Ancien professeur de géographie à l'université de La Réunion, député, secrétaire général de la commission de l'océan Indien puis vice-président du conseil général, Wilfrid Bertile était l'unique candidat réunionnais au poste d'ambassadeur délégué à la coopération régionale pour la zone océan Indien. S'estimant "le mieux placé", il a accueilli avec d'autant plus d'incompréhension la nomination de Claudine Ledoux, maire de Charleville-Mézières, y voyant une manoeuvre du ministère des Affaires étrangères Laurent Fabius pour placer une de ses proches. "C'est tellement gros que c'est incompréhensible...", confie-t-il avant d'affirmer "cette nomination est un gag".
Comment avez-vous vécu la nomination de Claudine Ledoux ?
" Cette nomination m’a beaucoup étonné. Je suis tombé de haut... Après la nomination d’un Antillais en 2011 pour un poste correspondant aux Antilles, tout le monde s’attendait à la nomination d’un Réunionnais dans l’océan Indien. Et de par mon vécu et mon profil, je pense que j’étais le mieux placé. "
Quelles étaient vos motivations pour vous porter candidat ?
" Il y a deux choses : le poste en lui-même et la mission qui lui incombe. Concernant ce poste, il fait partie des 23 ambassadeurs thématiques qui sont contestés par un certain nombre de parlementaires et qui apparaissent comme des coquilles vides où l’on place ses amis politiques, ce qui en fait un poste un peu frustrant. Mais il s’agit d’une mission de coopération régionale, un domaine dans lequel je milite depuis 30 ans et que je connais très bien. "
Comment expliquez-vous ce choix ?
" Je ne me l’explique pas... En dehors de la proximité de Claudine Ledoux avec Laurent Fabius, je ne le comprends pas. C’est tellement gros que c’est incompréhensible. C’est un gag de nommer la maire de Charleville-Mézières à ce poste. C’est comme si on me demandait d’aller étudier la taille des arbres dans les Ardennes, j’en serai incapable ! "
On vous sent très déçu par l’attitude du gouvernement...
" Je pensais que le gouvernement ne tomberait pas dans la caricature de ce qu’étaient ces postes d’ambassadeurs thématiques sous la présidence de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy... "
Cette nomination fait en tout cas beaucoup réagir à La Réunion...
" Oui, car elle tombe en plein débat sur l’équilibre des postes entre métropolitains et ultra-marins, et ce dans l’attente du rapport Lebreton qui aura vraiment bonne mine maintenant... C’est jeter de l’huile sur le feu et les conséquences seront énormes, car le gouvernement se retrouve totalement isolé. Tout l’éventail politique proteste ! Tout ça pour satisfaire une amie, c’est incompréhensible... "
Avez-vous été soutenu lors de votre dépôt de candidature ?
" Il n’y a pas d’appel à candidature pour ce genre de poste. Ça se passe plutôt en catimini. J’ai appris que le poste allait se libérer et je me suis porté candidat. J’en ai parlé au conseiller du président pour les Outre-mer, je ne pouvais pas faire mieux... J’avais aussi le soutien de certains membres du gouvernement. "
Et du côté des élus réunionnais ?
" Mme Dindar (présidente du conseil général, ndlr) a écrit au président pour appuyer ma candidature, le député Jean-Jacques Vlody a écrit à Victorin Lurel, Jean-Claude Fruteau m’avait assuré de l’appui des députés du Progrès et Gilbert Annette m’avait dit que je pouvais compter sur l’appui des parlementaires PS. Ma candidature avait vraiment été accueillie favorablement, j’étais même quelque fois un peu gêné d’en parler autant à mes amis... "
Vous ne pensez donc pas que des querelles personnelles aient pu entrer en ligne de compte ?
" Non, je ne pense pas que ce soit une question de querelles personnelles. J’ai montré que je pouvais remplir cette fonction, je suis une personnalité relativement consensuelle à La Réunion, comme en témoignent tous les soutiens que j’ai reçus. En dehors de la pression d’un poids lourd du gouvernement, je ne vois pas d’autre raison... C’est totalement irrationnel, c’est ouvrir la boîte de Pandore et jouer aux apprentis sorciers. "
Le ministère des Outre-mer n’a-t-il pas eu son mot à dire ?
" Le ministère des Outre-mer est passé sous la table... A partir du moment où l’on nomme des Guadeloupéens, ils sont contents. Le même jour que la nomination de Claudine Ledoux, on apprenait que le représentant de l’Outre-mer à la banque publique d’investissements serait la femme qui a remplacé Victorin Lurel à la tête du conseil régional de Guadeloupe... "
Vous semblez avoir pas mal de griefs contre le ministre des Outre-mer Victorin Lurel...
" Il est en train de faire tout ce qu’il ne faut pas faire pour qu’on ait de nouveau un ultra-marin à la tête du ministère de l’Outre-mer, c’est-à -dire favoriser son territoire. C’est ce qu’il fait systématiquement, ça en devient caricatural. "
Cette nomination de Claudine Ledoux sera-t-elle difficile à digérer ?
" On aurait nommé un diplomate de carrière, j’aurais pu comprendre, mais là ... En plus c’est totalement idiot de la part du gouvernement à six mois des élections municipales. Cela a été fait avec tellement de légèreté, de cynisme, que je ne comprends pas. Maintenant pour moi la page est tournée, mais on a raison de protester pour que cela ne se reproduise pas. "
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Sont commentaires
Mais ou est Paul verges !!!!!!
Donc il faut que le poste soit tenu par un reunionnais d'accord .Mais si il s'occupe de ce mandat comme nos parlementaires les 4 socialo et le reste on est mal bare ,que de la com dela com des ronds de jambes et puis rien style ballon d'autruche
Quand tout se passe en catimini, sans appel à candidature, avec une démarche occulte côté prétendant, que l'affaire se traite de bouche à oreille entre camarades et copains de parti, le PS en l'occurrence, faut pas se plaindre M. Bertile, vous avez vous même bénéficié de largesses partisanes du temps de François Mitterrand alors un peu de pudeur. Seriez-vous le seul candidat crédible pour un tel poste, à La Réunion et en métropole ? Vous avez occupé toutes les sinécures possibles dans la région, secrétaire général de la Commission de l'océan Indien (COI), représentant permanent à Paris du conseil régional de La Réunion, grand Mamamouchi de la mobilité, membre du CTR, tout récemment encore conseiller au cabinet de Nassimah Dindar pour une mission technique sur l'acte III de la décentralisation ; sans parler des mandats électifs, mandats de maire pas franchement bien terminés, idem es qualité de député, conseiller général, conseiller régional... passant du PS péi à l'Alliance, en fonction des vents dominants, en sus de vos multiples activités d'enseignant géographe, conférencier, auteur d'ouvrages plein de sapience. Il est regrettable en dépit de toute votre expérience, que vous demeuriez dans le marigot des manoeuvres de couloir. Vous avez écrit quelque part, avec du vinaigre, "Après la liberté, avec l'abolition de l'esclavage en 1848, après la solidarité avec la départementalisation en 1946, après la fraternité avec la décentralisation de 1982, il est temps que vienne, pour La Réunion, l'heure de la responsabilité..." C'est bien vrai ! Pourquoi n'avez-vous pas mis en pratique cette hauteur de vue et organisé avec vos pairs en politique, qui vous connaissent si bien - c'est peut-être aussi l'un des aspects du problème - un appel à candidature public et transparent dans l'espoir de pourvoir utilement ce poste d'ambassadeur thématique ? La responsabilité impose de privilégier l'intérêt général à l'ambition personnelle. Vous avez préféré jouer le coup en misouk, ou du moins en petit comité sans publicité, alors, bonne retraite M. Bertile !
Assimilation et colonisation en douceur !
Un fois de plus, ils prennent les Réunionnais pour des sous-développés !
il y a encore des naĂŻfs en France qui croient que les socialistes lavent plus blanc. Tout le pouvoir est corrompu, qu'on vienne nous prouver le contraire !
le probleme de la gauche c'est qu'ils sont revanchards, ils hurlaient quand la droite faisait des entorses et maintenant ils font des fractures. pourtant nous avions déjà eu un aperçu.
je me marre de voir que les dieux ont attribué à la France le monopole de la connerie. les Electeurs sont sans mémoire ni jugement, nous méritons ce que nous avons.
Ce que vit et décrit Wilfrid Bertil c'est ce que de nombreux réunionnais vivent au quotidien. Mais personne ne le dit. Et quand on le dit, très vite on passe pour des racistes ou des xénophobes.
Jz suis diplomé, j'ai une experience dans mon domaine obtenue en france et à bruxelles ..mais de retour à la réunion, j'ai dû durant 4 ans voir les postes pris par d'autres souvent moins qualifié ou expérimentés. Comme peu de réunionnais sont dans cette branche, il y a des français d'autres régions en postes et qui favorisent leurs amis et connaissances qui bien qu'à 10000km obtiennent les postes disponibles. Souvent, il n'y a même pas de candidature lancée à la réunion! On ne l'apprend que quand le nouveau cadre débarqué de l'avion prends ses fonctions. Et quand candidature il y a, j'ai ressenti très nettement, un favoritisme affinitaire pour les métros déjà installés sur l'ile.
Ce qu' j ai vécu n'est pas un cas rare. C'est courant, c'est au grand jour. Ce que j'ai vécu, d'autres le vive à tous les niveaux de responsabilité.
Quand traiteront nous ce problème?