Ce lundi 15 juillet, le député de Saône-et-Loire Christophe Sirugue a remis au Premier ministre Jean-Marc Ayrault son rapport sur la " réforme des dispositifs de soutien aux revenus d'activité modestes ". Il y prône la disparition de la prime pour l'emploi et du RSA activité au profit d'une unique prime d'activité. Mais cette mesure peut-elle s'adapter au contexte spécifique réunionnais, où les syndicats réclament le maintien du RSTA et de la prime Cospar ?
L’objectif de ce rapport est de pallier les lacunes du RSA activité, qui touche à peine un tiers de sa cible, comme celles de la prime pour l’emploi (faible redistributivité et faible réactivité). Les réflexions du groupe de travail mené par Christophe Sirugue " ont porté sur le profil des travailleurs pauvres, leurs besoins et les meilleures façons d’y répondre au travers d’un dispositif unifié ", indique le cabinet de Jean-Marc Ayrault.
C’est dans cet esprit qu’a été retenu le scénario de la disparition de la prime pour l’emploi et du RSA activité au profit d’une unique " prime d’activité ", fondée sur les seuls revenus du travail de la personne bénéficiaire.
D’après le communiqué du Premier ministre, " cette approche individuelle permettrait de simplifier significativement les formalités d’accès au dispositif par rapport au RSA activité ", mais " de par sa nature individuelle, elle présenterait le risque de pénaliser un certain nombre de familles très modestes qui recourent aujourd’hui au RSA activité, dont le barème familial leur est favorable ".
Toutefois, qu’en serait-il dans le contexte réunionnais, où les travailleurs pauvres viennent de voir disparaître le RSTA le 31 mai dernier ?
" Toute nouvelle mesure doit être étudiée pour ne pas pénaliser le pouvoir d’achat des familles et des travailleurs ", prévient Jean-Hugues Ratenon, leader du collectif Rézistans’. Pour lui, ce projet va plutôt dans le bon sens, mais " il faut faire attention de ne pas pénaliser les familles aux revenus très bas ". Il ajoute : " A La Réunion, le RSTA doit être la base de notre réflexion. Et quelque part, cette proposition d’un revenu complémentaire du travail unique crédibilise notre combat pour le maintien du RSTA. Finalement, ce rapport propose une sorte de RSTA revalorisé. "
En revanche, Max Banon, représentant de la CGTR, se montre plus circonspect. " Au premier abord, cette proposition ressemble à une usine à gaz ", estime-t-il. " Il ne faut pas oublier que le travailleur réunionnais subit une double peine avec la suppression du RSTA et les problèmes de la vie chère. "
Le syndicaliste poursuit : " On aurait préféré avoir un débat sur le fond, c’est-à-dire sur le pouvoir d’achat, les minimas sociaux et la relance de la croissance par la consommation. Une prime reste une prime et c’est toujours difficile de pérenniser ça. Il faut qu’on aille sur le fond ! "
Max Banon regrette surtout que les spécificités ultra-marines et plus encore réunionnaises n’apparaissent pas dans le rapport Sirugue. " Le gouvernement a fait sa conférence sociale, mais ça reste en France métropolitaine ", déplore-t-il. Et de conclure : " Il faut un vrai débat à La Réunion. Un projet comme ça devrait pouvoir être débattu ici pour qu’on puisse faire des contre-propositions. "
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