Le ministre des affaires européennes, Laurent Wauquiez (sur notre photo en compagnie de Nicolas Sarkozy lors d'un séjour à La Réunion) , a indiqué ce week-end qu'il allait prochainement déposer une proposition de loi visant à obliger les bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active) à travailler 5 heures par semaine pour une mission de service public. A la Réunion, championne de France du nombre de personnes touchant cette allocation, la proposition n'est pas très bien accueillie.
Avec près de 87 000 touchant le RSA au 31 mars 2011, la Réunion figure parmi les premiers département de France en terme du nombre de bénéficiaires. La proposition de loi que Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes de centre droit, souhaite déposer à l'Assemblée Nationale dans les jours qui viennent concerne donc particulièrement l'île et sa cohésion sociale.Dénonçant les "dérives de l'assistanat", qu'il qualifie de "cancer de la société française", il estime que 5 heures par semaine ne représentent "pas grand-chose" mais montrent que, "en face des droits (...), pour vous il y a des devoirs". D'après lui, ces propositions doivent être expérimentées avant la présidentielle de 2012, pour pouvoir alimenter le débat de la campagne.
En substance, il voudrait que les bénéficiaires de cette allocation de solidarité donnent 5 heures de leur temps par semaine à du " service social ". Cela peut aller de la surveillance des sorties d'écoles au nettoyage des espaces verts en passant par l'accueil dans certains services publics, des emplois souvent déjà assurés par des contrats aidés. L'idée n'est pas nouvelle mais la formuler en terme de " celui qui reçoit doit donner " a de quoi faire réagir les premiers concernés : le conseil général de la Réunion qui gère le dispositif.
" Sur le fond, pourquoi pas. Demander à des gens qui bénéficient de la solidarité de faire preuve de solidarité n'est pas choquant. Il est démontrer qu'aider quand on a été aidé est valorisant et structurant pour les personnes ", indique Ibrahim Dindar, en charge de la cohésion sociale au Conseil Général.
Mais " sur la forme, c'est matériellement impossible ", poursuit-il. " Comment pister, suivre, encadrer et ventiler ces 80 000 personnes? C'est matériellement irréaliste ", dit-il. Selon lui, " le système actuel qui gère le RSA est lui-même défaillant ".
C'est pourquoi, selon lui, cette proposition à moins d'un an du scrutin présidentiel " relève de l'effet d'annonce à caractère populiste dans un contexte pré-électoral " même si, sur le fond " cette question mérite débat ".
Aujourd'hui, le RSA inclut les personnes bénéficiaires de l'ancienne allocation de parent isolé et ce chiffre augmente régulièrement. Mis en place au 1er janvier 2011 à la Réunion, l'allocation est distribuée par la caisse d'allocations familiales. Sensés favoriser le retour à l'emploi en ne pénalisant pas les personnes à revenu faible qualifiées de travailleurs pauvres, les effets du RSA ne se font pas encore sentir dans l'île. En cause : un marché de l'emploi peu porteur.
Certaines personnes, ne souhaitent et ne peuvent pas non plus réintégrer la vie active. A 44 ans, Sheila vit avec un revenu mensuel de 588 euros pour deux personnes, et voit d'un mauvais oeil cette volonté de la faire travailler. " Avec ce que l'on gagne, on ne va pas nous demander de travailler. Pour l'instant, je me débrouille avec ce que j'ai ", dit-elle. Ramené au taux horaire, le revenu généré pour ces personnes pourrait, dans certains cas, se trouver, en dessous du salaire minimum légal.
" Je veux bien travailler mais pour un bon revenu ", indique-t-elle. Après avoir été employée dans le cadre de différents contrats aidés, elle a décidé de stopper son activité en raison de problèmes de santé. " Je ne peux pas travailler comme ça. J'ai des douleurs au dos, je ne peux pas rester debout longtemps ", indique-t-elle. Pas sûr que ce type de cas particulier soit pris en compte dans le cadre d'une loi globale qui obligerait tout le monde à donner de son temps à la collectivité.
Marine Veith pour
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