Insécurité routière : les décès de motards ont triplé en un an

  • Publié le 12 décembre 2025 à 08:20
  • Actualisé le 12 décembre 2025 à 08:26
moto

L'année 2025 est particulièrement meurtrière sur les routes de La Réunion. Si les piétons sont les premières victimes, les motards, eux, sont en deuxième ligne. Ces deux dernières semaines, trois d'entre eux ont perdu la vie au guidon de leur moto. Le bilan routier, toute victime confondue, dépasse déjà le bilan de l'an dernier, avec 40 décès comptabilisés au 11 décembre, contre 39 en 2024 (Photo rb/www.imazpress.com)

Les décès de motard ont triplé en un an à La Réunion. Fin octobre, les autorités alertaient d'ailleurs sur un "nombre préoccupant d’accidents impliquant des usagers de deux-roues". 

Rien que sur le secteur gendarmerie, "nous sommes passés de 5 tués au 11 décembre 2024, à 11 au 11 décembre 2025 en zone gendarmerie", notent les forces de l'ordre. "Déjà en novembre, le nombre de victime avait doublé. Les raisons sont différentes : on voit souvent une vitesse excessive, un non-respect de la priorité, de l'alcoolémie et l'usage de stupéfiants…", soulignent-elle. 

Les motards sont les principales victimes de la route, après les piétons. "Ces deux publics sont les plus fragiles, n'étant pas protégé par un habitacle", rappelle la gendarmerie. "Il y a un relâchement général autour de la sécurité routière."

Une augmentation due à plusieurs facteurs, d'après la Fédération française des motards en colère (FFMC) : "il y a les voitures qui coupent, la consommation d'alcool et l'inattention, mais aussi le manque de conscience de risque chez les jeunes", cite Joël Josserand, coordinateur de l'antenne réunionnaise. 

"Quand on est en moto, il faut regarder partout, être attentif, parce qu'on arrive rapidement. Il faut aussi savoir anticiper", note-t-il. " C'est certain que l'augmentation du trafic augmente aussi les risques. Il y a plus de monde, mais aussi plus d'embouteillages qui peuvent par exemple provoquer la colère d'un motard qui va remonter les files trop vite", constate le motard.

"Concernant les motocyclistes, il faut remonter jusqu'en 2007 pour retrouver une si mauvaise année avec 20 tués en moto", indique la préfecture. "Dans 53% accidents mortels le motard n'est pas présumé responsable. En tant qu'usager vulnérable, les blessures sont plus importantes en cas d'accident."

- Des équipements qui sauvent mais ne sont pas obligatoires -

La fédération qui rappelle que les équipements de protection sont essentiels à moto. "Quand j'ai passé le permis, il y avait une fierté à avoir sa combinaison en cuir, maintenant les jeunes ne les portent plus…Tant qu'ils n'auront pas gouté l'enrobé…Le minimum est d'avoir au moins le blouson, le pantalon, et les bottes", appelle Joël Josserand. 

En France, seul le casque et les gants sont obligatoires. "Si les gens ne réfléchissent plus, il faut peut-être mettre des mesures pour obliger", avance la fédération. 

"Le climat de La Réunion n'est pas propice au port des équipements", confirme la gendarmerie. "En Allemagne par exemple, la combinaison est obligatoire. Ici, on peut voir des motocyclistes en short, en t-shirt et même en tongs. Malheureusement, la peau n'est pas réputée pour être un cuir très solide…"

Pour Fredo Delmotte, motard de 56 ans, enseignant et coach natation : "comme je dis toujours, et notamment à mes enfants qui font de la moto, une fois qu’on a goûté le béton on apprend à être encore plus prudent".

"Personnellement, je prends un maximum de précaution. Faire le fou, ça ne vaut pas le coup et ce n’est vraiment pas pour moi", dit-il. 

"Souvent, les automobilistes ne regardent pas et ne nous calculent pas, le danger vient de là. Il faut donc savoir anticiper", dit-il.

Lorsqu’il circule en inter-file, il "n’hésite jamais à klaxonner un peu, parce que souvent les automobilistes sont sur leur téléphone ou font autre chose, notamment dans les embouteillages". 

"C’est vrai qu’il y a plus d’accidents ces dernières années même ces derniers mois, mais c’est sans doute parce qu’il y a aussi beaucoup plus de motos qui sont en circulation sur la route", avance Fredo Delmotte. 

- "Taper fort" -

La ligue contre les violences routières désespère face à cette explosion des accidents. "On fait passer des tonnes de messages, on n'arrête pas", déplore Marlène Dijoux, présidente de la ligue. "Comme je dis au préfet, je ne sais plus vers quel saint me vouer. C'est dramatique à l'approche des fêtes de fin d'année", souffle-t-elle. 

"Les campagnes de sensibilisation, ça ne fonctionne absolument pas", regrette la gendarmerie. "On communique sur les réseaux sociaux, et le lendemain on a un accident mortel. Il faut que les gens prennent conscience que la route c'est dangereux, les gendarmes ne sont pas sur le bord de la route à contrôler pour le plaisir", lancent les forces de l'ordre.

- Que faire face à ce constat ? -

Les usagers de la route "sont inconscients, ils boivent, fument ou ne font pas attention", dénonce Marlène Dijoux. "C'est de pire en pire, il faut taper fort", appelle-t-elle. "A ce point il faut saisir les véhicules, donner des ateliers de sécurité routière dans les établissements scolaires, donner un rappel de conduite obligatoire, une révision du code de la route. Et appuyer sur le fait qu'ils ne sont pas seuls sur la route", avance la présidente de la ligue. 

La gendarmerie, elle, va "redoubler ses contrôles". "Nous sommes présents tous les jours sur les routes de La Réunion, nous allons nous concentrer d'autant plus sur les deux roues", affirme-t-elle. 

Marlène Dijoux, elle, appelle les décideurs "à se mettre autour d'une table et voir ce que l'on peut faire pour limiter les morts sur les routes" et "dialoguer avec les motards, leur demander ce qu'il se passe". 

- Les motards en première ligne après les piétons -

Au 11 décembre 2025 l'observatoire départemental de la sécurité routière (ODSR) recense à La Réunion pour l'année 2025 : 873 accidents corporels (légers graves ou mortels. Les accidents matériels ne sont pas comptabilisés), 1.069 blessés dont 291 hospitalisés (plus de 24 heures).

Un motard a perdu la vie le 3 décembre dernier. Ce 9 décembre, c'est également un pilote de deux-roues de 39 ans qui est décédé après un accident avec une voiture dans le secteur de Bras Fusil.

En novembre 2025, quatre personnes sont décédées dans des accidents de la route, 1.039 ont été blessées et 286 hospitalisées, pour un total de 849 accidents corporels.

Depuis le début de l'année, les personnes tuées se répartissent comme suit : 15 motards, 14 piétons, 8 automobilistes, 3 cyclistes. 

En 2024, 39 personnes ont perdu la vie sur les routes réunionnaises, dont 6 sur le mois de novembre. 

Les tués se répartissent comme suit : 15 motards, 14 piétons, 8 automobilistes, 3 cyclistes


"Les comportements à risque restent à l’origine de la majorité des accidents graves sur l’île. L’alcool et les stupéfiants jouent un rôle majeur dans de nombreux accidents mortels. Un conducteur sous influence met sa vie et celle des autres en danger", soulignent les autorités. La vitesse excessive "demeure un facteur aggravant, notamment par temps de pluie ou sur chaussée glissante", notent-elles. 

De janvier à novembre, dans 27 % des cas, la vitesse est la cause principale des accidents, suivie de l’alcool et de l’inattention, responsables chacun de 21 % des situations. Les stupéfiants interviennent quant à eux dans 15 % des accidents.

À la fin novembre, parmi les victimes décédées, on comptait 38 % de piétons, 32 % de motards, 22 % d’automobilistes et 8 % de cyclistes.

La majorité des personnes tuées sont des hommes âgés de 25 à 44 ans, avec 14 décès recensés. Huit autres hommes avaient entre 45 et 64 ans, et cinq avaient entre 18 et 24 ans. Trois enfants de 0 à 13 ans ainsi qu’un adolescent de 14 à 17 ans ont également perdu la vie sur les routes en 2025.

Quatre femmes figurent aussi parmi les victimes d’accidents mortels : une enfant de 0 à 13 ans, une jeune femme de 18 à 24 ans, une autre âgée de 45 à 54 ans et une dernière de plus de 75 ans.

Lire aussi - Accident mortel sur la route des Tamarins : le parquet confirme que le décès est liée à un dysfonctionnement de l'airbag Takata

m.am/as/www.imazpress.com/[email protected]

guest
2 Commentaires
Issap
Issap
3 heures

Il y a des chauffards incontestablement sur la route, le téléphone est un fléau littéral
Mais les motards sont purement inconscients
Le matin dans les embouteillages, des motards qui limite insultent d’autres motards parce que ces derniers ne remontent pas la file assez vite, de l’inconscience pure et dure

Fangio
Fangio
3 heures

A force de laisser tout passer aux motards et de fliquer que les autos, voilà ce qui arrive. Ils se croient les rois de la route, tout permis et font les kékés. Ya qu'à les voir dans les remontés de files à tombeau ouvert. Limite s'ils filent pas des coups de pieds aux autos pas assez écartés à leur goût. Perso, je n'ai jamais vu des contrôles ciblés motards (et non scooters) avec contrôle papiers, test drogues, alcoolémie, respect code/signalisation,vitesse,...A croire que les motards de la police font 2 poids, 2 mesures.