Océan Indien

Requins : l'île Maurice ne connaît pas la crise

  • Publié le 1 juin 2015 à 05:23

Si proche de La Réunion, l'île Maurice est pourtant tellement loin de la crise requin. Officiellement, aucune attaque de squale n'a été recensée par les autorités mauriciennes. L'île soeur doit son salut à sa barrière de corail qui entoure l'ensemble des plages du pays. Mais cela ne veut pas dire pour autant que le risque est écarté à 100 %.

A la fin de l'année 2011, la côte ouest de l'île Maurice a dû faire face à trois alertes aux requins. Les garde-côtes mauriciens, face à la menace d'une attaque de squale, ont notamment évacué la très fréquentée plage d'Albion. Dans le même temps, la crise requin commençait s'installer à La Réunion alors qu'elle se remettait à peine de celle du chikungunya.

"Maurice est une île assez unique avec des lagons protégés par les récifs, qui empêchent aux requins d’avoir accès et ainsi d’accoster les plages. Les requins ne sont pas un problème pour l’île mais ils peuvent le devenir", avait déclaré à l'époque Michael Sik Yuen, ministre mauricien du tourisme, interrogé par L'Express.

Depuis, le département français a recensé pas moins de sept attaques mortelles de squales. Mais à l'île Maurice, pas l'ombre d'une goutte de sang. "Heureusement, nous avons un lagon et une configuration de l'île qui nous protège. De mémoire, je n'ai jamais entendu parler d'une attaque de requin", assure Karl Moutoussamy, chargé de la promotion de l'île soeur.

Pourtant, des requins, il y en a bien sur les étals de la poissonnerie de Grand Baie. "On en a parfois. On vend du requin marteau, du requin tigre, du requin bouledogue. Ça se pêche au large, dans les fonds", raconte Aziza, qui vend chaque jour la pêche ramenée par son mari.

L'interdiction de la commercialisation du squale à La Réunion surprend la commerçante du port. "Vous ne mangez pas de requins à La Réunion ? Nous, on fait de la soupe avec les ailerons. Quand il y a du requins, les clients en achètent pour le livrer aux restaurants chinois de Grand Baie et de Port-Louis", confie-t-elle.

L'attaque de squale devient une légende urbaine

Présents au large de l'île, derrière la barrière de corail, les requins sont souvent capturés par les plaisanciers. "Il y a des clients qui viennent de demander. Y'a des requins partout. Pas dans le lagon bien sûr, mais à l'extérieur. J'en ai vu plusieurs fois lorsque je faisais de la pêche dans les fonds. On les relâchait à chaque fois", témoigne Yannick.

Le jeune homme, qui travaillait auparavant dans la pêche au gros, a même entendu parler d'une attaque : "ça s'est passé au nord, entre Maurice et Saint-Brandon. Un homme a pêché un requin et l'a embarqué sur le bateau. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa tête, mais il a voulu retirer l'hameçon de la gueule du requin. Du coup, il a été mordu. Ça a coupé l'artère et il est mort plusieurs heures après."

"C'est une version que j'ai entendu", nuance-t-il tout de même au milieu de son récit. Car une attaque mortelle de requin à l'île Maurice ne peut jamais vraiment se confirmer. Mais si jamais cela doit arriver, l'office du tourisme mauricienne pourrait bien tenter de ne pas reproduire les mêmes erreurs que La Réunion. "Tous les phénomènes naturels doivent être assumés avec une bonne communication", assure Karl Moutoussamy, directeur du MTPA (Mauritius tourism promotion authority). Mais dans les faits, rien ne dit que ce sera le cas.

Entre 2005 et 2006, l'épidemie de chikungunya avait causé la mort d'environ 200 personnes à La Réunion. Le département avait accueilli en 2006 130 000 touristes de moins qu’en 2005. Une chute vertigineuse de la fréquentation notamment due à la communication officielle et médiatique autour de la crise.

A l'île Maurice, les médias locaux n'ont évoqué le décès que d'une seule personne. Une mort qui n'a pas été confirmée officiellement par le gouvernement. Plusieurs sources évoquent un bilan de dizaines de cas mortels, notamment dans les hautes plaines de l'île soeur. Cette opacité autour du "chik" semble également de mise à propos des squales présents au-delà du lagon mauricien.

www.ipreunion.com

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4 Commentaires
Samy
Samy
8 ans

Bonjour à tous.
J'ai réalisé plusieurs sorties de pêche assis sur mon float tube (engin de pêche sur lequel on s'assoit comme un fauteuil, mu avec des palmes.
Avec ce float tube, je suis allé bien au delà de la barrière de corail (2 km de la côte), près de Trou aux Biches.
Vous pouvez voir une des vidéos sur youtube en tapant : Float tube au large de l'île Maurice.
Voilà, ce sont mes expériences vécues, et je les revivrai avec plaisir.

maelle
maelle
9 ans

Très intelligemment Maurice c'est que d'ébruiter ce genre d actualité va avoir des répercussions sur son activité principale. la reunion se plaint de perdre des touristes ben faites comme les mauricienne arrêtez de constamment faire circuler toutes types d infos. trop d infos tue l'info. Les touristes vont à Maurice parce que c'est une île ou toutes les structrues sont adaptées à leur besoin.

île propre
île propre
9 ans

Vu le nombre de mauriciens (et donc de rodriguais aussi) sur les réseaux sociaux,
vu que nous sommes nombreux, très nombreux, à avoir de la famille, des amis ou de simples connaissances dans l'île soeur,
à mon avis, s'il y avait eu des attaques, le secret n'aurait pas été longtemps gardé.
c'est juste mon avis... !

zoreil974
zoreil974
9 ans

Et donc ? Comme la Réunion ne sait pas bien gérer la crise requin, on lorgne sur le voisin pour dénoncer une concurrence déloyale, pour mieux se défausser ?