Surligneurs, stylos… des fournitures scolaires dangereuses retirées de la vente dans l'Hexagone, aucun rappel à La Réunion

  • Publié le 3 septembre 2025 à 14:58
surligneurs

Surligneurs, gommes, stylos triturés et mâchouillés, tous les élèves (ou presque) font ça. Ces geste peuvent paraître banal. Ils ne sont pourtant pas sans risque. Certains contiennent - sans que vous le sachiez -, des substances chimiques potentiellement dangereuses pour la santé. Certaines de ces fournitures scolaires ont d'ailleurs été retirées de la vente dans l'Hexagone. À La Réunion Imaz Press a contacté plusieurs enseignes, des grandes surfaces comme des magasins spécialisés dans la vente de fournitures scolaires, mais aucun rappel de ces produits n'a eu lieu (Photo : rb/www.imazpress.com)

Si les surfaces de vente ont eu connaissance des rappels en France 66.221 surligneurs, 18.000 stylos correcteurs et 6.048 stylos par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) après des contrôles menés entre 2023 et 2024, aucun commerce n'a entamé une action de rappel à La Réunion.

Dans une papeterie de Sainte-Clotilde, si des rappels ont eu lieu pour des lignes peu lisibles dans des cahiers, aucuns ne concernent du matériel scolaire présentant des produits chimiques en trop grandes quantités. "L'ensemble des produits qui passent par notre fournisseur répondent aux normes européennes et sont systématiquement contrôlés en douanes", explique la responsable.

Chez Bureau Vallée Réunion, "pour ce qui est du contrôle de la conformité des produits, nous demandons toutes les certifications aux fabricants avant mise sur le marché", explique l'enseigne.

Contactant directement un fournisseur - l'entreprise Maped - elle rappelle que "le marché des fournitures scolaires est soumis à des réglementations strictes pour protéger les enfants, et nous nous conformons sans concessions et allons même au-delà".

"Tous nos produits respectent la réglementation REACH depuis 2007 et les produits de coloriage respectent la norme Jouet EN-71. Ils sont testés chaque année par des laboratoires indépendants accrédités ISO 17025 (environ 180 tests/an), ainsi que par nos équipes internes, afin de garantir leur conformité et leur non-toxicité, en complément d’une veille réglementaire permanente assurée par nos chimistes. Nos sites de fabrication sont également certifiés ISO 14001 (environnement) et ISO 45001 (santé et sécurité)", précise l'entreprise.

- Un produit sur trois considéré comme dangereux -

Pourtant, un produit sur trois est considéré comme dangereux, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Lors de contrôles menés entre 2023 et 2024, la DGCCRF a relevé 14 produits non conformes, dont 9 risqués pour la santé.

En cause : la présence de substances chimiques parfois "au-dessus de la limite réglementaire" comme le phénoxyéthanol ou encore le propan-l-ol.

Pour sa part, la société Maped assure que "l'octylisothiazolinone n’est pas utilisé dans nos produits, cette matière étant considérée comme trop dangereuse (irritante pour la peau)". Le "phénoxyéthanol, quant à lui, est un conservateur. Il fait principalement l’objet de seuils réglementaires dans les produits cosmétiques destinés aux enfants de moins de 3 ans car c'est un perturbateur endocrinien. Chez Maped cette substance n'est présente dans aucun produit de feutre et de peinture pour les moins de 3 ans", ajoute l'entreprise.

- Quels risques pour la santé, et surtout celle des enfants ? -

Le contact cutané ou oculaire, l’inhalation ou encore le mâchouillage de certaines fournitures scolaires peuvent exposer les personnes dont les enfants à des substances toxiques.

"Ce sont des substances qui peuvent entraîner des effets sur la reproduction, des effets sensibilisants, irritants, des effets cancérogènes", interpelle Aurélie Mathieu, de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Les substances comme le phénoxyéthanol, "peuvent peut causer des lésions oculaires graves", explique la DGCCRF. Le propan-1-ol, est lui "très irritant pour les yeux".

L'octylisothiazolinone peut provoquer des dermatites, des inflammations de la peau lorsqu'il entre en contact avec elle.

Au-delà des accidents aigus (projection, ingestion accidentelle), l’exposition répétée par voie cutanée ou respiratoire peut entraîner des réactions allergiques chroniques ou des irritations persistantes. 

- Les risques ignorés à cause d'un étiquetage insuffisant -

Autre problème relevé : des défauts d’étiquetage. Certains produits affichaient des pictogrammes de danger trop petits, ou n’indiquaient tout simplement aucune mention de danger.

Les consommateurs pouvant ignorer que certains de ces produits pouvaient être classés comme irritants oculaires de catégorie 2, ou encore comme sensibilisants cutanés.

Pourtant, à arpenter plusieurs rayons de magasin à La Réunion, nombreux sont les effets scolaires mentionnés ne présentant aucun pictogramme de danger, ni même la composition du matériel. Regardez.

Sur le plan légal, ces pratiques peuvent coûter cher aux chefs d’entreprise. Le Code de la consommation prévoit jusqu’à 2 ans de prison et 300 000 euros d’amende en cas de tromperie — portés à 7 ans et 750 000 euros si l’usage dangereux est avéré.

- Fournitures scolaires à risque, la vigilance s’impose -

Pourtant, si la DGCCRF met en garde contre certaines fournitures scolaires seulement maintenant, en 2022, l’UFC-Que Choisir, révélait déjà la présence de composés nocifs dans 40 % des fournitures scolaires analysées : allergènes, substances cancérogènes probables et perturbateurs endocriniens.

La même année, l’Anses avait appelé à durcir la réglementation concernant ces produits et à en renforcer la surveillance.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire recommande donc aux parents de privilégier les crayons et stylos : sans parfum, les feutres à base d’eau ou des crayons surligneurs à la place des surligneurs fluo. Pour les gomme elle recommande : en caoutchouc naturel, non teintée. 

La DGCCRF recommande aux consommateurs de "rester attentifs lors de leurs achats, en prenant connaissance des étiquettes et pictogrammes qui fournissent des informations précieuses sur la sécurité et la composition des produits" et également à faire attention "aux allégations très générales ou trop attrayantes (“écologique”, “sans danger”, etc.)".

Lire les étiquettes est peut-être complexe et fastidieux, mais cela reste utile, sauf si à défaut, on souhaite se tourner vers le pur et simple crayon de papier, simple et sans danger.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Spl estival
Spl estival
2 mois

Et a Spk estival on peut toujours utiliser ces stylo en attendant le procès dans 80 ans ?

Pierrot 974
Pierrot 974
2 mois

Donc c'est dangereux et interdit, selon où on habite.
Comme le chlordecone était interdit en métropole, mais pas aux Antilles.
Et sûrement comme avec ce qui est balancé sur la canne chez nous.

pouet
pouet
2 mois

boarf, ils ont déjà les cerveaux et les estomacs plein de micro plastique et adolescents ils vapoteront avec fierté pendant que maman prépare des bons ogm dans sa téfal et que papa prépare son tuning sans filtre (ou l'inverse). A chacun son amiante, du moment que ça rapporte du fric, tout le monde (absolument tout le monde) s'en fou. Mais tout le monde s'en indigne ça c'est sur, c'est ce que l'humain fait de mieux. Mais a part les écolos (bobos bien sur et gaucho, j'oubliais) tout le monde s'en fout, soyez honnête, après vous le déluge, rien à battre, même de vos enfants.

Toto
Toto
2 mois

Oh la la. Ça a l’air dur la vie quand on est aussi aigri. Pave petit malheureux qui veut donner des lecons….. pas très claires