L'UIR-CFDT a convoqué la presse ce mardi 6 avril 2010 pour lancer un cri d'alerte quant au climat social qui règne au Crédit Agricole et à ce qu'elle considère comme " une grave atteinte à l'exercice du droit syndical ". Un an après le grand mouvement de grève qui s'était tenu du 7 au 30 avril 2009, " un délégué syndical a été licencié le 16 mars 2010 par décision du ministère du travail, du jamais vu, " lance Christine Nicole, secrétaire adjointe et responsable de l'action syndicale à la CFDT. " Un délégué syndical porte aux noms des salariés une revalorisation salariale, et cela aboutit par un licenciement, cela aussi c'est du jamais vu. Cela témoigne d'une volonté de tuer l'action syndicale, " s'inquiète Christine Nicole.
La Direction du Crédit Agricole a obtenu le feu vert du ministère du travail pour licencier un délégué syndical (qui souhaite garder l'anonymat) après 12 ans de carrière comme conseiller auprès des agriculteurs et 5 ans d'action syndicale. Du fait de son statut de syndicaliste, seule l'inspection du travail était apte - en première instance - à valider son licenciement. Instance qui avait émis un avis défavorable argumenté de 9 motifs en date du 21 octobre. Le 5 novembre dernier, la direction du Crédit Agricole avait décidé de faire appel auprès de la direction du travail.Licencié pour " séquestration ", la secrétaire adjointe défend son collègue : " A l'époque des négociations annuelles obligatoires, les salariés du Crédit Agricole, avaient décidé de bloquer au soir du 17 avril la sortie du siège de la banque à Saint-Denis. La direction et le conseil d'administration étaient retenus à l'intérieur. Mais le délégué syndical faisait déjà l'objet d'une procédure de licenciement et nous lui avions demandé de quitter les lieux. Ce qu'il avait fait. Il n'était donc pas présent, alors qu'il est accusé d'avoir participé à la séquestration, " assure Christine Nicole.
Frédéric Braud, secrétaire du CHSCT-CFDT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) pointe d'autres problèmes au sein du Crédit Agricole : " De nombreux salariés sont à bout de nerfs ". " Harcèlement, pression, suspicion, " les syndicalistes dénoncent un management par la peur. De nombreux arrêts longue durée seraient liés à ce climat de tension, le stress se ferait de plus en plus ressentir.
Par ailleurs, 5 salariés avaient été licenciés trois mois après la grève, pour avoir mis de la colle dans des gabiers. En juillet dernier, 19 salariés avaient été assignés en justice pour " fait de grève " devant le tribunal de grande instance de Saint-Denis. La direction réclamait 100 000 euros de dommages et intérêts. Tous étaient adhérents ou membres de la CFDT. Parmi eux, 18 ont été relaxés et un seul condamné, à 600 euros d'amende.
Le Crédit Agricole de la Réunion doit changer de dirigeant dans les semaines à venir : " La banque a un devoir d'exemplarité en terme de respect et de dialogue social. Nous espérons progresser dans cette voie, " assure la responsable de l'action syndicale. En attendant un recours sera déposé devant le tribunal administratif pour demander une réintégration du délégué syndical.
L'UIR-CFDT lance un appel au rassemblement de toutes les organisations syndicales le dimanche 11 avril. Un pique-nique est organisé au Village Corail à l'Ermitage.
Un rapport d'expertise social et comptable des comptes 2008 de la Caisse Régionale réunionnaise du Crédit agricole demandé par des élus de la CFDT affirme que le " produit national bancaire par salarié place cette Caisse au premier rang de l'institution alors que le retour financier (primes diverses) ne la place qu'au 13e rang. "