Le débat sur la réforme des retraites bat son plein au niveau national et le syndicat Solidaires Réunion a souhaité partager son point de vue sur ce sujet lors d'une conférence de presse organisée ce mardi 6 avril 2010. Jocelyn Cavillot, délégué général de Solidaires, estime que le débat autour de l'augmentation du montant des cotisations et de l'allongement de leur durée "n'est pas le bon". "Il faut taxer les dividendes des entreprises", préconise t-il.
Le représentant syndical se base sur les chiffres pour étayer son argumentation. " Entre 1993 et 2007, le niveau de la pension de retraite a baissé de 7 % et cette baisse devrait atteindre les 20 % d'ici 2050 ", estime t-il, chiffres du Conseil d'administration des retraites (COR) à l'appui. Il est donc conscient qu'une réforme des retraites est nécessaire mais pas pour les raisons actuellement invoquées.Concernant l'argument de l'allongement de la durée de vie, Jocelyn Cavillot constate que même si l'espérance de vie a tendance à augmenter, " l'espérance de vie en bonne santé " reste proche des 60 ans, à respectivement 64 ans pour les femmes et 63 ans pour les hommes. " Les personnes n'ont donc en moyenne que 3 ou 4 ans pour profiter sans difficulté de leur retraite ", explique t-il.
Quant à l'argument de l'évolution démographique, il répond que la France, contrairement à d'autres pays européens, enregistre une fécondité importante. Il pense donc que la situation actuelle de " papy-boom " n'est que " conjoncturelle " et qu'elle tendra à " s'inverser d'ici 2036 ". Autre phénomène conjoncturel, " la crise économique " qui a engendré une baisse de la masse salariale, base des cotisations retraites. " Ces raisons conjoncturelles ne peuvent pas être un mobile pour prendre des mesures régressives et pérennes pour les retraites ", souligne t-il.
Pour Jocelyn Cavillot, hors de question d'augmenter le montant des cotisations salariales ou leur durée. " L'Etat ne doit pas faire peser uniquement sur les salariés le financement des retraites ", martèle-t-il. " Il faut plutôt se concentrer sur la part patronale dévolue à la rémunération du capital ", à savoir les dividendes. Selon le délégué général, ces dividendes sont " le transfert d'une partie des richesses qui allaient au salarié ". " C'est donc un rééquilibrage logique ". Il poursuit son argumentaire avec de nouveaux chiffres. " Entre 1982 et 2007, la part des dividendes distribués est passée de 3,2 à 8,5 % du PIB alors que la part des salaires distribués est passée de 70 % à 60 % ".
Autre proposition faite par le syndicat, " la prise en compte par une péréquation de la durée des études et des périodes de chômages pour les jeunes lors du calcul des retraites ". De même pour les femmes lorsqu'elles sont en congé maternité ou en travail à temps partiel. " Le montant de la retraite des femmes est en moyenne inférieur à celui des hommes ", rappelle Jocelyn Cavillot.
Toutes ces propositions seront présentées par l'instance nationale de Solidaires lorsque le gouvernement consultera les syndicats sur le dossier de la réforme des retraites de juin à août 2010.
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