour Alex Savriama, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs, cette réunion n'a pas apporté les réponses escomptées : "Nous sommes satisfaits d'avoir été entendu. Mais nous ne pouvons pas nous réjouir suite à cette réunion. Mais nous laissons le temps aux autorités car nous ne sommes pas dans une politique de blocage", précise-t-il. Un avis que partage Frédéric Vienne, président de la FDSEA. "Nous ressortons un peu amers de cette réunion. Nous pensions qu'il y aurait davantage d'actions. On connaît la situation. Pendant ce temps, des éleveurs n'en peuvent plus". Le secrétaire de la FDSEA, Dominique Gigan, a un avis plus tranché sur la question. "Nous avons l'impression que pour la Daaf, il n'y a pas urgence", constate-t-il.
"On verra demain ce qui sera fait à la préfecture mais à l'heure actuelle, nous ne sommes pas pleinement satisfaits", termine Alex Savriama. Une réunion du comité opérationnel sécheresse est prévue ce jeudi 13 janvier.
Samuel Irlepenne pour



