Plan de restructuration (actualisé)

Air Austral : aucun accord n'a été signé entre la direction et les syndicats

  • Publié le 3 mai 2024 à 20:49

Les dernières négociations n'ont rien donné au siège de Air austral ce vendredi 3 mai 2024. Un plan de restructuration doit être présenté, mais syndicats et direction n'arrivent toujours pas à trouver un accord. La menace d'une grève, du 10 au 15 mai, plane donc toujours. Aucune date n'a été décidée pour d'éventuelles prochaines négociations, et l'entreprise n'a pas bénéficié d'un nouveau délai pour signer l'accord (Photo rb/www.imazpress.com)

17h30 passée. La réunion se termine… sans accord au bout.

"Malheureusement on n'est pas parvenu à un accord mais on s'y attendait", note Baptise Dei Tos, représentant du syndicat SNPNC-FO.

"Les éléments de la rémunération sont toujours sur le plan de la restructuration. Après nos propositions ont été retenues sur la productivité mais l'impact sur les salaires non et cela est irrecevable", dit-il. 

Pour le syndicat, "nous n'acceptons pas de réduction des équipages".

Sur la suite, pas de calendrier donné, mais les négociations ne s'arrêteront pas là. "On veut qu'Air Austral fleurisse demain." "Si le directoire revient vers nous en ayant compris ce que nous avons expliqué une nouvelle fois alors il n'y a pas de raison qu'il refuse", ajoute Baptise Dei Tos.

Frédéric Bénard de la CFDT poursuit en déclarant que : "c'est toujours le désaccord complet puisque nous avons quitté la table avec un refus de pouvoir adhérer à cet accord de performance collective".

"Aujourd'hui les discussions sont clôturées et la CFDT ne participera pas à la signature de dispositif tel qu'il est".

Pour les deux syndicats, "les négociations continuent. On ne peut pas se permettre d'arrêter sinon c'est la fin d'Air Austral".

Toutefois, pour le SNPNC-FO, "le préavis de grève est maintenu".

De son côté, la direction explique que : "les négociations ne sont pas rompues. La direction a fait des propositions et des avancées qui tiennent compte des remarques faites par les syndicats".

"Notre priorité reste la pérennité de l'entreprise et son avenir." Cependant, "les heures sont comptées".

- La réunion de la dernière chance -

"On espère réellement qu'on va trouver des pistes de réflexions communes" indiquait Frédéric Bénard, de la CFDT, avant le début des échanges ce vendredi. "La dernière réunion qui s'est tenue hier soir était un échec, on est sorti de là avec une certaine amertume" soulignait-il.

"Aujourd'hui, c'est la dernière des dernières, donc on espère qu'on sortira avec des résutats" ajoutait-il auprès d'Imaz Press. Ecoutez :

Alors que le plan prévoit une baisse de 10% des salaires, les syndicats demandent un accord "gagnant-gagnant".

Le SNPNC-FO appelle à la grève les personnels de cabine du vendredi 10 mai à 0h, au mercredi 15 mai. "Ce préavis de grève est déposé alors même que des négociations sont en cours pour permettre à la compagnie de retrouver une santé financière durable et assurer son avenir" note la direction de la compagnie aérienne dans son communiqué.

"Nous avons une nouvelle réunion de négociations prévue ce vendredi 3 mai dans laquelle je fonde beaucoup d’espoir. Je fais d’abord appel au dialogue, pour que nous puissions trouver les voies et moyens de sortir de cette situation et que notre entreprise continue d’offrir à sa clientèle le service qu’elle attend" indique ensuite Joseph Bréma, président du directoire d’Air Austral,

Lire aussi - Air Austral : un préavis de grève déposé du 10 au 15 mai

Malgré l'absence d'accord, la direction estime qu'il n'y a pas de rupture de dialogue. "Les discussions se poursuivent mais le temps est compté" dit-elle à l'issue de la réunion.

- Un effort de 12,5 millions d'euros -

Depuis un mois, les actionnaires et les syndicats sont entrés en négociation pour sauver la compagnie régionale qui fait face à une situation déficitaire malgré un chiffre d'affaires record de 438 millions d'euros en 2023.

"C’est le plus haut chiffre d’affaires jamais atteint par l’entreprise", a souligné la Région.

Pour aider la compagnie, l'actionnaire privé d'Air Austral Run Air et de la Sematra (Région) a proposé d'aider pour un montant de 10 millions d'euros.

Un apport qui n'est pas sans conditions. L’objectif est de réduire la masse salariale de 10% après des négociations avec le personnel. L'effort demandé n'est pas anodin : 12,5 millions d'euros sur deux ans.

Il y a 4.500 emplois directs et indirects en jeu. Les deux parties sont conscientes que l’accord collectif doit être signé au plus vite.

Le plan de retournement exigé par l’État, le 19 mars dernier lors de la réunion interministérielle doit être présenté au gouvernement au plus tard d’ici la deuxième semaine du mois de mai.

Ce plan qui sera présenté devra comporter les efforts faits par l’entreprise au niveau de la réduction de ses coûts opérationnels et de la réduction de la masse salariale.

- Un plan de sauvetage pour la compagnie Air Austral -

En Assemblée plénière le jeudi 28 mars 2024, la Région Réunion a annoncé le déblocage d'une enveloppe de cinq millions d'euros pour la compagnie réunionnaise.

En juillet 2021, "nous nous trouvons face à une compagnie aérienne affaiblie", avait déclaré Normane Omarjee, vice-président de la Région Réunion. "L'existence d'Air Austral contribue à faire vivre, survivre des équipements comme l'aéroport."

"La disparition d’Air Austral constituerait une perte sèche pour notre territoire, à hauteur de 100 millions d’euros par an", a ajouté Normane Omarjee.

Lire aussi - La Région Réunion vote une enveloppe de cinq millions d'euros pour "aider Air Austral"

Le 7 mars 2024, le Conseil de surveillance s'est réuni. Les actionnaires publics et privés ont accepté collectivement d’accompagner l’entreprise par un apport financier d’un montant de 10 millions d’euros.

Lire aussi - Air austral : 10 millions d'euros d'apport des actionnaires pour "accompagner l’entreprise"

"Pour accompagner l’entreprise à être plus performante, un effort collectif est indispensable. Des mesures de gestion internes plus rigoureuses concernant la maîtrise et la réduction des coûts ont ainsi été validées", annonce Air Austral.

Le 25 janvier 2023, c'est le Département qui a souhaité accompagner le sauvetage de la compagnie aérienne Air Austral à travers des bons de souscription à hauteur de 5 millions d'euros. Par cette opération, le Conseil département détient désormais 20% du capital de la SEMATRA, société actionnaire de la compagnie.

Le 5 janvier 2023, la Commission européenne a autorisé, le projet de la France d'octroyer une aide à la restructuration d'un montant de 119,3 millions d'euros pour permettre le retour à la viabilité de la compagnie aérienne Air Austral, ainsi qu'une aide d'un montant de 17,5 millions d'euros pour indemniser cette compagnie des dommages subis suite à la pandémie du coronavirus entre le 17 mars et le 30 juin 2020.

Une annonce qui faisait suite à l'approbation par la Commission d'une aide au sauvetage sous forme d'un prêt de l'État français d'un montant de 20 millions d'euros en faveur d'Air Austral le 18 janvier 2022.

Lire aussi - Air Austral : la Commission européenne autorise le plan de restructuration de 119,3 millions d'euros

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Et pourtant, la compagnie a bénéficié d’un effacement de dettes de 116 millions d’euros assortie d’une clause de "retour à meilleure fortune".

- Une compagnie abattue par la crise sanitaire -

La compagnie aérienne est en grandes difficultés financières depuis la crise sanitaire. Une crise qui n’a fait qu’accentuer une santé financière fléchissante.

La compagnie a en effet connu des difficultés en 2012, lors de la crise conjoncturelle.

En 2020, les difficultés empirent : alors que la compagnie fait un chiffre d’affaires de près de 413 millions d’euros, le Covid passe par là, faisant chuter l’activité d’Air Austral, à l’instar de toutes les compagnies aériennes. L’entreprise connait une baisse du trafic de 77% et une baisse de son chiffre d’affaires de 55%. Comme l’explique la Région, son chiffre d’affaires est passé de 413 à 185 millions d’euros, soit une baisse de 225 millions d’euros.

Pour aider la compagnie aérienne à ne pas se crasher, les actionnaires se sont mobilisés. Selon les chiffres donnés par Didier Aubry, en 2020, il y a eu un prêt actionnaire avec un apport de 30 millions d’euros de la Sematra et 90 millions des banques. En 2021 et avec la poursuite de la crise sanitaire, Air Austral sollicite une nouvelle aide. L’État apporte 20 millions d’euros et la Sematra mobilise 10 millions d’euros. Des aides qui s’ajoutent au dispositif de droit commun, à savoir le chômage partiel et l’étalement des aides fiscales.

Mais cela ne suffit pas. En 2022, une aide au sauvetage de la compagnie est notifiée à la commission européenne. Un sauvetage nécessaire, tant la situation financière d’Air Austral est aujourd’hui dégradée.

Lire aussi – Air Austral : les salariés et des élus se mobilisent pour sauver la compagnie

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- La direction confiante -

Alors que la compagnie traverse des turbulences, Imaz Press s'était entretenu avec Joseph Bréma, président du directoire de l'entreprise. Il parle d'"une belle compagnie avec des atouts indéniables", ne cache pas les difficultés auxquelles il a dû faire face et assure "être confiant".

"Nous rencontrons certes une phase de turbulences, mais j’ai foi en l’ensemble du personnel de la compagnie pleinement mobilisé pour que nous soyons transparents vis-à-vis de nos clients. Aujourd'hui toutes nos énergies sont dirigées vers le maintien de notre activité opérationnelle pour que cela n'impacte ni les voyages, ni la qualité de service proposés à nos passagers."

Pour Joseph Bréma, les mauvais résultats de la compagnie sont dus à une conjonction de facteurs exogènes. "Il y a tout d’abord les facteurs géopolitiques. Je pense à l'interdiction de survol du Soudan et du Niger, entrainant des temps de vol prolongés induite d’une augmentation de la consommation de carburant et des frais de maintenance. Nous devons aussi faire face à une chute du global du trafic du fret aérien, s’accompagnant d’une baisse de la recette unitaire. Nous avons aussi des difficultés d’approvisionnement en fournitures et équipements aéronautiques et le contexte inflationniste en découlant sur les coûts de réparations et de remises en état des avions."

À ces contraintes se sont ajoutées des difficultés opérationnelles affectant les opérations de la compagnie depuis des mois.

"Pour faire face à ces défis opérationnels, la compagnie a été contrainte de puiser dans ses liquidités et de recourir à des affrètements auprès d’autres opérateurs, pour que la situation soit la moins pénalisante possible pour sa clientèle."

Lire aussi - Air Austral : "une belle compagnie" qui doit faire face à des difficultés mais "confiante" en son avenir

- Air Austral, une compagnie chère aux Réunionnais -

Pour rappel, c’est en 1990, que la compagnie aérienne voit le jour à La Réunion, suite à une volonté locale. Son premier vol s’est déroulé le 27 décembre 1990. Comme l’a expliqué Didier Aubry de la Région, son développement s’est effectué en trois phases. En 2003, la compagnie se lance sur le long-courrier vers la métropole. En 2009, Air Austral poursuit son développement vers le grand régional, avant une crise conjoncturelle en 2012. Dernière phase, en 2016, lorsque la compagnie ouvre une liaison Mayotte-Paris.

La compagnie aérienne est le premier transporteur sur plateforme aéroportuaire avec 48% de part de marché et plus d’un million de passagers. Concernant le fret, c’est plus de 15.000 tonnes de marchandises qui transitent. La compagnie réunionnaise est le 3ème employeur de l’île avec près de 950 salariés. Elle dispose également de 3 Boeing 777, 2 Boeing 787 et 3 Airbus A220-300.

Lire aussi – Air Austral : fin de vol confirmée pour Marie Joseph Malé

ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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10 Commentaires
Patrick
Patrick
4 mois

Air Austral,une compagnie atteint d'un symptôme sans remède que la majorité régionale insoumise s obstine a maintenir sous perfusion ,dont il va falloir abréger son agonie,ce que Mme Bello ne comprendra jamais puisque ancienne syndicaliste et en plus devenue insoumise.

Marsouins 420
Marsouins 420
4 mois

Des dirigeants se remplissent les poches sur le dos des employés et des passagers. Tous nos députés voyagent en classe Business sur CORSAIR.Cherchez l'erreur. Une compagnie locale OUI mais pas à n'importe quel prix.

Marsouins 974
Marsouins 974
4 mois

Je tiens juste à signaler qu'aucun des députés de la Réunion ne voyagent sur Air Austral. Cherchez l'erreur. Ils voyagent tous en classe Business sur Corsair qui est beaucoup moins chère que Air Austral. Des dirigeants se remplissent les poches sur le dos des employés et des passagers. Une compagnie locale oui mais pas à n'importe quel prix.

Marthe
Marthe
4 mois

l'entreprise vacille...au même moment que la disparition de son créateur...

Pierrot 974
Pierrot 974
4 mois

Comment une compagnie qui bénéficie de presque tout le fret et a des avions toujours pleins comme des huitres peut-elle être déficitaire ? Qui se goinfre ?...

Sabouc
Sabouc
4 mois

Je constate sur les vols d'AA beaucoup de GP. Exemple sur un vol Gillot / Bangkok il y a eu jusqu'à 20 GP.
Quand une Cie aérienne offre autant de facilités pour obtenir des sièges GP (généralement en classe supérieure) je dis qu'elle a un gros problème et que ça ne peut que mal se terminer.

Moine
Moine
4 mois

Sans oublier les avantages concernant les voyages des employés et de leur famille, sans oublier les elus

Brigand
Brigand
4 mois

Il faudrait déjà revoir à la baisse certains avantages dont bénéficient certains gro zozo !

HULK
HULK
4 mois

Un plan de sauvetage? Mdr. Est-ce que l'on a sauvé le Titanic?

renard albert
renard albert
4 mois

C'est de la faute de la Région