Nathalie Firminy est ce que l'on appelle, facilitatrice du deuil et thanadoula. Son rôle est d'accompagner avec bienveillance ces moments de transition. Là ou une doula accompagne les mamans et leur bébé lors d’une naissance, Nathalie elle, guide les personnes en fin de vie. Elle propose aussi un accompagnement au deuil et aux rituels qui l’entourent. Une véritable aide quand, dans une étude IFOP sur le rapport des Français à la mort, 88% d'entres eux disent être angoissés à l’idée de la mort (Photo d'illustration : www.imazpress.com)
Quand on lui demande de se prĂ©senter, Nathalie Firminy rĂ©pond avec assurance : "je suis rĂ©unionnaise avant tout. Je suis partie de La RĂ©union Ă 19 ans comme beaucoup Ă mon Ă©poque. Ă€ la recherche d’émancipation, et d’indĂ©pendance pour travailler avec des personnes vieillissantes et en perte d’autonomie."Â
De retour sur son île depuis un an et demi, elle a à coeur d’apporter du réconfort à toutes les personnes qui croisent sa route, et cela, elle le fait naturellement.
Sa mission : épauler les personnes âgées isolées afin qu’elles "continuent à rêver encore, mais surtout, pour qu’elles restent dignes et debout jusqu’à la mort", dit-elle.
Une façon, elle en est persuadée : "de rendre hommage à ses ancêtres et se mettre au service de son peuple" à La Réunion.
- Accompagner Ă la traversĂ©e d'un deuil, un mĂ©tier qui l'a choisi" -Â
Nathalie a elle même traversé plusieurs deuils dans sa vie. Un cancer, qui bouleversera sa vie et son corps et dans sa prime enfance déjà , la perte d’une petite soeur. Selon elle, cet évènement a façonné son existence :
"Je pense que je fais ça depuis toujours, quand j’étais petite, ma petite soeur est morte d’une mort atroce. J’ai vu ma maman vivre un deuil traumatique. Je l’ai vu se déconnecter et ne plus être là . Elle a fait ce qu’elle pouvait pour nous élever."
Le souvenir est vivace : "je me vois toute petite, faire tout ce que je pouvais pour aider ma maman" parent de son propre parent. Aidante, déjà à un jeune âge et témoin d’un deuil qui impactera toute la famille.
"À ce moment là , j’ai développé une écoute empathique, avec la faculté d’écouter les autres vraiment. Dans mon parcours, cette faculté d’écoute a été le plus important."
Elle en est certaine, ce métier l’a choisie.
Nathalie se souvient avec émotion d’un accompagnement : "cette femme avait peur de voir la douleur dans les yeux de son mari."
"Je lui ai conseillĂ© de se mettre Ă cĂ´tĂ© de lui, de lui tenir la main. De lui dire ce qu'elle avait sur le coeur : je t'aime et ça me fait mal de me dire que demain tu ne seras pas lĂ avec moi." Dans ces moments lĂ , ĂŞtre juste dans l'instant nous dit-elle.Â
C'est aussi cela, le mĂ©tier de Nathalie.Â
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- Éviter la mort sociale -Â
"Nou na bonpé de vié mounn jordu na pu personn otour de zot. Mais entre le matin et la visite d’un infirmier le soir, kosa bann domounn la i atann ? I atann la mor." C’est ce qu’on appelle la mort sociale nous explique Nathalie.
Selon les petits frères des pauvres, si elles étaient 300.000 en 2017 aujourd’hui, 750.000 personnes âgées en France vivent en situation de "mort sociale."
Soit une augmentation de 150% en moins de 10 ans. Ces personnes âgĂ©es n'ont plus aucun contact avec leurs proches, leurs voisins ou mĂŞme les associations locales.Â
"Aujourd’hui, tout le monde ferme sa porte, quelqu’un meurt sur notre pallier et on ne sait pas comment il/elle s’appelle" regrette Nathalie.Â
Au cours de notre entretien, Nathalie rĂ©pĂ©tera Ă plusieurs reprises que ce que nous laissons nos gramounes vivre aujourd'hui, nous arrivera Ă nous aussi. L'isolement, la solitude et la dĂ©connexion.Â
- Le deuil s’accompagne aussi en entreprise -
Accompagner le deuil ce n’est pas qu’une histoire de famille. Les entreprises aussi sont confrontĂ©es Ă la "gestion" de l’annonce d’un dĂ©cès par exemple, mais aussi Ă l'impact du deuil sur ses collaborateurs.Â
Nathalie Firminy souhaite mettre en place d’ici 2026 des formations :"mon objectif c’est d’ouvrir une Ă©cole de thanadoula Ă La RĂ©union, que mon service soit reconnu sur le territoire. Afin qu'il puisse ĂŞtre pris en charge par les mutuelles, le dĂ©partement, ou par des centres funĂ©raires pour qu’un maximum de personnes puissent bĂ©nĂ©ficier de ce service."Â
Elle souhaite faire de la sensibilisation et encore plus de prĂ©vention.Â
Il n’y a pas que les personnes âgĂ©es qui meurent, mĂŞme si cela est impensable pour la plupart des Français, perdre un proche, un ami, un collègue, un bĂ©bĂ©, un enfant cela arrive malheureusement aussi. La jeunesse ne sauve pas de la mort.Â
- Un café deuil à La Réunion -
"Une perte, c’est une perte" souligne-t-elle, perdre son animal de compagnie avec qui on a vécu pendant de nombreuses années, perdre un travail, mais aussi perdre un enfant ou un parent.
La mort, elle nous invite tous à en parler vraiment. À coeur ouvert et sans honte, sans retenue. Parler des rêves qui ont disparu avec l’être aimé, ou lors d’une rupture, c’est ce qui se passe lors des cafés deuil qu’organise Nathalie.
L’objectif de ces rendez-vous, c'est de créer du lien social, entretenir des relations et sortir du tsunami qui déferle quand arrive la mort d’un proche : "ça n’enlèvera pas la douleur, le vide, le manque, mais ça permet aux gens de se sentir connectés et se dire qu’ils ne sont pas seuls."
Lors de ces moments de partages, les participants ont entre 20 et 96 ans : "la magie, c’est le cĂ´tĂ© intergĂ©nĂ©rationnel" explique Nathalie.Â
Cette magie, elle la voit opĂ©rer lorsqu’une personne âgĂ©e, Ă©coute un jeune homme en prise Ă une douleur insupportable. Celle d'avoir perdu son frère, ce moment oĂą leurs histoires s’entrechoquent et finissent par les unir.Â
"Quand on vient au monde on est accompagnĂ© pour donner notre premier souffle. Soutenu, portĂ©, aidĂ©, on arrive pas seul. Cela devrait ĂŞtre la mĂŞme chose dans la mort, pour donner notre dernier souffle" s’émeut Nathalie.Â
Nathalie Firminy est aussi auteure du livre " Ma vie de soignante en Ehpad" toutes les informations sur les services qu'elle propose sont Ă retrouver sur son site internet le deuil parlons. re
ee/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com





Bravo pour ce magnifique article. Nous avons tant besoin de mettre de la lumière sur cette dernière partie de vie.
Pour moi et je précise je ne la critique pas juste de dire que moi au contraire je peut les aider a partir et de ne plus rester a etre attaché a quelque chose sur terre
Après une expérience de mort imminente j'ai acquis ce don que je n'explique pas d'après le neurologue EIDER que j'ai rencontré a plusieurs reprises je suis un passeur d âmes
Excellent!
J'ai organisé 2 veillées et funérailles à la suite...ma mère et une amie...j'ai organisé ça en rapport avec qui elles étaient et les gens ont " passé un bon moment".... La mort fait partie de la vie
Merci à la rédaction pour cet article. Il met des mots justes sur ma mission : offrir un espace où chacun peut parler de la perte, sans tabou, sans pression, accompagné avec respect.
À celles et ceux qui traversent un deuil, ou qui se sentent seuls face à l’absence : un groupe de soutien WhatsApp est ouvert. 👇
https://chat.whatsapp.com/FAVhfbg9hta7tnGf2yIuZP?mode=wwt
Un endroit discret, humain, pour déposer ce qui pèse et retrouver du souffle.
Ce soir à 18h (heure de la Réunion), je propose un temps d’échange en direct sur Instagram, pour honorer nos défunts et se rappeler que l’amour ne disparaît pas.👇
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Et si vous avez besoin d’une ecoute, je vous offre 20 minutes d’appel pour poser des mots, respirer, être entendu(e).
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