Le dispositif sera déployé ce mercredi aux Roches Noires

Le long chemin des vigies requin

  • Publié le 29 avril 2015 à 05:00

Ce mercredi 29 avril 2015 doit être déployé le dispositif des vigies requin renforcées sur le site des Roches Noires, à Saint-Gilles-les-Bains. Une première étape vers la sécurisation des spots, mais surtout l'aboutissement d'un vrai parcours du combattant pour la ligue réunionnaise de surf et les partisans de ce système.

Il aura fallu plus de trois ans. Plus de trois ans pour franchir tous les obstacles, passer tous les tests, effectuer toutes les expérimentations et mettre enfin à l’eau ces "vigies requin renforcées" qui doivent permettre, à partir de ce mercredi, aux surfeurs du pôle espoirs de pratiquer leur discipline dans une zone sécurisée.

C’est le 20 octobre 2011 que le dispositif a été présenté pour la première fois aux présidents de clubs, sous le nom de "binômes vigies surveillance", avec l’objectif de sécuriser de la pratique du surf grâce à des binômes en apnée et en paddle. "Ce système a été inventé par le CRESSM (comité régional d’études et de sports sous-marins, ndlr) et nous l’avons mis à la disposition des clubs", précise Éric Sparton, président de la ligue réunionnaise de surf.

Un premier protocole validé en préfecture dès 2011

Le 10 novembre 2011, une nouvelle étape est franchie avec le dispositif "CAE requins" présenté par Pôle emploi, avec une prise en charge par l’État de 95 % du salaire de ces futurs emplois. Et le 23 décembre 2011, le projet contenant un protocole d’intervention précis est validé en préfecture, la mise en place débutant en janvier 2012. "Au total, 7 clubs de surf ont recruté 25 postes de vigies surveillants, qui seront mis à disposition des 10 écoles de surf labellisées et du pôle espoirs", écrit la ligue de surf dans une synthèse publiée en 2013.

Durant le premier semestre 2012, les vigies permettent à ces clubs de reprendre leurs activités, mais l’expérimentation est mise une première fois entre parenthèses en juillet 2012 suite à l’attaque mortelle d’Alexandre Rassiga, suivie 15 jours après de l’attaque mutilante de Fabien Bujon. "Ce sera alors le temps de la réflexion et de la prise de recul sur ce protocole (...), qui permettra d’aboutir à un nouveau protocole renforcé destiné à sécuriser un spot entier et non plus un entraînement de deux heures ou une compétition", souligne la ligue dans sa synthèse.

Ce nouveau protocole, établi en partenariat avec les associations PRR (Prévention Requin Réunion) et OPR (Opération Prévention Requin), sera présenté à la préfecture en septembre 2012, l’expérimentation débutant le 19 janvier 2013, déjà sur le spot des Roches Noires. Après des réserves émises par une commission interministérielle, les vigies requin ont six mois pour faire leurs preuves.

Mais là encore, une attaque mortelle de squale, le 8 mai 2013 aux Brisants, viendra entraver l’expérience. Suite à ce nouveau drame, le maire de Saint-Paul Huguette Bello annonce la décision de la commune de "suspendre l’action de sécurisation des activités nautiques qu’elle assure avec les vigies sous-marines".

Une étude scientifique sans résultats

C’est le début d’une longue traversée du désert pour les vigies. Les expérimentations menées en 2012 et 2013 font l’objet d’un rapport établi par la ligue réunionnaise de surf, qui est évalué par deux experts indépendants en septembre 2013. Ces derniers mentionnent alors "la nécessité de démontrer scientifiquement l’efficacité des surveillance dans et sur l’eau".

S’en suit le lancement d’une nouvelle étude, sous l’égide de l’IRD (Institut de recherche et de développement), pour tester l’efficacité des vigies. Elle démarre le 1er février 2014 au large des Roches Noires, avec l’objectif de tester l’effet répulsif du dispositif en provoquant des interactions avec les squales. Interactions qui n’arriveront jamais, malgré plusieurs mois d’attente et d’expérimentation...

Conséquence directe, le rapport établi par Bernard Seret, biologiste à l’IRD, s’avère défavorable aux vigies requins, mettant en avant le manque "d'éléments attestant de façon certaine leur efficacité" et le fait que "le caractère dissuasif de la présence des vigies n'est pas formellement établi". Ce qui conduira le préfet Dominique Sorain à freiner lui aussi des deux pieds, en renonçant le 11 novembre 2014 à faire appel aux emplois d’avenir et aux contrats aidés pour appuyer le dispositif.

"On y a toujours cru"

C’est un nouveau coup de massue pour la ligue de surf et ses partenaires, qui s’attèlent de nouveau au perfectionnement des ces vigies requins, qui seront désormais "renforcées", c’est-à-dire appuyées par des équipes sur mer et sur terre et équipées de caméras. "On a travaillé sur deux éléments clés, la prise en compte de l’environnement, c’est-à-dire de la qualité de l’eau, et la protection des vigies, tout en ajoutant de la technologie", explique Éric Sparton. Un nouveau protocole, plus précis, est également établi.

Cette fois la ligue de surf parvient à convaincre les autorités, qui décident de se jeter à l’eau avec l’annonce en février 2015 de la création des "zones d’expérimentations opérationnelles" dont les vigies requins renforcées sont l’un des éléments essentiels.

"L’évolution du dispositif a été soutenu par le préfet, mais ce fut un long combat contre les scientifiques...", souligne le président de la ligue de surf, mesurant le chemin parcouru depuis 2011. "C’est surtout un long travail. On a tout mis en œuvre pour présenter un dispositif qui tient la route et on peut enfin commencer à redémarrer. Mais nous, on y croit depuis le début", souffle-t-il.

Cette nouvelle expérimentation aux Roches Noires doit durer six mois et sera réservée aux membres du pôle espoirs et au personnel d’entraînement. Elle doit ensuite être étendue à d’autres spots de Saint-Paul, Trois-Bassins et Saint-Leu, puis ouverte à l’ensemble des clubs et des écoles privées.

www.ipreunion.com

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5 Commentaires
Brigitte
Brigitte
9 ans

Notre île a besoin de relever la tête,

Après la crise du chikungunya en 2006
Après la crise économique qui a démarré en 2008
Après la crise requin depuis 2011

JE DIS STOP

Il n'est pas question ici de zoreil ou créols, oui je m'adresse à toute cette bande de détracteurs qui vivent encore sur ce discours.....

Cette crise requin il faut la gérer.....

Vous la écolos bobos foutez nous la paix, il nous faut relancer notre économie! Pour vous rien n'est bon, vous êtes toujours en train de vous plaindre, une fois sur la NRL, une autre fois sur les requins, CA SUFFIT....

Le but n'est pas de tuer tous les requins, le but est de les éloigner, et si il faut en tuer quelques uns quel est le problème?

popol
popol
9 ans

Zorey devant kréol derière !!! HONTEUX !!! Tout cet argent pour que les nantis du littoral puissent s'amuser comme ils le veulent ! On voit bien que la Réunion n'appartient plus aux Réunionnais mais seulement à une minorité .........

CHABAN
CHABAN
9 ans

Oui, des impôts pour permettre au POLE ESPOIR de faire joujou dans l'eau!!!!!
Les autres ploucs n'ont qu'à attendre septembre/octobre pour avoir ce droit.
Il y a un mélange des genres au minimum dans cette histoire: mairie pôle espoir???????

T42
T42
9 ans

Force est de constater que le contribuable est bien la vache à lait de quelques personnes qui font financer par la collectivité un loisir hors de prix.
Quand le téléphérique promis sur Saint-Denis sera en place, je demanderai une piste de ski entre La Montagne et La Redoute. Moi c'est ça mon kif !

Mina
Mina
9 ans

Scandaleux!!!!tous ces moyens mis en œuvre pour permettre à une poignée d.individus de se faire plaisir sur l'eau !!!!
N'y a-t-il pas de causes plus urgentes à defendre ?
La Reunion aurait besoin d'investir pour plus d'égalité sociale et plus de moyens pour sa jeunesse pour leur permettre un depart dans la vie
Il y a plein d'autres endroits au monde ou les surfeurs pourraient donner libre cours à leur passion
Alors , Messieurs et Mesdames allez-y
L.argent des contribuables devrait être utilise en priorité pour d'autres urgences