Un nouvel arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral pour prĂ©server les zones indemnes

Varroa : une ruche peut vivre avec le parasite

  • PubliĂ© le 27 juillet 2017 Ă  02:58
apiculteur

DĂšs l'apparition du varroa en mai dernier, au sein du rucher sentinelle du lycĂ©e Leconte de Lisle, les autoritĂ©s sanitaires, sous l'Ă©gide de la Direction dĂ©partementale de l'agriculture, de l'alimentation et de la forĂȘt (DAAF) et du Groupement de dĂ©fense sanitaire (GDS), ont tentĂ© de stopper le phĂ©nomĂšne en dĂ©truisant les premiĂšres ruches infectĂ©es par le parasite, porteur du virus de la varoose, qui affecte l'organe des abeilles servant Ă  nourrir leurs larves. La consĂ©quence directe de cet acarien sur les populations d'abeilles est un affaiblissement de leur santĂ© et donc de leur travail, remarquable par une baisse de production de miel. A ce jour, une seule colonie a Ă©tĂ© trouvĂ©e comme malade, tandis que les autres ne comptent que la prĂ©sence du parasite. Mais les autoritĂ©s se veulent rassurantes. Oui, les ruches peuvent continuer Ă  vivre avec le varroa, Ă  condition d'ĂȘtre surveillĂ©es.

 

Contrairement aux deux arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux prĂ©cĂ©dents, interdisant la transhumance des ruches, le troisiĂšme, publiĂ© en date du 25 juillet 2017 autorise de nouveau le dĂ©placement des colonies sur l’üle, sauf vers les cinq lieux dĂ©clarĂ©s indemnes Ă  ce jour face au varroa. Les trois cirques - Salazie, Cilaos et Mafate - ainsi que le plateau BĂ©bour BĂ©louve et le site de Grand Bassin au Tampon ne prĂ©sentent Ă  ce jour aucune trace du parasite.

De plus, les apiculteurs touchĂ©s ou non par cet acarien, ont aujourd’hui l’obligation de se dĂ©clarer auprĂšs des services de l’Etat, la collecte d’informations sur la population existante d’abeilles Ă  La RĂ©union Ă©tant utile Ă  la formation d’un plan efficace de lutte.

"Ce qui est important pour la lutte et la gestion de cette maladie, c’est que tous les dĂ©tenteurs de ruchers dĂ©clarent dans un premier temps leurs ruches pour que nous puissions repĂ©rer oĂč elles sont installĂ©es. Egalement, au moment des transhumances, il faut nous signaler les mouvements.

Si les apiculteurs dĂ©tectent le varroa, il faut que nous sachions quelles sont les ruches touchĂ©es et celles non-touchĂ©es, ce qui permet d’actualiser en permanence la connaissance sanitaire de la maladie" explique Philippe Sinon, directeur de la DAAF, dans un souci de dĂ©culpabilisation des agriculteurs concernĂ©s. "Non, on ne dĂ©truira pas leurs ruches et ce n'est pas de la fautes des professionnels" rappelle-t-il.

Ce recensement permettra également de faire une expérience inédite pour les services sanitaires, à savoir préserver les zones indemnes, ce qui, de mémoire de la DAAF, n'a pas encore été tenté au niveau national.

- Les ruches peuvent vivre avec le parasite -

Pour l'heure, on estime entre un tiers et deux tiers des colonies touchées par le varroa, sur les 16.000 colonies déclarées à La Réunion. Quelques jours seulement aprÚs la découverte du parasite sur l'ßle, l'éradication, qui s'opÚre en détruisant les ruches infestées, n'a plus été d'actualité, puisque les autorités sanitaires recensaient une quinzaine de foyers en quelques 72 heures de recherches.

Maintenant, "il conviendra de maintenir le parasite Ă  un niveau acceptable. Un rucher professionnel peut vivre avec le parasite, comme c'est le cas dans beaucoup de territoires et en France notamment, mais il convient par contre de mettre en place des traitements ou des mesures alternatives, toujours dans le but de faire descendre le niveau de parasite", qui doit ĂȘtre maintenu en dessous de 2.000 varroas pour la viabilitĂ© de la population d'abeilles, explique Loise de Valicourt, cheffe du service alimentation Ă  la DAAF.

Toutefois, "la ruche peut travailler avec ce parasite et il est possible d'avoir des revenus professionnels avec une ruche infestĂ©e" ajoute-t-elle. Les traitements existants s'Ă©lĂšvent Ă  une vingtaine d'euros par annĂ©e pour chaque ruche traitĂ©e, Ă  la charge de l'apiculteur, "qui peut Ă©ventuellement ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©e sur le prix du vente du miel" assure la DAAF.

Le groupement de veille sanitaire s'apprĂȘte Ă  monter un dossier pour la demande d'un plan sanitaire d'Ă©levage, qui permettra aux professionnels d'ĂȘtre fourni en mĂ©dicaments adĂ©quats, pour soigner les ruchers touchĂ©es par le varroa, pour ceux qui le souhaitent, car, d'autres apiculteurs, pratiquant la culture bio, ont "dĂ©cidĂ© de laisser faire".

A noter que l'espĂšce d'abeille prĂ©sente Ă  La RĂ©union, l'est aussi Ă  Madagascar. AprĂšs 5 ans d'effondrement des ruches, en raison de d'une infestation par le parasite sur la Grande Ile, il a pu ĂȘtre observĂ© une regĂ©nĂ©resence naturelle de l'abeille, qui se dĂ©fend et s'acclimate seule Ă  la prĂ©sence de l'acarien. La nature dira si les abeilles rĂ©unionnaises sont aussi "hygiĂ©niques" que leurs voisines.

jm/www.ipreunion.com

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