4ème nuit d'affrontements sur l'île ce vendredi 24 février 2012. Au Chaudron et au Port, des incidents ont une nouvelle fois éclaté entre les émeutiers et les forces de l'ordre. Dans le Sud, la tension est montée d'un cran à Saint-Pierre où les jeunes manifestants ont vandalisé de nombreux magasins, brûlé des poubelles et cassé des voitures. Cette quatrième nuit de violences s'est déroulée alors que la table ronde de la préfecture avait débouché sur deux mesures : une baisse de 8 centimes sur le carburant pour tous les usagers à compter du 1er mars, et une baisse significative ou un gel des prix de 40 produits de première nécessité. Des mesures qui ont déçu une population qui avait placé de grandes espérances dans cette réunion.
Si la nuit a été un peu moins agitée au Chaudron et au Port, les deux secteurs n'ont pas échappé à de nouveaux incidents. Dans le quartier dionysien, le scénario est devenu presque classique. Une centaine d'individus s'est réunie au Mail du Chaudron, à proximité de Jumbo Score, et a provoqué une bonne partie de la nuit les forces de l'ordre avec des lancers de galets et des cocktails Molotov, ce à quoi les grenades lacrymogènes ont répondu. On a signalé aussi une voiture incendiée à 1 heure du matin dans le secteur.Au Port aussi, les mêmes lieux ont été la cible des émeutiers. La rue Rico Carpaye a encore vu des affrontements entre forces de l'ordre et émeutiers. Une voiture a été brûlée à proximité. A 1 heure du matin, on demandait à la population de rentrer chez elle par haut-parleurs. A proximité du Kabardock également, une voiture aurait été incendiée. Dans le quartier de la Rivière des Galets, à proximité du rond point du Sacré-C?ur, encore une fois des poubelles ont été brûlées.
A Saint-Pierre, on a assisté à une montée de tension et de violences. Aux alentours de 21 heures, une cinquantaine de jeunes s'est retrouvée sur le boulodrome au niveau du front de mer et a multiplié les incidents dans la ville. Les émeutiers sont remontés vers le centre-ville puis la gare routière, mettant le feu à des poubelles et cassant des voitures sur leur passage. A proximité du rond-point des Casernes, une concession automobile, un magasin de téléphonie mobile, une station service et une grande surface Leclerc ont été vandalisés. C'est une violence peu habituelle à laquelle les saint-pierrois ont été livrés.
A Saint-Louis, aux alentours de 20 heures, on faisait état de diverses agitations mises en ?uvre par une trentaine d'individus. Barricades enflammées et galets jonchant le sol ont été remarqués. Le quartier de la Palissade a encore connu une nuit difficile, avec des détonations de grenades lacrymogènes.
Cette quatrième nuit d'incidents et d'affrontements s'est déroulée alors qu'à 20 heures, la table ronde sur le prix des carburants et sur le thème de la vie chère se terminait à peine en préfecture. Plusieurs mesures ont résulté de cette réunion. D'abord, la baisse du prix de la bouteille de gaz à 15 euros à partir du 1er mars, qui avait déjà été annoncée. Ensuite, la baisse du prix du carburant à la pompe de moins 8 centimes sur l'essence et le gazole dès le 1er mars. Concernant la vie chère, il a été annoncé que 40 produits de première nécessité vont faire l'objet soit d'une baisse de leur prix, soit d'un gel de leur prix jusqu'à la fin de l'année. Cette liste sera élaborée avec les consommateurs et les distributeurs et sera publiée pour une baisse effective au 1er mars. Elle pourra être ultérieurement élargie à des catégories de produits comme l'énergie ou les télécoms.
Par ailleurs, parmi les mesures arrêtées, il y a le lancement d'une étude pour un nouveau site de stockage de carburants à La Réunion afin de garantir la concurrence, et le lancement du grand débat sur le prix des carburants sur l'île durant les deux mois à venir. Si les principaux participants à la table ronde soulignaient des avancées importantes, ces nouvelles ont été fraîchement accueillies par les personnes qui attendaient de connaître les résultats devant les grilles de la préfecture. Déçue, cette population espérait beaucoup plus de cette réunion, et a crié son mécontentement, tour à tour à Jean-Hugues Ratenon, président de l'ARCP (alliance des Réunionnais contre la pauvreté), Jean-Bernard Caroupaye, président de la FNTR (fédération nationale des transporteurs routiers) et Thierry Robert, maire de Saint-Leu. Le malaise social est loin de s'être apaisé.
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