Le comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de La Réunion a présenté ce lundi 9 septembre 2013 le projet "Cap Requins". Un projet financé par l'État, la Région et la ville de Saint-Paul, en partenariat avec l'IRD (institut de recherche pour le développement), la ligue de surf et l'association PRR (Prévention Requins Réunion). L'objectif, selon le CRPMEM, "arriver à une régulation de la population de requins", notamment grâce aux drumlines et aux palangres de fond, et "trouver des solutions pérennes pour une meilleure gestion du risque". À noter que dans le cadre de ce projet, un biologiste sud-africain, Gérémy Cliff, est actuellement à La Réunion pour une semaine afin d'apporter son expérience dans ce domaine.
"Union sacrée" : le terme est de David Guyomard, chargé de mission au sein du comité régional des pêches. Par ce terme, il veut souligner que pour la première fois, pêcheurs, scientifiques et usagers de la mer – surfeurs notamment – vont travailler main dans la main, sous l'égide des collectivités, dans le cadre du projet Cap requins. Et ce dans un seul but : trouver enfin des solutions pérennes au problème requins, par l'intermédiaire des techniques de pêche que sont les drumlines et les palangres de fond.
"Si le programme Charc mené par l'IRD vise à étudier le comportement des requins à grande échelle, Cap requins est un projet avec des objectifs plus opérationnels", détaille David Guyomard. En clair il s'agit de repousser les requins des zones de baignades, tout en régulant – même si le mot fait débat – la population de squales par des prélèvements.
"C'est un projet que l'on va expérimenter dans la baie de Saint-Paul pour voir ce qu'on peut faire de plus par rapport au risque très important qui existe aujourd'hui", souligne de son côté Jean-René Enilorac, président du CRPMEM qui pilote le projet. "En tant que pêcheurs, nous pouvons confirmer qu'il y a une surpopulation de requins actuellement et c'est pourquoi il faut tenter de la réguler, avec les scientifiques. Il faut relever ce grand défi pour mettre les attaques derrière nous", ajoute-t-il.
Pour lancer le projet, ils ont donc fait appel aux compétences de Gérémy Cliff, expert du Kwazula Nataf Sharks Board et sommité sud-africaine dans la gestion du risque requins. "Notre objectif à tous est la protection des usagers de la mer", explique ce dernier. "Ce problème n’est pas spécifique à La Réunion et malheureusement il n’y a pas de solution facile et immédiate. C’est pourquoi la coopération internationale est importante. On droit travailler ensemble pour l’avenir", poursuit-il.
Pour le biologiste sud-africain, la question n’est pas tellement de réguler la population de requins, mais de "capturer les requins qui approchent trop près des plages". Ainsi, en Afrique du Sud, 24 kilomètres de filet et 79 drumlines ont permis la capture de 600 requins en un an, indique-t-il. Le projet est maintenant de remplacer peu à peu tous les filets par ces drumlines avant éventuellement de se tourner vers l’utilisation de champs électro-magnétiques.
La Réunion n’en est pas encore là. Mais dans le cadre du projer Cap requins, elle expérimentera des "drumlines intelligentes" comportant un système d’alerte en cas de capture. Le but étant de permettre à toute espèce capturée de rester vivante, avant un éventuel marquage ou prélèvement. "Une partie des requins seront marqués, pour que l’on puisse voir ensuite s’ils évitent ou non la zone", explique ainsi Antonin Blaison, de l’IRD. "Le projet Cap requins vise à sécuriser les eaux de La Réunion tout en poursuivant la recherche scientifique", résume-t-il.
Dès ce mardi 10 septembre, Gérémy Cliff se rendra sur le terrain pour des opérations en mer en compagnie de tous les acteurs du projet. Une conférence publique est également prévue à la fin de son séjour, avant de démarrer les opérations de pêche début octobre, pour une expérimentation qui devrait durer six mois.
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D'abord la surpêche, qui supprime les proies des requins, ensuite la pollution des ravines, qui les attire.