Nouvelle journée de perturbation du trafic routier ce mercredi 15 février 2012. Après l'échec des négociations sur la baisse de 25 centimes par litre de carburant pour tous les usagers de la route, les barrages mis en place tôt dans la matinée de mardi n'ont pas bougé dans la nuit de mardi à mercredi. Les transporteurs, soutenus par les associations de consommateurs, sont plus que jamais mobilisés aux axes stratégiques du trafic routier de l'île. Ils ont même durci le mouvement. Ainsi à l'entrée est de Saint-Denis les barrages sont bloquants par intermittence. Mardi soir, le préfet Michel Lalande disait qu'il ne pouvait accepter "les entraves à la liberté de circuler".
"Nous allons bloquer la circulation totalement pendant une demie heure. Ensuite le barrage sera de nouveau filtrant et puis nous bloqueront à nouveau. Nous allons faire comme ça toute la journée" expliquait un transporteur ce mercredi matin. "C'est vrai que tous les professionnels ont obtenu une baisse du prix du gasoil, mais la population n'a rien eu. Nous avons commencé le combat ensemble, nous allons continuer à le mener ensemble, nous serons toujours aux côtés du peuple. Nous n'allons pas le lâcher parce que, nous, nous avons obtenu satisfaction" commentait un transporteur. Les barrages installés tôt mardi matin sur plusieurs points routiers stratégiques sont donc restés en place toute la nuit et certains d'entre eux se sont même renforcés."Les pétroliers se foutent de la population, ils se foutent de la misère des gens, nous n'allons pas les laisser faire. Nous appelons toute la population à se mobiliser encore plus" avait martelé mardi soir Jean-Bernard Caroupaye, porte parole de l'intersyndicale des transporteurs
Ces derniers ainsi que les représentants des associations de consommateurs venaient de claque la porte de la réunion de concertation sur la baisse du prix des carburants pour tous les usagers. "Aucune solution n'a été trouvée. On a des élus qui ne prennent pas la mesure de ce qui est en train de se passer. La SRPP se fout de nous. Rien n'a été obtenu, tout le monde est face à ses responsabilités maintenant. Le peuple va décider", avait alors lancé, très remonté, Jean-Bernard Caroupaye. "Plus que jamais nous réclamons 25 centimes de baisse par litre de carburant pour tous" avait souligné pour sa part Jean-Hugues Ratenon de l'ARCP (alliance des Réunionnais contre la pauvreté).
Pour rappel, au cours cinq heures de table ronde, le conseil régional et le conseil général se sont engagés à financer un fonds de compensation en vue de faire baisser le prix du gasoil pour tous les professionnels, y compris les transporteurs, les taxiteurs, mais aussi les artisans, les professionnels du BTP, les commerçants et les agriculteurs. "Cette décision a été actée et elle est effective" a précisé, mardi soir, Didier Robert, président du conseil régional. La baisse devrait être comprise entre 5 et 6 centimes par litre. Quant à la bonbonne de gaz, elle sera désormais facturée à 15 euros au lieu de 21. Une enveloppe totale de 20 millions d'euros sera nécessaire pour financer ce carburant professionnel et cette baisse de la bouteille de gaz.
Les particuliers, c'est à dire l'immense majorité des usagers de la route, n'ont rien obtenu. Le conseil régional et le conseil général ont indiqué avoir atteint leur maximum d'effort financier en abondant le fonds de compensation pour le carburant professionnel et en finançant la baisse de la bonbonne de gaz. Un financement auquel participe l'association des maires en précisant qu'elle ne pourra pas financer une diminution éventuelle du prix des carburants. Quant aux pétroliers ils se sont dits dans l'incapacité totale de réduire leur marge bénéficiaire. Ils ont donc opposé une fin de recevoir catégorique à la proposition du préfet qui dans un premier temps
a demandé aux sociétés pétrolières et aux pompistes de rogner sur leur marge bénéficiaire afin de dégager une enveloppe de 3 à 4 millions d'euros pour financer une baisse des prix.
Le préfet a ensuite proposé d'engager un débat sur les revenus de la fiscalité et de l'octroi de mer et d'établir un calendrier sur quatre mois pour voir si la baisse du carburant pour tous est possible. Refus, tout aussi catégorique, des transporteurs et des associations de consommateurs.
À noter que la chambre de commerce et d'industrie est la seule à avoir fait une proposition chiffrée. Cette proposition consiste à retirer une partie de ses taxes pour que chacun puisse gagner 1,07 centime par litre de gazole à la pompe, à la condition que tous les autres acteurs s'engagent à faire un effort dans ce sens.
La table ronde s'est donc terminée sur un échec et aucune nouvelle date de rencontre n'a été fixée. D'où le durcissement du mouvement dès ce mercredi matin. "Nous tiendrons tout le temps qu'il faudra pour obtenir cette baisse de 25 centimes", disait ce mercredi matin un transporteur.
Tôt ce mercredi matin, des embouteillages importants ont commencé à se former aux abords des barrages. Ils devraient devenir de plus en plus importants tout au long de la journée. Le préfet Michel Lalande a fait savoir dès mardi soir qu'il ne pouvait accepter "les entraves à la liberté de circuler". À la question de savoir si il ferait appel aux forces de police et de gendarmerie pour faire lever les barrages, il a répondu: "je ferai mon métier".
Pour sa part, la FDSEA (fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles), qui a soutenu le mouvement des transporteurs ce mardi, informe ce soir qu'après une journée de solidarité, elle est "soucieuse de ne pas pénaliser davantage le fonctionnement de certains secteurs agricoles comme les livraisons d'aliments ou de poussins nouveaux-nés". C'est pourquoi, même si elle "comprend les préoccupations sociales qui ont engendrées la naissance de ce mouvement", la FDSEA a choisi de sortir du mouvement de l'intersyndicale.
Par ailleurs, la desserte du réseau "Car jaune" ainsi que la quasi totalité des navettes de transports scolaires sont suspendues jusqu'au déblocage éventuelle des routes.
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