Selon une étude de l'ORS (observatoire régional de santé) parue en août 2010, le nombre de sans abris à La Réunion varie entre 400 et 800 personnes. Une situation qui peut toucher beaucoup de monde, des travailleurs précaires aux toxicomanes, en passant par les anciens détenus, les personnes âgées sans retraite ou les divorcés qui se retrouvent du jour au lendemain sans rien. Pour lutter contre l'exclusion et offrir un peu de sécurité aux sans abris, la mairie de Saint-Denis s'apprête à ouvrir deux centres d'accueil de nuit pour le premier trimestre 2012. Mais les solutions d'hébergement restent difficiles d'accès.
La mairie de Saint-Denis a présenté le deuxième volet de son plan d'actions contre toute exclusion (PACTE) le vendredi 24 juin 2011. "Il s'agit pour nous d'offrir de nouvelles possibilités aux personnes qui vivent dans la rue et d'accompagner ceux qui sont dans une grande détresse sociale", explique Monique Orphée, adjointe à la mairie de Saint-Denis.Parmi les sans abris, des hommes et des femmes de tout âge, qui rencontrent des difficultés à se loger et se nourrir, suite à un accident de parcours dans leur vie : rupture familiale, perte d'emploi, deuil, maladie, addiction. Ils se retrouvent ainsi à vivre dans la rue et à dormir sur les bancs publics, les trottoirs ou à même le sol.
"Les conditions de survie sont très difficiles. Les sans abris doivent affronter la faim, le froid, la pluie, mais aussi l'ignorance, le mépris, ou encore la violence. C'est une terrible souffrance qu'ils ont à endurer et c'est inacceptable", soutient Gilbert Annette, maire de Saint-Denis. "Les sans abris sont aussi des citoyens. Il est de notre devoir d'assurer leur protection face aux risques quotidiens. C'est pourquoi nous devons trouver des solutions et apporter un accompagnement à cette population qui est dans une situation critique", a-t-il ajouté.
Pour aider les sans abris à sortir de leur misère, plusieurs dispositifs sont mis en place. "Il existe cinq centres accueils de jour à La Réunion. Ils offrent la possibilité de se doucher, de laver ses vêtements et de prendre un petit-déjeuner. Ils prêtent aussi une oreille attentive aux personnes qui vivent dans la rue, ce qui leur permet de retrouver une certaine estime d'eux-mêmes", explique Serge Tardy, responsable du pôle prévention et lutte contre l'exclusion à la DRJSCS (direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale). Le dispositif des maraudes mis en place par le Samu social est également proposé aux sans abris : "Il permet de prendre contact avec les sans abris, d'établir le dialogue avec eux et de leur prodiguer des soins", ajoute Serge Tardy.
L'accès à l'hébergement, lui, est plus compliqué. "Ce n'est pas toujours évident de les prendre en charge, en raison de leur manque de socialisation, ou à cause de leurs addictions", poursuit Serge Tardy. Quant aux accueils de nuit, il n'en existe pas actuellement. C'est pour pallier ce manque que la mairie de Saint-Denis mettra deux établissements en place d'ici le premier trimestre 2012. La première structure sera située rue Monthyon, avec une capacité de quatorze lits et sera réservée aux hommes. L'autre prendra place dans la ruelle Turpin, comprendra neuf lits et accueillera uniquement des femmes.
"C'est une volonté de notre part de séparer les hommes des femmes, car avec l'ancien abri de nuit de Saint-Denis, qui a été fermé depuis une dizaine d'années, on avait eu des problèmes de sécurité", indique Monique Orphée. Pour les nouveaux centres d'hébergement de nuit, l'accès sera refusé à toute personne dont le comportement pourrait entraîner des troubles graves à l'intérieur de la structure (consommation excessive d'alcool ou de substances illicites, troubles du comportement...). "La création de ces abris de nuit est une bonne initiative, espérons qu'elle se poursuive ailleurs", conclut Jacques Tardy.
Samia Omarjee pour
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