L’ONU déclare officiellement l’état de famine à Gaza, bombardée et assiégée par Israël depuis près de deux ans

  • Publié le 22 août 2025 à 13:14
  • Actualisé le 22 août 2025 à 15:46
Des Palestiniens attendent une distribution de repas à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 août 2025

L'ONU a officiellement déclaré vendredi 22 août la famine à Gaza, la première à toucher le Moyen-Orient, après que ses experts ont averti que 500.000 personnes se trouvaient dans un état "catastrophique". Cette annonce intervient après des mois de mise en garde contre une famine dans l'enclave, bombardée et assiégée par Israël depuis près de deux ans.

Après des mois de mise en garde, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme des Nations unies dont le siège est à Rome, confirme qu’une famine est en cours dans le gouvernorat de Gaza et qu’elle devrait s’étendre à ceux de Deir Al-Balah et de Khan Younès d’ici à la fin du mois septembre.

"C'est une famine que nous aurions pu éviter si on nous l'avait permis. Pourtant, la nourriture s'accumule aux frontières en raison de l'obstruction systématique d'Israël", déclare le responsable de la coordination des affaires humanitaire des Nations unies, Tom Fletcher. "Cette famine va et doit nous hanter tous", a-t-il aussi dit.

- Un crime de guerre -

Le chef des droits humains des Nations unies, Volker Türk a rappelé qu'"affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre", quelques minutes après l'annonce de l'ONU.

"Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité, a lancé pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat, de la libération immédiate de tous les otages et d'un accès humanitaire total et sans entrave."

Selon des experts de l’ONU, plus d’un demi-million de personnes à Gaza affrontent des conditions "catastrophiques", le niveau de détresse alimentaire le plus élevé de l’IPC, caractérisé par la famine et la mort.

Ce chiffre, basé sur informations recueillies jusqu’au 15 août, devrait monter à presque 641.000 d’ici fin septembre.

Pour l’IPC, une famine est en cours lors que trois éléments sont réunis : au moins 20 % des foyers (un sur cinq) doivent affronter un manque extrême de nourriture, au moins 30 % des enfants de moins de cinq ans (un sur trois) souffrent de malnutrition aiguë, et au moins deux personnes sur 10.000 meurent de faim chaque jour.

- Israël rejette les accusations -

 L’ONU s’est aussitôt attiré les foudres d’Israël, qui a dénoncé une annonce biaisée "fondée sur les mensonges du Hamas". " Il n’y a pas de famine à Gaza", a affirmé le ministère israélien des Affaires étrangères.

Accusant l’IPC de s’être "détourné de ses propres règles et (d’avoir) ignoré ses propres critères", le communiqué ajoute que" l’ensemble du (rapport) est fondé sur les mensonges du Hamas blanchis par des organisations ayant des intérêts particuliers".

Le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés a lui aussi dénoncé le rapport IPC comme étant "mensonger et partial".

Dans un communiqué, le Cogat "rejette fermement l’affirmation de famine dans la bande de Gaza, et en particulier à Gaza-ville".

Cette situation est le résultat de l'escalade du conflit ces derniers mois, qui a entraîné des déplacements massifs de population combinés à des accès restreints aux approvisionnements alimentaires causés par Israël. Début mars, Israël a totalement interdit l’entrée des aides à Gaza, avant d’autoriser fin mai l’acheminement de quantités très limitées, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.

- Gamelles vides -

"Vous savez qui meurt de faim? Les otages enlevés et torturés par les barbares du Hamas", a réagi sur X l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Mike Huckabee, fervent soutien d'Israël avant même la publication du rapport de l'IPC.

Chaque jour des journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza assistent à des distributions alimentaires où des foules de Palestiniens de tous âges se ruent en criant, pleurant, suppliant qu'on leur remplisse des gamelles ou casseroles vides tendues avec l'énergie du désespoir vers des cantines de campagne.

Tout en disant vouloir négocier un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza, Israël, qui contrôle aujourd'hui environ 75% du territoire palestinien, intensifie sa pression militaire. Le gouvernement a ainsi approuvé cette semaine un plan d'assaut contre Gaza-ville, la plus grande du territoire, et annoncé le rappel de 60.000 réservistes supplémentaires.

Le Hamas a donné lundi son accord à un projet d'accord prévoyant, selon des sources palestiniennes, une trêve de 60 jours durant laquelle les otages toujours captifs à Gaza (au nombre de 49 dont 27 déclarés morts par l'armée israélienne) seraient relâchés en deux temps en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens.

- Déjà 62.192 personnes, en majorité des civils, tuées par Israël -

Israël, qui contrôle tous les accès à Gaza, accuse le Hamas de piller les aides, ce qu’il nie, et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais celles-ci ont affirmé qu’Israël imposait des restrictions excessives et jugé très dangereux de distribuer l’aide en pleine guerre.

Cette guerre a été déclenché par l'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 62.192 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués.

www.imazpress.com avec l'AFP

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1 Commentaires
pouet
pouet
2 mois

Ça va tout changer. Quelle puissance, quelle force, quel courage. l'ONU devrait dire un truc sur le réchauffement climatique genre "c'est mal" pour que ça bouge aussi de ce côté là. Nan vraiment c'est bien.