"Les éleveurs laitiers de la Plaine des Cafres ont demandé le soutien de la CGPER dans le combat qu'ils mènent contre la SICA Lait. Près de 40 éleveurs sur 73 remettent en cause le fonctionnement de la SICA Lait..." Ce texte laconique constitue le coeur du communiqué par lequel la Confédération paysanne de la Réunion (CGPER) annonce son implication dans le conflit social de la Sicalait (Photo archives).
Les dernières péripéties du conflit social initié avec la CFDT, par les salariés de la Sicalait et de Fermes et Jardins, soutenus par un groupe d'éleveurs décidés, ont sans doute levé les dernières réticences des éleveurs laitiers à se mêler d'un contentieux qui, initialement, ne les concernait qu'indirectement. En effet, la succession surréaliste d'actes contradictoires qui a vu le vrai-faux licenciement du directeur, Olivier Dekokère, le bureau du conseil d'administration sabordé, le président Patrick Hoarau se démettre par texto, et l'élection de son successeur en la personne de Julien Huet, traduit une évidente crise de confiance au sein de la coopérative des éleveurs laitiers.
Or cette crise d'appareil, Ă la tĂŞte d'une coopĂ©rative qui s'est tant diversifiĂ©e qu'elle semble en avoir oubliĂ© son utilitĂ© première, est sous-tendue depuis une dĂ©cennie au moins, par une crise sanitaire, grave, dĂ©noncĂ©e par l'Association de dĂ©fense des agriculteurs rĂ©unionnais (ADEFAR) qui a jouĂ© un rĂ´le, ingrat mais utile, de lanceur d'alerte. Aujourd'hui la Sicalait, dont 70% du cheptel est positif Ă la leucose bovine enzootique, et devrait en consĂ©quence ĂŞtre abattu, pour satisfaire Ă la rĂ©glementation en vigueur pour la France mĂ©tropolitaine (notre pays Ă©tant "officiellement indemne de leucose bovine enzootique"), voit sa production dĂ©croĂ®tre au fil des ans et le nombre d'Ă©leveurs laitiers, subir une vĂ©ritable hĂ©catombe, ruinĂ©s qu'ils sont par les maladies de leurs bĂŞtes, incapables de rembourser ce qu'ils doivent Ă la banque, Ă l'Urcoopa, Ă la Sicalait mĂŞme, faute de production.Â
Ils Ă©taient 151 en 2000, on n'en comptait que 73 en 2013. Pour nombre d'entre-eux, pris en tenaille dans un système intĂ©grĂ© dont ils sont totalement dĂ©pendants, ficelĂ©s par des investissements engagĂ©s sur la base de business plans qui oscillent entre optimisme dĂ©bridĂ© et irrĂ©alisme, une fois les subventions absorbĂ©es par leur dĂ©ficit chronique, il ne reste plus guère que le RSA pour survivre. Cette rĂ©alitĂ© dĂ©plorable, car publiquement dĂ©noncĂ©e, mais ignorĂ©e voire camouflĂ©e par ceux qui auraient du s'en saisir, tant au niveau de la profession que de l'Etat, a finalement rĂ©ussi Ă s'imposer Ă la Chambre d'agriculture.Â
Le 5 décembre dernier, en assemblée plénière, la majorité des élus a voté une motion relative à la situation sanitaire de l'élevage bovin à La Réunion. Dans ce texte, les élus de la chambre se fondant sur l'évidente surmortalité qui sévit dans le cheptel réunionnais, mettant en cause la viabilité économique des élevages, ont demandé que soit réactivée la procédure d'autopsie des ruminants, précédemment financée par l’État, de façon à établir les causes de la surmortalité endémique des ruminants réunionnais. Dans la même logique, ils ont revendiqué la mise en œuvre d'un plan départemental d'étude épidémiologique afin de définir les conditions de régulation des maladies du bétail. Ils ont enfin manifesté la volonté de voir une véritable réflexion conduite sur le modèle d'élevage qui doit être pratiqué à La Réunion.
Une stratégie sanitaire, économique et politique
Leur dĂ©marche entre en rĂ©sonance avec la volontĂ© manifestĂ©e, le 7 novembre dernier, par Patrick Dehaumont, directeur GĂ©nĂ©ral de la DGA (Direction GĂ©nĂ©rale de l'Alimentation), Ă l'issue de la mission ECOPHYTO conduite Ă La RĂ©union par le dĂ©putĂ© Dominique Potier, Ă la demande du  Premier ministre. A commencer par la mise en Ĺ“uvre d'enquĂŞtes Ă©pidĂ©miologiques qui permettront d'obtenir un Ă©tat prĂ©cis de la situation sanitaire du cheptel.Â
Des Ă©lus CGPER, Ă©leveurs de leur Ă©tat, ont participĂ© Ă la rĂ©union leucose bovine enzootique du 7 novembre dernier, en compagnie de membres de l'Adefar. Ils savent bien que ce problème sanitaire ne pourra ĂŞtre rĂ©glĂ© par un simple traitement administratif, tel que le cache misère que les hiĂ©rarques de la Sicalait et de la Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la ForĂŞt de La RĂ©union (DAAFR), avaient mis en place pour dĂ©roger aux  normes sanitaires valant pour la France et l'Union EuropĂ©enne. Car c'est sur la base d'un simple jeu d'Ă©criture, lĂ©gitimĂ© par la Direction en charge de la santĂ© et de la protection animale du ministère de l’Agriculture, que la Sicalait et la DAAFR, s'Ă©taient permis de dĂ©roger aux mesures qu'imposent le dĂ©pistage et l'abattage obligatoires des bĂŞtes positives Ă la leucose. Rien n'autorisait les responsables rĂ©unionnais de l'Ă©levage Ă se dispenser de telles mesures rĂ©glementaires.Â
L'implication de la CGPER aux côtés des éleveurs et des salériés, s'inscrit donc dans une stratégie sanitaire, économique et politique à laquelle l'actuel bureau de la Sicalait aura bien du mal à s'opposer.
Philippe Le Claire pour Imaz Press Réunion

Bon courage à tous mais les cops c est comme les assemblées y en a beaucoup de trop!!!!