Social - Action des anciens salariés de l'ARAST

Une gréviste de la faim victime d'un malaise

  • Publié le 13 janvier 2010 à 06:10
Lundi 11 Janvier 2010


 Action des anciens salariés de l'ARAST

Sophia, l'une des cinq ex salariées de l'ARAST, (association régionale d'accompagnement social territorialisé) en grève de la faim depuis ce lundi 11 janvier 2010 a été victime d'un malaise vers 6 heures ce mercredi matin. "Nous avons appelé les pompiers et nous lui avons conseillé d'arrêter la grève de la faim" explique M. Bègue, un ancien employé. "4 autres personnes vont cesser de s'alimenter à partir de ce matin" ajoute-t-il. Les 5 travailleuses sociales et un dirigeant syndical CFTC se sont mis en grève de la faim obtenir le versement des indemnités de licenciement des ex salariés de l'ARAST. Une trentaine d'anciens employés ont dormi au siège du conseil général pour la 8ème nuit consécutive.

Sophia, ex-aide à domicile, Mimose, ex-technicienne d'intervention sociale et familiale, Yolaine, ex-responsable de secteur, Lucie ex-chef de service, Corinne, ex-agent administrative et Paul Junot, dirigeant de la CFTC ont cessé de s'alimenter depuis ce lundi. "Toutes les portes se sont fermées devant nous. Ce moyen d'action était notre dernier recours. Nous sommes prêts à aller jusqu'au bout de nos forces" avait alors noté Corinne.

"Nous avons tout essayé pour montrer notre détresse, personne ne nous a écouté. Il ne nous restait plus que ce moyen pour essayer de nous faire entendre" avait-elle continué. "Notre grève est symbolique. On ne peut pas se laisser faire sans réagir" avait remarqué Mimose.

Yolaine avait résumé la pensée de tout le monde en notant : "nous ne demandons pas la charité. Nous réclamons notre dû. Nous voulons nos indemnités. Peu nous importe de savoir qui doit les payer. Ils s'arrangeront entre eux après nous avoir versé notre argent".

Yohan, ex-technicien d'intervention sociale et familiale, Frédérico ex-chef de secteur, Patricia, ex-technicienne d'intervention sociale et familiale, et Francis ex-employé ont donc rejoint le mouvement de grève depuis ce mercredi matin.

Rappelons en effet que le problème vient de l'incertitude sur "l'identité" du payeur. L'AGS (association pour la gestion du régime d'assurance des créances des salariés) estime que le Département à l'obligation légale d'intégrer les travailleurs sociaux. Elle ajoute que cette intégration entrainerait automatiquement une continuité d'activité et qu'il n'y aurait donc pas de licenciement...ni d'indemnités à verser. Le Conseil Général affirme au contraire que les salariés ont été licenciés de fait par la décision du tribunal de commerce de liquider l'association d'aide à domicile. Le total des indemnités est évalué à plus de 25 millions d'euros. Une somme que l'AGS, déjà en difficulté, aura sans doute du mal à payer...

L'intersyndicale CGTR-CFDT-US-Solidaires abonde d'ailleurs dans ce sens. "Il y a reprise déguisée d'activités et partant, le conseil général doit verser des indemnités. C'est quand même le budget annuel de l'AGS qui est sollicité sur ce seul conflit: quid alors malheureusement des nombreux futurs licenciés dans cette période de crise?" notent les syndicalistes dans un communiqué publié lundi après-midi. "On ne peut se défausser sur l'AGS, sur le tribunal ni sur les syndicats" ajoute encore l'intersyndicale.

Un avis que ne partage pas le groupe des conseillers généraux de l'Alliance (parti communiste et alliés). Dans un communiqué publié mardi matin, ils soulignaient: "conformément à la loi, nous demandons que les licenciés de l'ARAST soient indemnisés par l'AGS : ils ont cotisé individuellement à l'AGS (retenue sur salaire) et leurs indemnités de licenciement doivent donc, de droit, leur être versées par l'AGS. L'ex-entreprise ARAST est une entreprise sociale privée, distincte du conseil général" souligne le communiqué.

C'est sensiblement la même position qui a été adoptée par l'assemblée plénière du conseil régional ce mardi à l'issue d'une rencontre entre une délégation de travailleurs sociaux et des conseillers régionaux. Paul Vergès, président du conseil régional, s'est pour sa part étonné des dysfonctionnements qui ont entaché la gestion de l'ARAST ainsi que l'attitude de l'AGS. Il a demandé que le dossier soit réglé avant la fin de la semaine.

Questionnée, mardi, sur le fait que depuis le début du conflit, l'AGS demeure relativement à l'abri de l'action revendicative des ex-ARAST, Valérie Bénard commente en substance "toute la jurisprudence dit qu'en cas d'externalisation d'une mission de service public (l'aide à domicile en l'occurrence - ndlr), la collectivité se doit de la reprendre sous son égide en cas de problème". Ce que le conseil général se propose d'ailleurs de faire. D'abord par le biais des 1 020 postes en CDD (contrat à durée déterminée) de 6 mois, ensuite par la mise en place d'un GIP (groupement d'intérêt public). Mais cela ne règle ne rien le problème des indemnisation pour licenciement. Lorsqu'on le fait remarquer à Valérie Bénard, elle déclare : "nous, nous voulons être payés, finalement peu importe par qui".

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