Personnes porteuses de handicap : un parcours complexe pour l'obtention des droits

  • PubliĂ© le 14 novembre 2025 Ă  02:58
mdph

À La RĂ©union, selon les derniers chiffres de 2024, plus de 73.000 personnes avaient au moins un droit ouvert Ă  la Maison dĂ©partementale des personnes handicapĂ©es (MDPH). Selon les donnĂ©es relevĂ©es par le CREAI (Centre rĂ©gional d'Ă©tudes d'actions et d'informations), en moyenne, mi-2022, une demande faite pour un enfant prenait 6 mois et demi pour ĂȘtre traitĂ©e, quand celle d’un adulte prenait 5 mois. Un parcours complexe pour les personnes porteuses d'un handicap pour obtenir leurs droits, voire mĂȘme pour les renouveler (Photo : sly/www.imazpress.com)

AprĂšs plusieurs annĂ©es Ă  bĂ©nĂ©ficier d’une carte de stationnement et d’une carte de prioritĂ©, Sophie* a vu sa demande de renouvellement rejetĂ©e par la Maison dĂ©partementale des personnes handicapĂ©es (MDPH).

Une dĂ©cision qu’elle ne comprend pas, d’autant que son dossier a Ă©tĂ© rempli comme chaque annĂ©e avec son mĂ©decin traitant et dĂ©posĂ© dans les dĂ©lais.

- De renouvellement de droits refusés, malgré un état de santé inchangé -

"J’ai toujours fait les dĂ©marches Ă  temps, en remplissant les mĂȘmes formulaires avec mon mĂ©decin. Mon Ă©tat de santĂ© ne s’est pas amĂ©liorĂ©, c’est mĂȘme Ă©crit noir sur blanc par mon mĂ©decin traitant. Et pourtant, cette fois, on m’annonce que ma demande est refusĂ©e", confie Sophie, dĂ©pitĂ©e.

La MDPH rappelle que tout renouvellement est réévaluĂ© au regard des critĂšres en vigueur. "L’attribution d’un droit dĂ©pend de la situation dĂ©crite dans la demande, Ă©valuĂ©e selon les textes en vigueur et l’importance des retentissements sur la vie quotidienne.

Aucun droit n’est renouvelĂ© automatiquement", explique l’institution.

Selon la MDPH, le dĂ©pĂŽt d’un dossier complet permet uniquement de vĂ©rifier la recevabilitĂ© de la demande : "Lors du rĂ©examen, les donnĂ©es mĂ©dicales actualisĂ©es et le projet de vie sont Ă©tudiĂ©s".

Un rejet peut donc dĂ©couler d’une réévaluation estimant que les critĂšres rĂ©glementaires ne sont plus remplis, ou encore d’un dossier jugĂ© insuffisant : bilans manquants, projet de vie incomplet. Et ce, "mĂȘme si la personne a dĂ©jĂ  bĂ©nĂ©ficiĂ© du droit par le passĂ©". Ce qui veut dire que malgrĂ© une situation inchangĂ©e, les droits peuvent ĂȘtre retirĂ©s, Ă  la discrĂ©tion de la commission.

Mais pour Sophie, l’incomprĂ©hension demeure. "Je n’ai pas Ă©tĂ© examinĂ©e par un mĂ©decin de la MDPH. On me retire mes droits sans explications, alors que rien n’a changĂ© dans ma vie. J’ai besoin de cette carte pour me dĂ©placer, pour vivre normalement", dĂ©plore-t-elle.

La femme porteuse d'un handicap dénonce ce retrait et a engagé un recours pour tenter de récupérer ses droits.

- Le renouvellement n'est pas automatique - 

Les critĂšres d’attribution des cartes CMI (Carte MobilitĂ© Inclusion) reposent sur "les limitations de mobilitĂ© liĂ©es Ă  un handicap ou Ă  une perte d’autonomie et leur impact sur la vie quotidienne et les dĂ©placements". Les Ă©quipes d’évaluation s’appuient sur des arbres dĂ©cisionnels Ă©laborĂ©s par la Caisse nationale de solidaritĂ© pour l’autonomie, afin d’harmoniser les dĂ©cisions au niveau national.

La durĂ©e d’attribution de ces cartes varie selon les situations : "Pour un handicap ou une maladie dont l’état peut Ă©voluer, une durĂ©e courte permet de rĂ©examiner rĂ©guliĂšrement les retentissements fonctionnels. Pour une situation mĂ©dicalement irrĂ©versible, des droits peuvent ĂȘtre attribuĂ©s Ă  vie".

La dĂ©cision finale appartient Ă  la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapĂ©es (CDAPH), composĂ©e de 23 membres reprĂ©sentants de l’État, du DĂ©partement, de la SĂ©curitĂ© sociale et des associations. Les professionnels de santĂ© de la MDPH donnent un avis technique, mais un examen mĂ©dical physique n’est pas systĂ©matique.

Son directeur, Deva Radakichenin prĂ©cise, que tout recours en rĂ©clamation est limitĂ©. "Une fois qu'un recours administratif a Ă©tĂ© statuĂ©, on ne peut pas faire deux fois la mĂȘme rĂ©clamation. Si la personne n'est pas d'accord avec la dĂ©cision de la Commission, elle devra saisir pour contentieux le tribunal administratif".

La MDPH rappelle que chaque refus s’accompagne d’informations sur les voies de recours, les possibilitĂ©s de mĂ©diation ou de conciliation.

- 73.000 personnes affiliées à la MDPH à La Réunion

Selon les données de la MDPH à La Réunion, en 2024, 73.000 personnes avaient au moins un droit ouvert à la Maison Départementale des Personnes Handicapées.

D'aprĂšs les chiffres relevĂ©es par le CREAI, en 2023, 34% ont un taux d’incapacitĂ© de 80% ou plus.

Presque 60% de ces 57.000 personnes ont une allocation (AAH ou AEEH), et 14% bĂ©nĂ©ficient de la PCH ou de l’ACTP. Une personne sur deux dispose de la Carte mobilitĂ© inclusion (CMI).

De mĂȘme, presque une personne sur deux est reconnue Travailleur handicapĂ© (RQTH) ou est orientĂ©e vers un ESAT, ce qui reprĂ©sente plus de 27.000 personnes.

Lire aussi - Inclusion des personnes porteuses de handicaps : La Réunion a 10 ans de retard

ma.m et vg/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

* prénom d'emprunt

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2 Commentaires
Marcel Didier Paul Henri
Marcel Didier Paul Henri
44 minutes

La dĂ©cision finale tout est prise par des personnes qui sont des administratifs : 23 membres de l’État, du DĂ©partement, de la SĂ©curitĂ© sociale et des associations. Que connaissent-ils du handicap, de la douleur, du mal Ă  vivre normalement? Savent-ils interprĂ©ter des donnĂ©es mĂ©dicales ? J'en doute fort. Non il regarde l'argent que cela va coĂ»ter Ă  la collectivitĂ© c'est tout.

Les professionnels de santé ne donnent qu'un avis technique !! Comment un médecin peut-il donner un avis sans voir le malade ? Ces médecins sont-ils pluridisciplinaires ? J'en doute.
Dans un garage on peut donner autant d'avis technique que l'on veut, tant que l'on démonte pas la voiture on ne voit pas les dégùts réels et les dégùts cachés.

Handiréunion
Handiréunion
3 heures

Au lieu de parler d'accĂšs aux droits des PSH, on peut parler d'accĂšs au respect des droits des PSH
 Et lĂ  ça va plus loin que la MDPH, financĂ©e par le DĂ©partement et par lĂ  mĂȘme soumis aux contraintes dictĂ©es par le financeur. AccĂšs au transport public, accĂšs au logement adaptĂ©, accĂšs Ă  l'information numĂ©rique etc, ça va plus loin qu'une carte de stationnement ou de prioritĂ© pour passer Ă  la caisse.

Vous oubliez de mentionner, en terme de droit, que la MDPH est obligĂ©e de prĂ©venir la personne qu'elle a droit d'assister Ă  la rĂ©union de la CDAPH pour dĂ©fendre sa demande et que la MDPH doit lui en notifier la date. C'est un droit que personne ne connaĂźt. Surtout quand on fait un recours. Il faut y aller. On peut ĂȘtre accompagnĂ© ou reprĂ©sentĂ©.

Les CDAPH se retrouvent avec plus de 400 dossiers résumés avec l'avis de l'équipe pluridisciplinaire à chaque session qui dure 4 heures.. Les membres reçoivent ce document le mardi aprÚs-midi pour statuer le jeudi matin. Mission quasi impossible.
L'équipe pluri présente quleques dossiers qui peuvent poser problÚme, les membres qui ont eu le temps de tout lire, peuvent à leur tour soulever des questions sur les dossiers de leur choix, sachant que tout est anonymisé. Donc si au final c'est la CDAPH qui valide l'ensemble, c'est une poignée de dossier qui sont réellement vus par la CDAPH.

A la dĂ©charge de la MDPH, souvent l'Ă©quipe pluri propose plusieurs solutions en terme d'ouverture de droits pour une mĂȘme personne Ă  cause de carences (AESH, places dans un Ă©tablissement ou un service d'accompagnement
).
Enfin la justification des textes qui Ă©voluent, il faut arrĂȘter de prendre les gens pour des cruches et de se faire enfumer par l'avalanche de statistiques fournies par la direction de la MDPH RĂ©union.
Pour rappel : https://imazpress.com/actus-reunion/le-gardph-demande-audience-au-ministre-de-la-sante-francois-braun