Risque requin - Jacques, un surfeur témoigne

"Marre d'attendre l'Etat, c'est aux surfeurs d'organiser leur surveillance"

  • Publié le 16 janvier 2013 à 05:00

Ce jeudi 17 janvier, une délégation de l'association Prévention Requin Réunion sera reçue en préfecture. L'association réclame des explications sur les raisons du recul de l'État du dispositif vigies requins. Une mobilisation devait se tenir ce mercredi 16 janvier devant la sous-préfecture de Saint-Paul mais a été annulée. Jacques (prénom d'emprunt), un surfeur d'une quarantaine d'années, a accepté de témoigne sous couvert d'anonymat pour Imaz Press Réunion. Selon lui, ce dispositif de vigies est nécessaire. Toutefois, il refuse de prendre part aux diverses manifestations. Lui qui a décidé de surfer à ses risques et périls estime que "c'est aux surfeurs de se prendre en charge et d'organiser leur surveillance sans attendre un geste de l'État ou des collectivités". "Je n'ai pas besoin d'autorisation du préfet pour me mettre à l'eau", souffle-t-il avant d'ajouter "j'en ai marre d'attendre une action de l'État"

* Une délégation de l’association PRR sera reçue par le préfet Jean-Luc Marx ce jeudi matin. Et ce, alors qu’une manifestation pour la mise en place du dispositif des vigies requins devait se tenir ce mercredi. Comprenez-vous la mobilisation de cette association ?

- Je pense que nous pouvons nous prendre en charge nous même, sans attendre que l’État fasse quelque chose ou les communes. Personnellement je continue de surfer. Et j’ai mis en place un système de surveillance avec des amis. Chacun surveille à son tour dans l’eau avec des petites lunettes de natation. Un autre est en kayak. Ce système a pu être testé en plusieurs fois avec plusieurs dizaines de personnes à l’eau. Si nous ne sommes pas capable de nous organiser entre nous maintenant, je ne vois pas pourquoi, nous serions capable de le faire plus tard.

* Comment expliquez-vous ce manque d’organisation de la part des surfeurs?

- Tout simplement par de l’égoïsme. Certains préfèrent surfer au lieu de surveiller.

* Que pensez-vous du dispositif des vigies requins ?

- Il faut faire ce dispositif de vigies. Il est efficace. Toutefois je continue à surfer  même s'il n'est pas installé. J’en ai marre d’attendre l’État.

* Justement, comprenez-vous la position de l’État, qui avait donné son accord le mercredi 9 janvier, avant de faire marche arrière et de nouveau interdire l'accès aux vigies armées dans le périmètre de la réserve.

- Au vu des premiers résultats des études qui montrent que l’Ouest est infesté de requins bouledogue, l’État a voulu adopter une attitude de protection. Une attitude que je conçois tout à fait. Mais à trop vouloir protéger, tout est interdit.

* De nombreux surfeurs ont réclamé, parfois de façon virulente, des solutions pour de nouveau pratiquer librement leur sport. Comprenez-vous cette façon d’agir ?

- Ce sont des professionnels qui ont perdu leur métier. Certains ont perdu des amis, des proches dans des attaques de requins. Forcément ça peut mettre en colère. Mais je pense surtout que ce sont certaines associations d’écolos qui ont foutu la merde. Elles ont monté les gens les uns contre les autres.

* Que voulez-vous dire ?

- À aucun moment, les surfeurs ont dit qu’il fallait massacrer les requins. Les premiers écolos ce sont nous car nous passons nos journées en mer. Cela fait des années que surfeurs et pêcheurs tirent la sonnette d’alarme sur cette problématique. Ces associations d’écolos ont voulu arranger l’affaire à leur sauce.

* L’association PRR est-elle représentative de la communauté des surfeurs ?

- Elle ne l’est pas de toute la communauté. Cette association a, quelque fois, raison. Cela fait des années que certains de ses membres ont alerté sur la problématique des requins et on leur a répondu qu’il n’y en avait pas plus qu’ailleurs. Cela fait 10 ans que des études auraient dû être faites. PRR a aussi tort dans sa manière de faire parfois, notamment à Saint-Leu, où des membres ont insulté Didier Dérand (ce dernier a voulu prouver, en effectuant plusieurs traversées, qu'il n'y a pas de danger à nager avec les squales, ndlr). Ils n’auraient pas dû s’emporter. Cela donne une mauvaise image des surfeurs.

* La colère n’excuse pas tout…

- Non, la colère n’excuse pas du tout. Je regrette que les surfeurs soient encore passés pour des abrutis. Mais, je comprends leur comportement. Un de leurs amis s’est fait arraché la jambe et la main.

* De plus en plus de surfeurs se mettent à l’eau sans avoir attendu d’autorisation. Vous surfez vous-même à vos risques et périls. Avez-vous peur ?

- Je suis mon instinct. Je ne surfe pas avec la peur. Je le fais quand je sais que je peux y aller. Il arrive parfois que je ne vais pas à l’eau car elle est trouble et donc propice aux requins. Mais je n’ai pas besoin d’autorisation du préfet pour le faire.

www.ipreunion.com

guest
5 Commentaires
Gaby
Gaby
12 ans

+1000 Pour Renaud

Jeffy
Jeffy
12 ans

Bon commentaire de Renaud qui est écrit en connaissance de cause! Et surtout, "un grand merci à l'état"....

Didier
Didier
12 ans

Petite précision, PRR n'était pas à Saint-Leu quand Didier Dérant a fait sa traversée, ni à aucune autre de ces sorties médiatiques. Il s'est fait insulté et bousculé et c'est effectivement condamnable.

renauddaron@hotmail.com
renauddaron@hotmail.com
12 ans

Oui il est clair que les surfers doivent régler le problème eux-mêmes car ils ne servent qu' à ramener des médailles et faire la pub pour l'IRT, organisation d'incompétents opportunistes.
Donc si chaque surfer met la main à la poche, nous pourrons payer des pêcheurs professionnels afin de nous débarrasser de ces quelques requins bouledogues tueurs sédentarisés notamment à proximité immédiate des Roches, de Boucan.
L'État veut bien lâcher 800 000 euros à des pseudo-scientifiques qui jouent un jeu dangereux (manipulation et rétention d'information afin de protéger leurs requis bouledogues adorés), mais refuse de lâcher un centime aux victimes des ses actes inconséquents.
Allons à la pêche et puis les balises récupérées sur les requins pêchés, on fera des BBQ avec. C'est ça que veut l'Etat, le préfet ? Zot i vé zoué ? Allon zoué !

Bob
Bob
12 ans

Voilà un surfeur qui utilise sa tête et prend ses responsabilités. A toujours attendre des élus, de l'état et des associations beaucoup ont oubliés qu'ils peuvent aussi s'organiser et se prendre en main sans être assisté.