Hausse du prix des carburants

Grogne des transporteurs sur fond de division

  • Publié le 4 avril 2011 à 12:00
Joël Mongin (Lo-FER) et Jean-Bernard Caroupaye (FNTR) ont des points de vue divergents sur la hausse récente du prix des carburants (photo d'archives)

Le prix des carburants monte, la colère des transporteurs aussi. En effet, 13 syndicats de transporteurs, de terrassiers et d'artisans ont déposé un préavis de grève qui débutera à compter de ce mardi 5 avril. Pas de blocage des routes en vue "pour l'instant" mais des manifestations ne sont pas exclues. Cette grogne des transporteurs se fait sur fond de division. La FNTR et l'Aveca ont déjà annoncé qu'ils ne participeraient pas au mouvement.

1,58 euros le litre de sans plomb, 1,25 euros le litre de gazole, les prix des carburants atteignent les records de 2008. A l'époque, les transporteurs n'avaient pas hésité à bloquer les routes pour obtenir des aides. Après plusieurs jours de conflit, un protocole avait été signé. Outre le déblocage de 2,5 millions d'euros pour les professionnels de la route, le protocole prévoyait la mise en place future d'un gazole professionnel et la révision systématique de la grille tarifaire des transporteurs en cas de hausse des prix des carburants.

"Plus de 2 ans après, rien n'a été fait", s'insurge Joël Mongin, président du syndicat LO-FER. Il estime même que "la situation s'est dégradée". Selon le protocole de 2008, les transporteurs peuvent répercuter la hausse du prix des carburants sur les factures. "Les donneurs d'ordres ne veulent pas payer ces coûts", dénonce le président de LO-FER. "Si on refuse, les clients se tournent vers d'autres professionnels qui sont prêts à revoir leur facture à la baisse, au risque de mettre en danger leur entreprise", commente Joël Mongin.

Le syndicaliste est aussi critique à l'encontre des collectivités locales et l'Etat qui "ne lancent pas suffisamment de chantiers". Pourtant, il y a quelques mois, Joël Mongin ne tenait pas le même discours. "Il y avait à l'époque un nouvel arrivant à la tête de la Région. Nous lui avons donné un temps d'adaptation. Un an après, rien n'a été fait. Nous sommes aujourd'hui dans une situation catastrophique", explique le président de LO-FER.

Le constat est le même 12 autres syndicats qui ont signé le 2 avril dernier un préavis de grève qui débutera à partir de ce mardi. Pour l'heure, les professionnels se veulent rassurants. "Il n'y aura pas de blocage des routes. Les particuliers sont aussi victimes de la hausse des prix. Nous n'allons pas les pénaliser", affirme Joël Mongin. Cette grève devrait se traduire par des "manifestations devant certains bâtiments". Mais le président du syndicat refuse d'en dévoiler davantage pour l'heure. D'autres syndicats annoncent également un arrêt des livraisons de marchandises aux entreprises à compter de ce mardi. "Si nos sociétés doivent mourir, ce ne sera pas dans le silence", insiste Johnny Grindu, président de la fédération des transporteurs routiers de La Réunion.

Cette colère n'est pas partagée par l'ensemble des syndicats des transporteurs. L'Aveca dirigée par Vincent Boyer, et la FNTR présidée par Jean-Bernard Caroupaye ne participeront pas au mouvement. "L'Etat et la Région ont ouvert le dialogue. Je ne vois pas pourquoi on irait dans un bras de fer", explique le président de la FNTR. Il fait là référence à l'annonce faite par Didier Robert d'une table ronde sur la mise en place d'un gazole professionnel et d'un octroi de mer flottant. "Au lieu de dialoguer, les détracteurs préfèrent gesticuler", ironise Jean-Bernard Caroupaye en faisant référence aux syndicats grévistes.

Concernant les 2 millions d'euros débloqués par la collectivité régionale pour compenser la hausse de 5 centimes du prix des carburants, les syndicats sont là aussi divisés. Là où Jean-Bernard Caroupaye voit "une aide non négligeable" pour les transporteurs, Joël Mongin parle de "miettes". "On n'en veut pas. La Région est assise sur 5 millions d'euros indument perçus sur l'octroi de mer du fait de la hausse des prix des carburants. Où est cet argent ?", s'interroge le syndicaliste en guise de conclusion.

Mounice Najafaly pour
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