Les machines des centrales thermiques de Bois-Rouge et du Gol vont redémarrer "dans les heures qui viennent". L'annonce a été faite par Patrick Hoarau, délégué syndical à la CGT ce mardi 4 janvier 2011. Il venait de terminer la réunion de médiation avec la Séchilienne Sidec, propriétaire des deux centrales thermiques. Cette décision a été prise en échange de l'assurance de l'organisation de deux réunions de négociation au niveau national d'ici le 7 février prochain. "Nous avons souhaité faire preuve de responsabilité", explique Patrick Hoarau. "Mais le mouvement peut reprendre à n'importe quel moment", a prévenu le syndicaliste. Cette proposition a été refusée par Pascal Langeron, directeur de la Séchilienne Sidec Océan Indien. "Les salariés veulent autogérer nos usines en dehors de toute responsabilité. Nous refusons cette situation", a-t-il lancé. Reste à voir comment l'entreprise va réagir quand les salariés décideront de remettre les machines en marche. Patrick Hoarau est clair : "On rétablit le jus en se réappropriant l'outil de travail qui est le nôtre".
C'est après plus de 3 heures de médiation à la direction du travail que l'annonce a été faite. "On nous a demandé d'avoir une attitude responsable et de créer les conditions pour que les négociations puissent se faire dans la sérénité. La CGT a décidé de remettre en marche 2 tranches dans chaque centrale thermique", a annoncé Patrick Hoarau. La remise en marche de ces machines devrait permettre à Bois-Rouge et au Gol de produire 150 Mégawatt d'énergie électrique. "Additionné aux 250 Mégawatt fournis par EDF, cela devrait permettre d'alimenter normalement le réseau électrique local", explique les agents de la Séchilienne Sidec.La décision de "mettre en pause la grève" a été prise en échange de l'assurance de la tenue de 2 réunions de négociation au niveau national d'ici le 7 février prochain. La première doit avoir lieu le 7 janvier prochain, avec la direction du groupe Séchilienne Sidec. Ensuite une autre "d'ici le 7 février" avec EDF et le ministère de l'environnement et de l'énergie. "Ils ont compris que nos interlocuteurs se trouvent au niveau national. Nous leur exposerons notre point de vue en espérant que nous serons écoutés", note Patrick Hoarau. "En attendant, le préavis est maintenu. La grève peut reprendre à n'importe quel moment. Mais pour l'instant, nous prenons nos responsabilités et alimenterons le réseau électrique réunionnais à hauteur de 150 Mégawatt jusqu'au 7 février", poursuit-il.
La proposition faite par la CGT a été refusée par la direction de la Séchilienne Sidec. "Les salariés veulent autogérer nos usines en dehors de toute responsabilité. Nous refusons cette situation", a-t-il lancé. "J'accepterai de laisser la gestion de l'entreprise aux salariés si le préfet signe une décharge dans laquelle il exonère la Séchilienne Sidec de toute responsabilité, que ce soit au niveau de la technique, de l'environnement ou de la sécurité", ajoute t-il. Le directeur de la Séchilienne Sidec Océan Indien ne décolère pas : "Si la CGT veut racheter l'entreprise, je suis prêt à lui vendre. Mais soit les salariés reprennent le travail normalement, sous la responsabilité de l'entreprise, soit ils poursuivent leur grève, soit ils acceptent les réquisitions du préfet", dit-il.
Aucune des 3 propositions ne semble intéresser Patrick Hoarau qui rétorque : "on rétablit le jus en se réappropriant l'outil de travail qui est le nôtre". "Si le directeur ne veut pas qu'on reprenne le travail, il devra en assumer la responsabilité devant la population réunionnaise. Et qu'il ne vienne pas nous reprocher notre attitude", insiste le délégué syndical CGTR. Fortement critiqués par l'opinion publique, les salariés grévistes souhaitent, à travers cette action mettre en cause la direction de la Séchilienne Sidec. Ce que dénonce Pascal Langeron : "La CGTR veut revêtir les habits de superman en montrant qu'elle peut sauver la situation. Je la pensais capable de beaucoup plus de responsabilité", s'insurge le directeur de l'entreprise.
Patrick Hoarau a promis que les machines seraient remises en marche "dans les heures qui viennent". Si c'est le cas, l'état du réseau électrique local devrait revenir à la normal dans la journée du mercredi 5 janvier 2011, le temps que les centrales thermiques du Gol et de Bois-Rouge fonctionnent à pleine puissance.
Par ailleurs, la CGTR-EDF a annoncé qu'elle allait déposer un préavis de grève "ce soir". Les salariés d'EDF ont les mêmes revendications que ceux de la Séchilienne Sidec. Ils demandent l'alignement de leur salaire sur ceux des fonctionnaires, soit une prime de vie chère de 53%. "La direction d'EDF a 5 jours pour entrer en négociation avec le syndicat. Ensuite, les salariés pourront entrer en grève à n'importe quel moment", affirme Max Banon, représentant syndical à la CGTR. Vraisemblablement, les salariés de la CGTR-EDF ne devraient pas entrer en grève immédiatement après la fin du préavis. "Ils vont suivre l'évolution des négociations entre salariés et direction de la Séchilienne Sidec avant de prendre une décision", confie Max Banon.
Mounice Najafaly pour