A l'occasion d'un point presse ce jeudi 20 octobre 2011, Elie Hoarau, député européen, Jean-Hugues Ratenon, président de l'ARCP (alliance des Réunionnais contre la pauvreté), Gilles Leperlier, président de l'AJFER (alliance des jeunes pour la formation et l'emploi à La Réunion) et Paul Vergès, chef de file du parti communiste réunionnais, ont exprimé leur solidarité envers Mayotte. Chacun à leur tour, ils ont affirmé leur soutien à la lutte des manifestants, dénonçant l'attitude du gouvernement français et établissant des similitudes entre La Réunion et Mayotte.
Elie Hoarau est revenu sur les raisons pour lesquelles, accompagné de Gilles Leperlier et Jean-Hugues Ratenon, il s'est rendu à Mayotte : "Nous étions là-bas de notre propre initiative. Pour nous, en tant que citoyens français, par solidarité, il était normal d'être présents pour les Mahorais dans des moments aussi difficiles, mais c'était aussi l'occasion de mieux comprendre la situation afin de pouvoir apporter notre contribution". Même s'il n'a pas été mandaté, le député a ainsi interpellé la commission européenne au sujet de la situation de crise de Mayotte."Le gouvernement français ne pend pas la mesure de la gravité de la crise. Au-delà de la lutte contre les prix exorbitants, la population mahoraise se bat contre les inégalités et les injustices, et contre le mépris des administrations. Le peuple veut construire son avenir sur la base du respect et de la dignité. Au-delà de la cherté de la vie, il y a un véritable problème de fond", indique Elie Hoarau.
Il poursuit : "Le combat contre les abus et les inégalités ne se résoudra pas facilement. Mais la solution ne se trouve en aucun cas dans les matraques et dans les tirs au flashball. La baisse de 5 euros sur 11 produits pendant deux mois, c'est une proposition qui est perçue comme une insulte par la population. Il faut prendre des mesures d'urgence sociale pour montrer aux Mahorais qu'on a compris leurs revendications. Dans ce qu'ils réclament, il y a des choses qui peuvent être satisfaites immédiatement".
Jean-Hugues Ratenon surenchérit : "Il y a une politique de long terme à mener, mais des mesures d'urgence peuvent être appliquées dès maintenant". Il dresse un parallèle entre les contestations sur l'île aux parfums et les mouvements du LKP aux Antilles et du Cospar à La Réunion : "Pour des problèmes similaires, on nous a apporté des réponses. Pourquoi y a-t-il une différence de traitement à Mayotte ? Les salariés mahorais devraient bénéficier du RSTA, c'est une mesure à la portée du gouvernement, une mesure qui doit être appliquée immédiatement".
Pour sa part, Gilles Leperlier dénonce l'importance du "mal-être chez les jeunes Mahorais". "La population mahoraise est la plus jeune de la République. 54% de la population a moins de 25 ans. 50% des personnes en âge de travailler ne sont pas embauchés. La Réunion et Mayotte se retrouvent sur plusieurs batailles, notamment sur celle de l'emploi et de l'embauche locale", annonce le président de l'AJFER.
"La départementalisation est un moment qui reste gravé dans les mémoires. Si elle se passe dans des affrontements, avec des blessés et des morts, elle marque à jamais la conscience collective", estime Paul Vergès. "Il y a un parallélisme entre La Réunion et Mayotte. Nos deux départements ont des origines coloniales. On a des problèmes liés à la langue, à la scission des communautés, à la pauvreté, à la jeunesse", indique le chef de file du PCR. "Le Mahorais, il est pas plus, il est pas moins. Si on leur donnait des réponses immédiates, la situation se calmerait, le temps de mettre en place une politique de long terme", affirme Paul Vergès.
Samia Omarjee pour
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