L'ex-délégué régional de Solidaires évoque le syndicalisme à La Réunion

Johny Michel : "Tôt ou tard, la marmite va exploser"

  • Publié le 3 janvier 2015 à 05:20

Nommé délégué régional de l'union syndicale Solidaires en novembre 2013, Johny Michel - qui est toujours délégué chez Sud-PTT - s'est vu poussé vers la sortie en octobre 2014 après s'être rapproché de l'Union régionale 974 de Clara Derfla et Pascal Hoareau, dissidents de la CGTR. L'homme est donc bien placé pour évoquer les dissensions existant au sein du milieu syndical réunionnais, mais aussi la situation sociale de l'île qu'il regarde d'un oeil inquiet. "Tôt ou tard, la marmite va exploser. Et quand ça va péter, certains devront prendre leurs responsabilités...", estime-t-il, prônant un retour à l'union, à l'image de la lutte pour le bonus Cospar en 2007.

Pourquoi avez-vous été évincé de la direction régionale de Solidaires ?

"J'ai toujours eu un franc parler, mais les gens n'aiment pas quand on dit des choses vraies... Ça m'est arrivé là, à la fin du mois d'octobre. Ce qu'on m'a reproché, c'est d'avoir donné une interview avec Clara Derfla et Pascal Hoareau car ce sont des dissidents de la CGTR... Après l'interview, il y a eu une réunion du bureau, une sorte de réunion de crise, pour dire que je n'aurais pas dû faire ça, que je n'en faisais qu'à ma tête... Alors que c'était simplement une interview pour qu'on parle un peu du syndicalisme à La Réunion !"

N'y avait-il pas des divergences de vue avec certains responsables ?

"Dans une famille il y a toujours des hauts et des bas. Après certains ont dit que j'étais un peu trop radical. Ce sont des gens qui ont peur. Car être radical c'est quoi ? C'est ce que nos grands-parents et nos parents ont été. Parce que dans les luttes, il fallait être franc et direct, et c'est ce qu'on ne retrouve plus en 2014 dans beaucoup d'organisations syndicales."

"C'est le patronat qui est radical"

Vous considérez-vous comme quelqu'un de radical ?

"Quand on dit que Clara Derfla, Pascal Hoareau ou Johny Michel ce sont des gens qui sont radicaux, mais non ! On dit ce qu'on a à dire, c'est tout ! On pourrait dire aussi que c'est le patronat qui est radical ! Ils sont en train de tout démonter : est-ce que ce n'est pas de la radicalisation ? Il faut qu'on arrête de nous faire passer pour des gens presque fous."

Comment voyez-vous la situation du syndicalisme à La Réunion ?

"On est à la fin de l'année et que s'est-il passé en 2014 avec toutes les organisations syndicales ? Rien du tout... Et comme je vois les choses, ça va aller de pire en pire... Il y a eu des actions menées par l'intersyndicale, mais où il n'y a eu presque personne ! Et ce alors que la situation n'a jamais été aussi difficile pour les salariés. Quand on voit cette désunion, ce manque total de cohérence et de force, on se demande où est-ce qu'on va..."

Existe-t-il une fracture entre un syndicalisme "de salon" et un syndicalisme "de terrain" comme on a pu le lire ?

"Je ne cesserai jamais de le dire. Quand on voit des organisations qui siègent à droite, à gauche dans des commissions... Tout ne se passe pas là, tout se passe sur le terrain ! Les gens veulent qu'on vienne régler leurs problèmes quotidiens, qu'on vienne les voir, qu'on discute avec eux. Il y a beaucoup de salariés qui souffrent, et de plus en plus. Et ce n'est pas dans les commissions où l'on va siéger qu'on va pouvoir régler ces problèmes, c'est sur le terrain."

"Il faut arrêter de prendre des postures"

Que faudrait-il faire selon vous ?

"Il faut qu'on soit tous ensemble, qu'on fasse bloc, qu'on soit solidaires. Il n'y a que de cette manière qu'on pourra s'en sortir. Quand on fait des conférences de presse avec l'intersyndicale, on parle du pacte de responsabilité, de ces millions qu'on donne au patronat... Mais ce n'est pas ça le problème. Le vrai problème, c'est sur le terrain ! Car derrière toutes ces paroles, qu'est-ce qu'on fait ? En 2014, je n'ai toujours pas de réponse..."

Quels moyens d'action prônez-vous ?

"L'exemple, on l'a eu ici à La Réunion. On a prouvé qu'on pouvait le faire tous ensemble, lors de la bataille pour le bonus Cospar. Ça a marché parce qu'il y avait les organisations syndicales, les associations de chômeurs et tout le monde marchait main dans la main. Aujourd'hui, au sein de l'intersyndicale, on parle des chômeurs, de l'emploi, mais pourquoi n'invite-t-on pas ces associations, ces acteurs à notre table ? Je l'ai demandé plusieurs fois. On l'a fait en 2007, pourquoi ne pourrait-on plus le faire 7 ans plus tard ?"

Cela semble pourtant de plus en plus difficile pour les syndicats de parvenir à mobiliser la population...

"Oui, la question maintenant c'est comment remobiliser à l'avenir ? Il faut qu'on se pose tous cette question et qu'on arrête de faire semblant, de prendre des postures. C'est l'avenir du département qui est en jeu et c'est une responsabilité qu'on a tous sur le dos, mais il y en a beaucoup qui n'en prennent pas conscience."

"Tous les acquis, nos grands-parents les ont eus dans la rue"

On vous sent plutôt inquiet pour l'avenir...

"Nous, organisations syndicales, on a laissé trop de choses se faire. En 2014, le patronat a pris la main. On doit tous se mettre autour d'une table, mettre nos divisions de côtés, car c'est notre lendemain qui est en jeu. Je ne demande pas la lune, mais qu'on se penche un peu sur le cas de nos enfants. Comment sera demain pour eux si dès aujourd'hui on ne combat pas ? Au niveau de Sud, on a souvent des contacts avec la métropole et avec les autres DOM. Ce qu'il en ressort, c'est que tôt ou tard, la marmite va exploser. Et quand ça va péter, certains devront prendre leurs responsabilités."

Le syndicalisme a-t-il encore un avenir à La Réunion ?

"Oui, mais ce n'est pas en faisant du syndicalisme comme certains le font ici dans le département qu'on va s'en sortir. Le syndicalisme a encore un avenir, mais ça ne sera pas avec ces personnes-là et surtout pas avec ces méthodes-là, de rester dans des salons feutrés, de faire des voyages... Ce n'est pas là que ça se passe, c'est sur le terrain, dans les entreprises, dans la rue. Tous les acquis, nos grands-parents les ont eus dans la rue."

www.ipreunion.com

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10 Commentaires
yvan
yvan
8 ans

bien parlé !

gamon
gamon
9 ans

mi comprend so band jurnalist la ; la plus envie que certains que lo zafair i explose; alors zot i donn credit in moun ke zot i ve fait pass pou emblmematik: mais verifie zot source: bête a 100 fois raisons/c pas la ki faut fouiller/allez batt in krré dans les appareils

Bête
Bête
9 ans

Ce monsieur ne sait pas de quoi il parle!
il ne comprend rien et ne représente plus rien à La Poste.
Sud Ptt est un syndicat minoritaire à la Poste. Demandez lui les résultats des dernières élections professionnelles. Il rigolera moins! Un peu d'humilité monsieur Johny Michel.

n\'importe quoi
n\'importe quoi
9 ans

Avant de donner des leçons aux syndicats, qu'il donne les résultats des élections professionnelles de Sud Ptt? Ce monsieur ne représente rien à La Poste. Il n'existe que par les médias. Sud Ptt est le 5ème syndicat de La Poste.

R I P O S T E
R I P O S T E
9 ans

Johny Michel , un qui parle enkor la bouche pleine !

JUNOT
JUNOT
9 ans

pour l affaire ARAST , si tous les syndicats étaient présents sur le terrain dés le départ, l'affaire aurait été reglée en moins d'une semaine. Comme nous étions la seule organisation syndicale nous avons du combattre pendant 58 jours , jour et nuit dans la rue avant de faire plier le conseil général et l AGS. les valeurs syndicales se perdent effectivement.....

ti kaf
ti kaf
9 ans

ou na raison camarade . trop syndicat salon jordi tellement zot ventre lé bien rond com zot ki . tien bon largue pas tot ou tard out combat va payer car beaucoup de chose y sa va reprendre zot place

esmeralda
esmeralda
9 ans

Le COSPAR s'était de mars à mai 2009. Tout les propos qu'il tient sont incohérents et truffés d'erreurs. Quel syndicalisme piteux. Même sa spécialité, il l'a connait pas.

Antoine
Antoine
9 ans

De quoi parle t il? du blabla que connait il de la situation sociale et économique? de la réforme de la formation professionnelle? du compte penibilité? etc..
en fait c'est un aigri et surtout un incompétent

syndique
syndique
9 ans

Non, y a des activités où on baise l'argent des autres , ce qui permet à ces auteurs de vivre royalement au détriment de ceux qui font l'effort de leur attribuer cet argent; il faut se souvenir de l'affaire arast qui n'est pas terminé. On a vu qu'un seul syndicaliste s'impliquer dans la défense des emplois au lieu de faire comme deux autres particulièrement qui sont allés simplement réclamer à l'AGS le paiement des indemnités alors que la nassima a transféré les activités de l'arast chez elle avant de les transférer vers corbeil et proxim et cela sans que ces soi disant syndicats y contestent. Aujourd'hui ces employés perçoivent le RSA alors que leaders de ces organismes défenseurs pètent dans l'opulence. Heureusement pour certains que juno y soit passé par là