Bayrou veut parlementer (actualisé)

Suppression de deux jours fériés : à La Réunion les syndicats excluent de négocier et préparent leur riposte

  • Publié le 12 août 2025 à 12:07
  • Actualisé le 12 août 2025 à 15:18
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Le gouvernement a confirmé viser un rendement de 4,2 milliards d'euros dès 2026 pour le budget de l'État avec la suppression de deux jours fériés, et invite les partenaires sociaux à dire s'ils sont prêts à négocier d'ici le 1er septembre. A La Réunion, les syndicats excluent de négocier et préparent leur riposte. (Photo photo RB/www.imazpress.com)

Dans un document révélé par le quotidien Les Echos, le gouvernement souhaite "porter en projet de loi de finances pour 2026 une mesure de suppression du caractère férié de deux jours, le lundi de Pâques et le 8 mai", pour les salariés du secteur privé comme du public, ajoutant que le choix des deux jours concernés peut encore être "discuté".

"Les salariés mensualisés et les agents publics ne seront pas rémunérés davantage pour ces nouvelles heures de travail" et "en contrepartie, les employeurs du secteur privé s'acquitteront d'une contribution qui sera affectée au budget de l'Etat", un dispositif calqué sur celui de la journée de solidarité.

Le Premier ministre François Bayrou avait évoqué le 15 juillet la suppression de deux jours fériés pour participer à l'effort budgétaire.

Pour les syndicats réunionnais, c'est toujours non. "En tant que syndicat, il y a une sorte d'obligation de négociations, mais il est clair que nous restons sur notre position : il est hors de question d'accepter ces suppressions", lance Expedit Lock-Fat, secrétaire général de la CFDT Réunion. 

"Nous sommes totalement contre l'idée de supprimer deux jours de congés. Le projet de budget de François Bayrou fait encore peser l'effort sur les mauvaises personnes, il y a autre chose à faire que de taper sur les salariés", lance-t-il. "Ce qui est certain, c'est qu'aucun représentant de syndicat ne va amener de propositions de suppression sur un plateau au gouvernement."

"Oui, il faut aller chercher de l'argent, mais pas chez les salariés", estime Bertrand Capelotar, de la CGTR Fonction Publique État. "On connaît tous l'état de l'économie française, mais ce n'est pas à nous de réparer les erreurs des gouvernements des dix dernières années", ajoute-t-il. Ce qui est certains, c'est qu'il "n'y a aucune négociation à avoir sur ces suppressions".  

Si la FSU répondra bien à l'invitation de son côté, "ça sera pour dire non", dit Christian Picard, secrétaire départemental de la FSU Territoriale.

- "Effort demandé aux actifs" -

"C'est un effort demandé aux actifs" qui doit "nous permettre de réduire notre déficit d'activité et de production", souligne de son côté le chef du gouvernement dans une lettre accompagnant le document.

Le gouvernement invite les partenaires sociaux à lui faire savoir "d'ici au 1er septembre" s'ils souhaitent engager une négociation, qui devra le cas échéant se conclure "au plus tard le 30 septembre".

Les modalités de la mise en œuvre de cette mesure, présentée comme un levier pour augmenter le volume annuel de travail, produire davantage et renforcer la compétitivité de la France, doivent encore être précisées.

"Le choix des jours fériés identifiés peut également être discuté" à condition que "le rendement de la mesure soit préservé", selon le texte.

"On nous parle de gain de productivité. Mais en termes de production de PIB, les fonctionnaires ne produisent rien. Nous produisons des services", rappelle Janick Cidney, secrétaire général de FO Fonction Publique. "Quel est donc l'intérêt de cette suppression quand on ne produit pas ?" interroge-t-il, précisant que "concernant les salariés du privé, nous sommes contre la suppression par solidarité". 

"Nous sommes tous perdants avec cette réforme, nous sommes en régression constante avec une paupérisation de tout le monde à part les grandes fortunes", dénonce Christian Picard. "Tout cela se prépare depuis des années dans un objectif de privatisation du secteur public, les syndicats n'ont plus le poids qu'ils avaient, les gens ne croient plus en rien. Mais à force de prendre la population par la gorge, la population va finir par se lever", prévient-il.  

- La riposte se prépare -

Alors que "le dialogue avec gouvernement n'a plus rien de social", les syndicats "préparent la riposte", indique Expedit Lock-Fat. "Depuis 2017, le gouvernement attaque les salariés, les fonctionnaires, et demandent toujours plus d'efforts. Mais parallèlement, les négociations sont bloquées et tout passe en force", s'indigne-t-il. 

Le même sentiment règne chez FO et la CGTR. "Il n'y a plus de discussion possible : toutes les réformes qui ont été mises en place sont passées de force", dénonce Janick Cidney. "On ne discute pas avec ce Président et ses gouvernements successifs, on nous fait miroiter des négociations qui ne vont nulle part, aucun compromis n'est jamais trouvé", lance-t-il.

"On l'a vu pour les retraites, les négociations sont un jeu de dupes", raille Bertrand Capelotar. "Il faut se mobiliser, contre la suppression de ces deux jours, mais aussi contre tout le budget qui a été présenté", souligne-t-il.

Face à ces discussions verrouillées, une seule solution : "la grève", dit le secrétaire FO. "Ca n'est pas de gaieté de coeur, mais c'est le seul outil à notre disposition", souffle-t-il.

Des discussions doivent encore avoir lieu au sein de l'intersyndicale pour discuter des modalités de la mobilisation. "Ce qui est sûr, c'est qu'on refusera cette suppression", disent en coeur les syndicats. 

La FSU a de son côté d'ores et déjà déposé un préavis de grève pour la totalité du mois de septembre. "On sera mobilisé si une date de l'intersyndicale est décidée, mais nous souhaitons aussi nous mobiliser au-delà de cette dernière", explique Christian Picard. 

Parallèlement à la mobilisation syndicale, un autre mouvement se prépare : celui du 10 septembre. Lancé depuis la France hexagonale, un appel citoyen à bloquer le pays circule depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux.

- Remise en cause des acquis sociaux -

Plus de 20 ans après la conversion du lundi de Pentecôte en "journée de solidarité", travaillée mais non payée, la suppression programmée de deux autres jours fériés fait bondir les syndicats qui dénoncent "une volonté explicite de revenir sur 70 ans de luttes et d’acquis sociaux"

"L’article L1 du Code du Travail s’inscrit dans une volonté, par la négociation, de maintenir un équilibre et une cohésion au sein de la société. Avec une négociation supprimant deux jours fériés, le projet du gouvernement vise exactement l’inverse", a réagi dans un communiqué l’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC).

Elles ont reçu le document d'orientation en même temps que la lettre de cadrage sur l'assurance chômage datée du 8 août, visant à atteindre "2 à 2,5 milliards d'euros" d'économies par an de 2026 à 2029.

Cette nouvelle réforme intervient alors que les partenaires sociaux ont conclu un accord en novembre 2024, avec de nouvelles règles pour quatre ans, entrées en vigueur pour la plupart au 1er avril de cette année.

Au micro de franceinfo, le secrétaire national de la CFDT, Olivier Guivarc'h a estimé dimanche que "rien ne justifie que le gouvernement demande de renégocier six mois plus tard, ou même un an plus tard".

La décision de participer aux négociations sera "prise collectivement au cours du mois de septembre, sans doute lors de la première quinzaine", a-t-il ajouté.

Les organisations syndicales ont prévu de se réunir le 1er septembre pour définir ensemble "les moyens de réagir".

www.imazpress. com avec l'AFP / redac@ipreunion.com

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11 Commentaires
Alex
Alex
1 mois

Vous savez qu'en Alsace ont 2 jours fériés en plus???
...et le premier ministre a promis de les garder...
Venez en Alsace
Sauf les fonctionnaires des dom...Vs serez tjrs gagnants ..
Prime vie chère


Pour les autres ..vives le remplacement..
Et vs allez tjrs bossez plus.. pour l'état...

Ça va l'Alsace est une belle région loin de la mer... Ms y a des lacs .. des montagnes.. c'est déjà ça .. je vous laisse découvrir le reste

Mauvaise gestion du pays
Mauvaise gestion du pays
1 mois

Si le gouvernent de Bayrou, Virapoullé, Macron, maire de Ste Rose, Melchior etc ... gérait bien le pays, on n'avait pas besoin de supprimer 2 jours de congé.

HULK
HULK
1 mois

Je ne suis pas toujours d'accord avec les syndicats ( qui ont d'ailleurs fait élire MACRON),mais là, ils ont raison. Il y en a marre et il faut virer ce gouvernement d'incapables et toute la clique. CENSURE

Jojo
Jojo
1 mois

Faut tout faire pour virer ce gouvernement avec à la tête un incompétent

lili
lili
1 mois

bjr pour la journe de lundi paques mi le pas d accord c est le jour bon dieu

Geneviève
Geneviève
1 mois

C’est la révolution …..à la maison

Bill
Bill
1 mois

Remboursement des subventions d’état versées aux syndicats

achtung
achtung
1 mois

aux entreprises surtout

Will
Will
1 mois

Rien n'est jamais acquis et je préfère 2 jours de travail en plus pour tous le monde plutot que des impots ou des taxes supplémentaires (ce qui n'est pas exclus non plus en fait)

Marie
Marie
1 mois

Le président du temple Tamoul du Portail Piton St-Leu, lui réclamait une journée supplémentaire fériée pour les Tamouls rejoint par le soi-disant député Perceval....Le préfet doit bien rigolé, toujours les fonctionnaires qui réclament encore plus de jours fériés ! Où sont-ils passés ?

Fonctionnaire..
Fonctionnaire..
1 mois

En vacances..