Lors d'une conférence de presse organisée au port de plaisance de Sainte-Marie, Jean-Hugues Ratenon a présenté ce samedi 5 septembre 2015 sa position concernant les transports à La Réunion. A trois mois des élections régionales, le président de l'Alliance réunionnaise contre la pauvreté a dévoilé son projet de développer un réseau "bato-bus" autour de l'île.
La campagne des élections régionales tourne beaucoup au sujet des déplacements. Quel est votre position à ce sujet ?
Nous sommes pour le rail à La Réunion. Mais à notre sens, compte tenu des finances de l'Etat, de l'Europe et de La Réunion, ce n'est pas pour le moment. Il en faudra absolument un, si nous voulons un développement important de La Réunion. Mais ce serait mentir à la population de dire que nous aurons un train, un tram-train ou un monorail dans les années à venir. Ce ne sera pas avant 15 ou 20 ans. Il faudra aussi continuer à développer le transport en bus et l'améliorer. Puis, nous sommes pour une liaison rapide Est/Sud afin de désengorger toute la partie Nord/Ouest de La Réunion et rééquilibrer notre développement.
En quoi consiste votre projet de bato-bus ?
Nous estimons que la vie nous a donné la terre, la mer et le ciel. La mer n'est pas suffisamment exploitée à La Réunion. Il faudrait mettre en place un réseau bato-bus sur toute l'île de La Réunion. Il y a des ports qui existent déjà à Sainte-Marie, à la Pointe-des-Galets, à Saint-Gilles, à Saint-Pierre et Sainte-Rose. Nous pouvons mettre des bateaux-bus sur ces ports là avec peu d'aménagements.
Qu'en sera-t-il des autres villes ?
Dans les autres communes, il y a des projets de port, notamment à Saint-André et Saint-Leu. Nous pourrons d'entrée les aménager pour accueillir les bateaux-bus. Sur les autres parties de l'île, nous pourrons faire d'autres ports ou à défaut des embarcadères. Nous aurons à terme 12 points d'embarquement. A notre sens, ce projet est extrêmement important : il doit sauver l'île de La Réunion. C'est nous donner de l'espace et prendre de l'espace.
Quel sera le calendrier ?
Il est possible de lancer les études en 2016, les premiers travaux en 2017 pour accueillir les premiers passagers courant 2018. A l'horizon 2025, toute La Réunion aura son réseau de bateaux-bus.
Comment comptez-vous financer ce projet ?
Sur le plan financier, nous pourrons mobiliser les fonds propres de La Réunion, ceux des intercommunalités, mais aussi le fond régional de développement pour l'emploi. Il faut arrêter avec le 13e mois des maires à La Réunion. Le FRDE doit servir à l'emploi et aux Réunionnais à travers ce projet bato-bus. Nous pourrons aussi mobiliser les fonds de l'Europe pour le développement des activités maritimes. C'est un projet qui ne coût pas très cher qu'on peut mettre assez rapidement en place.
Qui s'occupera de la gestion de ce réseau ?
Nous avons demandé à une société d'experts comptables très connue à La Réunion de faire une étude de faisabilité. Nous allons voir tous les aspects juridiques, et notamment au niveau de la gestion du projet. En fonction des résultats et de l'orientation de la mandature, nous allons voir quelle délégation pourra mettre en place le projet, que ce soit une délégation de service public ou un partenariat public-privé.
A qui est destiné ce projet ?
Il est destiné aux Réunionnaises et aux Réunionnais, aux touristes, aux salariés de La Réunion. C'est repenser le développement de La Réunion, mais aussi mettre en place des zones d'activité autour des ports. Je vois bien des marchés forains, des zones commerciales et des services à la personnes. On peut désengorger le centre-ville et ramener l'activité autour des ports.
La mer est parfois dangereuse, les côtes réunionnaises sont souvent soumises à la houle. Qu'en sera-t-il du réseau bato-bus ?
Comme tous les modes de déplacement, ce n'est pas viable toute l'année. L'avion, lors des périodes de forts vents, ne décolle pas. En période cyclonique, la préfecture demande à la population de ne pas sortir avec leur véhicule. Et le bateau, lors des fortes houles, restera à quai. C'est un mode de déplacement complémentaire.
Vous avez parlé de la terre et de la mer. Qu'en est-il de l'air ?
Il y a un autre mode de déplacement très écologique qui se développe en Europe, en France et dans le monde : ce sont les téléphériques urbains, les aéro-bus. Il faut penser à cela pour bâtir La Réunion de 2025. La nouvelle majorité à la Région doit favoriser tous les modes de déplacement. Si c'est écologique et permet de faire chuter l'importation de véhicules à La Réunion, alors il faut y aller. Si l'investissement est amorti, il faut y aller, quelle que soit l'étiquette politique. Il faudrait d'ailleurs que les autres candidats, dès le premier tour, se prononcent sur le projet de bato-bus.
Les transports en commun sont utilisés par seulement 6 % des Réunionnais. Avez-vous un objectif pour faire augmenter ce pourcentage ?
A l'horizon 2025, à mon sens, il faudrait au moins 20 % des Réunionnais qui utilisent les transports en commun. Il faut augmenter cette partie considérablement et encore plus en 2050. On n'a pas le choix : La Réunion du tout-automobile est finie.
www.ipreunion.com
