Madagascar

Un collège détruit à Antananarivo

  • Publié le 31 décembre 2009 à 00:00

Claude Guillon, Réunionnais installé à Madagascar depuis près de 20 ans, vit une période bien sombre de son histoire . Fondateur et directeur du collège d'Antane, créé en 1992 dans un quartier populaire d'Antananarivo, Claude Guillon a assisté, impuissant, à la destruction d'une partie de ses salles de classe ce mardi 29 décembre 2009. Un litige autour de la vente de l'immeuble est né en 2006 à l'initiative de l'ancien propriétaire. Maxime Ratoejanahary tient à récupérer les locaux que le directeur de l'école affirme avoir officiellement terminé de payer depuis 1999.

"Cette affaire est grave. Près de 400 élèves risquent de ne plus avoir d'école à la rentrée des vacances scolaires, une vingtaine de personnes qui y étaient hébergées sont désormais à la rue. Cette expulsion, hors de toute logique judiciaire, dénote le sentiment anti-étranger qui prend de plus en plus d'ampleur dans la capitale ces derniers temps", confie Jean-pierre Languet, un ami de Claude Guillon.

Il y a 17 ans, l'ancien propriétaire de l'immeuble, Maxime Ratoejanahary, vend son bien afin de rembourser une lourde dette contractée auprès de sa banque. En sept ans, Claude Guillon paye la totalité de ce qu'il doit et devient automatiquement, selon toute logique, propriétaire des lieux. Mais aucun acte de propriété n'est promulgué et ce n'est qu'au bout de plusieurs années que Maxime Ratoejanahary lui fourni un titre de propriété officiel, ou plutôt ce que Claude Guillon croyait être un document officiel...

Car désormais, l'ancien propriétaire affirme que ce papier est un faux. Et c'est fort de cet argument que Maxime Ratoejanahary a pu se présenter au collège le 23 décembre dernier, accompagné de gendarmes, policiers et d'un huissier de justice pour saisir une grande partie des biens présents dans les locaux. Ces meubles ont alors été jetés sur la route nationale, à la merci des pilleurs, alors que les voisins, pour la plupart devenus des amis de Claude Guillon, se proposaient de les recueillir pour les protéger.

"Les gendarmes ont agi dans la précipitation et sans aucune considération pour les gens qui étaient hébergés dans l'établissement. Un gendarme a même enroulé un tout petit bébé dans un tapis sans s'en apercevoir. Ce n'est qu'au moment où il allait jeter le tout par la fenêtre que la tête du petit est sortie et qu'il a pu être sauvé", raconte Jean-Pierre Languet, témoin des faits. Depuis ce 23 décembre, la vingtaine de Malgaches expulsés vit dans des tentes placées sur le terrain d'un voisin de l'école tandis que cette dernière est fermée par une barricade.

En trois ans de conflit entre l'ancien et le nouveau propriétaire, tous les recours judiciaires ont été épuisés. Le dernier jugement en date avait établi un délai de grâce jusqu'à la fin de l'année scolaire 2009/2010 pour le directeur de l'établissement. La date de cette expulsion, intervenue en pleine période de vacances scolaires et judiciaires, "semble difficilement due au hasard" estime Jean-Pierre Languet. Cela d'autant qu'une demande de référé formulée par Maxime Ratoejanahary à l'encontre de ce délai de grâce à été étudiée ce mercredi 30 décembre. Le jugement est attendu pour le 20 janvier 2010.

Cet établissement scolaire, où l'enseignement est dispensé du préscolaire au collège, est situé dans un quartier populaire de la capitale. De nombreux élèves sont parrainés par des étrangers et notamment des Réunionnais pour les frais de scolarité, la cantine et les dépensés médicales.

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