Un an après le cyclone Chido : l’ONF intensifie ses efforts pour restaurer les forêts de Mayotte

  • Publié le 10 décembre 2025 à 16:37
  • Actualisé le 10 décembre 2025 à 16:42
Une femme parmi les maisons détruites d'un bidonville endommagé par le cyclone Chido à Mamoudzou, sur le territoire de Mayotte, le 31 décembre 2024

Dans la nuit du 13 au 14 décembre 2024, le cyclone Chido a frappé Mayotte provoquant des dégâts considérables sur l’ensemble de l’île. Dans les forêts, des centaines de milliers d’arbres ont été arrachés, déracinés ou cassés. Un an après, l’Office national des forêts (ONF) dresse un bilan des impacts sur les écosystèmes forestiers de Mayotte et présente les actions engagées pour leur restauration. Nous publions le communiqué ci-dessous (Photo d'archive)

Avec des vents dépassant les 200 km/h, le cyclone Chido a causé en quelques heures des dégâts considérables. Les forêts qui couvrent près de 30 % de l’archipel ont payé un lourd tribut. Toutes les forêts publiques gérées par l’ONF ont été touchées. Le constat est alarmant : de 30% à plus de 80% des arbres détruits laissant derrière eux un paysage dévasté. Les voies de circulation à travers les massifs sont devenues impraticables et les limites des forêts ont disparu.

Cette catastrophe a également bouleversé la biodiversité mahoraise. La destruction des habitats et la perte grandissante de ressources alimentaires touchent particulièrement les espèces frugivores comme les chauves- souris forestières et les makis.

Une année de mobilisation intense -

• Sécuriser, observer et surveiller les zones forestières sinistrées

Depuis la catastrophe, les équipes de l’ONF se mobilisent sans relâche. Après le passage du cyclone, la priorité et l’urgence a été de déblayer et de sécuriser les routes pour rétablir les accès aux massifs forestiers.

Dans les 3 premiers mois après le passage du cyclone, les agents du Conservatoire botanique national de Mayotte (CBNM) et de l’ONF ont effectué un travail visant à évaluer l’impact du cyclone sur les espèces à fort enjeu patrimonial.

En parallèle, avec l’appui d’ONF International, une évaluation des dégâts forestiers a été réalisée, associant photo-interprétation et expertises de terrain. Ce travail a permis d’élaborer des cartes précises du niveau d’impact sur les peuplements. Les données cartographiques réalisées ont également servi à redéfinir les périmètres des forêts publiques, indispensables pour prévenir le défrichement et l’implantation de cultures illégales.

• Des constats préoccupants

L’observation de la dynamique naturelle des végétaux a permis de tirer deux enseignements majeurs pour :

- Limiter la prolifération des espèces invasives : les sols nus ont favorisé la prolifération d’espèces exotiques envahissantes (corbeille d’or, avocat marron, acacia...), freinant la régénération naturelle. Pour y remédier, l’ONF mène des travaux ciblés d’arrachage dans le but de restaurer la biodiversité puis de permettre le retour des essences locales : takamaka, barabaï, badamier, fapevo, natte, bacoumoudzouani et mjilandzé.

- Garantir l’avenir des forêts grâce aux graines. La reconstruction des forêts mahoraises se heurte à un autre problème : la rareté des graines et le problème de diversité génétique causé par la diminution importante du nombre d’arbres sur lesquels les fruits sont récoltés. Face à cette urgence, une banque de graines va être créée à moyen terme, financée par le Fonds vert et portée par le CBNM.

L’ONF travaille également avec des pépiniéristes pour garantir l’approvisionnement en plants.

- Une reconstruction forestière qui s’inscrit sur le temps long -

L’ONF affiche son ambition : retrouver un couvert forestier satisfaisant d’ici dix à quinze ans. L’ampleur de la
tâche nécessitera un accompagnement et un suivi sylvicole sur le long terme.

Un principe fondamental guide la phase de reconstruction : permettre au maximum à la forêt de se régénérer naturellement. Lorsque la régénération naturelle ne suffira pas ou en cas d’incendies, des plantations seront réalisées, notamment dans les secteurs cruciaux pour la ressource en eau et la lutte contre l’érosion. Ainsi au cours des trois prochaines années, l’ONF prévoit de reboiser 20 hectares par an, avec une première campagne de plantation programmée entre janvier et février 2026.

L’ONF et les entreprises locales de travaux forestiers disposent d’une solide expérience dans ce domaine, acquise grâce au reboisement de plus de 50 hectares sur les bassins-versants ces dernières années. Cette expertise sera pleinement mise à profit pour engager ces nouveaux chantiers.

Dans tous les cas, qu’il s’agisse de plantations ou de régénération naturelle, les forestiers interviendront régulièrement (travaux et suivis) afin de permettre à la forêt mahoraise de se reconstituer dans les meilleures conditions. Cet effort sera rendu possible grâce à des financements européens, nationaux et privés.

"Nous avons travaillé avec le fonds de dotation ONF-Agir pour la forêt afin de mobiliser des fonds et financer les travaux de restauration. Nous travaillons avec le département ressources génétiques forestières de l’ONF afin d’accompagner le conseil départemental dans la remise en état de son arboretum, source principale de semences forestières pour l’île qui a été dévasté par Chido. Afin de répondre à ce grand défi, on avance pas à pas en prenant en considération la résilience des forêts et les capacités des acteurs de la filière, notamment les pépinières", dit Rachida Omar, directrice déléguée ONF à Mayotte.
  

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10 heures

Oublié pas planté pied banane