Éco-contribution

Véhicules électriques : les batteries lithium-ion usagées bientôt (enfin) exportées pour recyclage

  • Publié le 5 août 2025 à 13:13
  • Actualisé le 12 août 2025 à 15:38
borne de recharge pour voitures électriques

Avant de vendre un véhicule électrique, les revendeurs doivent s'assurer du recyclage de la batterie au lithium-ion, un produit hautement inflammable. Mais le centre le plus proche se trouve à 10.000 km de La Réunion. Si depuis février 2025, la compagnie CMA CGM permet d'envoyer ces déchets dangereux vers l'Hexagone, cela coûte cher. À compter de janvier 2026, un éco-organisme verra le jour, obligeant les producteurs eux-mêmes à financer la gestion des batteries. De quoi permettre s'en débarrasser en toute sécurité et à moindre coût... sauf pour les usagers qui devront sans doute mettre la main à la poche pour compenser, de fait, l'éco contribution des producteurs (Photo www.imazpress.com)

Actuellement, les batteries lithium-ion usagées – considérées comme des déchets -, sont stockées chez les garagistes, concessionnaires.

Dans l'île, Suez Réunion-Valorisation Réunion dispose depuis fin 2024 d'une installation capable de sécuriser et conditionner ces batteries sur le site de Saint-André (plateforme de déchets dangereux). Elle récolte les batteries déposées par l'Association de traitement des batteries de La Réunion (ATBR).

- Un export des batteries au lithium qui coûte cher -

Si un moyen d'exporter ces batteries existe, il a forcément un coût "qui n'a pas été anticipé", explique Suez Réunion. "D'où l'attente des différents acteurs concernant la mise en place de la filière REP (Responsabilité élargie des producteurs)", ajoute Suez, contacté par Imaz Press.

En attendant, Suez et la compagnie CMA CGM "ont permis d'établir des protocoles d'empotage faisant appel à des emballages agréés et sécurisés, avec des dispositifs de protection en cas d'incendie", explique Suez Réunion. Il s'agit de transport dans des conteneurs réfrigérés, équipés d'un système de détection et d'extinction d'incendie.

Lire aussi - 200 batteries au lithium prennent feu au Port Ouest : incendie maîtrisé mais pas éteint

Ces batteries sont classées comme matières dangereuses selon le Code IMDG (International Maritime Dangerous Goods Code). "Le lithium, au contact de l'air (s'il y a un défaut sur la batterie) s'embrase et pas grand-chose n'arrête l'incendie, même en étant immergé ça peut brûler", expliquait Philippe-Alexandre Rebboah, lors d'une précédente interview. Leur transport est donc autorisé mais strictement encadré.

Mais ce dispositif a une double contrainte : le coût, estimé à 5.000 euros la tonne de batterie et "le nombre limité de conteneurs de batterie lithium-ion par navire", ajoute Suez.

Suez Réunion explique d'ailleurs qu'ils "n'ont pas encore exporté de conteneur de batteries lithium-ion ayant le statut de déchet". "Dès lors que l’unité de sécurisation et d’empotage sera alimentée, elle sera forcément suivie d’exportations".

- Une nouvelle filière à La Réunion pour recycler les batteries des véhicules électriques -

À compter du mois de janvier 2026, une nouvelle filière va voir le jour. "Il s'agit d'un éco-organisme d'une filière dite REP (Responsabilité élargie des producteurs) qui donne l'obligation au producteur, donc au metteur sur le marché, de financer la gestion des déchets issus du produit qu'il a mis en circulation", explique Suez Réunion. C'est ce que l'État appelle : "le concept du pollueur payeur".

En théorie, "les éco-organismes qui seront agréés dans le cadre de la filière REP devront prendre en charge financièrement la collecte, l’évacuation, le traitement et le recyclage des batteries lithium-ion", ajoute Suez.

Les éco-organismes sont financés par l’écocontribution, versée par les entreprises qui lui sont adhérentes. Cette écocontribution finance l’ensemble des obligations des fabricants et distributeurs (prévention, collecte, tri, recyclage des déchets...). 

Si un appel à projet avait été lancé en 2023 par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) pour un centre de traitement à La Réunion, "c'était finalement impossible car le gisement n'est pas suffisant", explique Philippe-Alexandre Rebboah, président du Syndicat de l'importation et du commerce (SICR).

Conséquence dommageable pour le protefeuille des usagers : ils devront sans doute payer un peu plus cher leurs véhicule pour compenser, de fait, l'éco contribution des producteurs

- Le marché de l'électrique en berne à La Réunion -

A noter toutefois que les batteries usagées, n'encombrent pas La Réunion. Si en 2023, les stocks étaient saturés, "la pression a baissé en raison d'une chute libre du marché de l'électrique", note Philippe-Alexandre Rebboah, président du Syndicat de l'importation et du commerce (SICR).

Un marché mis à mal "par une déchéance de la consommation et les politiques locales de taxation des véhicules hybrides", ajoute-t-il.

Au 1er mars 2025, La Réunion a décidé de mettre en place un octroi de mer progressif sur les voitures électriques, allant de 0% à 24,5% du prix du véhicule.

L’année 2024 a déjà marqué un net recul des ventes de véhicules électriques à La Réunion. Pour la première fois depuis l’essor du marché en 2016, les ventes ont chuté de 22%, selon les données de la préfecture.

En janvier 2025, la tendance s’est accentuée avec une baisse de 47% sur le premier mois de l'année. 

Lire aussi - Voitures électriques : quand le moindre problème de batterie vide les porte-monnaies

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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6 Commentaires
Run
Run
2 mois

Plusieurs remarques à propos de ce sujet:
- pour pouvoir traiter ces batteries, il faut atteindre un nombre critique pour que l'on puisse en faire quelque chose. Je pense qu'il est maintenant possible de les exporter parce que ce nombre commence à être atteint
- ici on parle de coût, or il faut savoir que ce surcoût, on le paie déjà lorsque l'on achète les voitures. C'est ce que les vendeurs nous expliquent lorsque l'on prend un véhicule chez eux; c'est déjà intégré dans le prix d'achat. Donc qu'on n'aille pas nous dire qu'il va falloir payer une nouvelle fois. On a déjà payé les concessionnaires pour ça
- pour le recyclage sur place, même remarque que précédemment, maintenant qu'il commence à y avoir un nombre non négligeable d'électriques, on peut disposer de suffisamment de batteries pour faire fonctionner une filière locale. Ca a plus de sens que d'envoyer ces batteries à 10.000km; ça crée des emplois et de la compétence.
- mais avant d'envoyer ces batteries à 10.000km ou de les recycler, il faut savoir que la très grande majorité de ces batteries est encore fonctionnelle et ce pour de nombreuses années. Et ces batteries là peuvent servir d'accumulateur pour énergies renouvelables, surtout solaire.
Cela permet ensuite de restituer l'énergie dans le réseau notamment le soir quand il n'y a plus de soleil et que c'est l'heure de pointe.

Bref, on peut toujours présenter quelque chose comme une source de problème, mais selon l'angle et la volonté, on peut en faire une solution.

Mais force est de constater qu'à plusieurs niveaux, on manque de connaissance et surtout bourré d'a priori sur la question.
On le constate notamment sur la fiscalité récemment imposée par la Région Réunion, où l'octroi de mer appliqué aux voitures électriques (VE) a été choisi de manière arbitraire.
En effet, la Région a fixé les taux en fonction de la puissance du véhicule.
Parce qu'elle considère que la pollution générée par un VE est proportionnelle à la puissance de son moteur.
Ça c'est un raisonnement peut-être valable pour un moteur essence ou diesel mais absolument pas pour l'électrique.

Première incohérence: J'ai par exemple une e-208 de 136ch (donc pas d'octroi de mer) qui dans toutes les configurations (ville, route, autoroute) consomme plus voire beaucoup plus qu'un Hyundai Kona de 204ch (octroi de mer 8%).

Deuxième incohérence: Peugeot a sorti depuis un nouveau moteur bien plus efficient, qui fait donc sensiblement baisser la consommation des e-208 actuelles.
Ce nouveau moteur fait 156ch, donc n'est plus dispensé d'octroi de mer car contrairement aux faits, la Région considère que ça pollue plus car 156ch au lieu de 136 ch.

Troisième incohérence: la Région utilise la puissance faciale d'une voiture pour lui fixer son octroi de mer; or encore une fois, une voiture électrique ne fonctionne pas comme ça. Exemple: un Renault Scenic électrique fait en puissance faciale 218ch. En réalité, elle fait en puissance nette 68ch, et c'est ce qui est indiqué sur la carte grise, ce qui correspond donc à sa puissance officielle.

Enfin quatrième incohérence, oui ça en fait beaucoup: le nouveau système de taxation a fait en sorte que des voitures hybrides puissantes soient moins taxées d'une voiture électrique de puissance équivalente. Exemple: VW Tiguan hybride de 272ch taxée à 6,5% alors qu'une VW ID4 de 286ch est taxée elle à 14,5%; soit plus du double.
Il va de soi que la pollution engendrée par l'usage de la Tiguan est nettement supérieure qu'à celle engendrée par l'ID4 tout au long des véhicules.

Du coup, face à tout cela, à ces incertitudes que fait naturellement le client? Il se dirige vers les modèles thermiques car cette taxation telle qu'elle a été mise en place joue un effet dissuasif auprès du grand public. On ne peut pas le nier.

Voilà les conséquences d'une décision basée sur l'ancien monde qui ne peut pas être transposée telle qu'elle à quelque chose de nouveau.

Si l'on souhaite réellement que la bascule ait lieu, et normalement, c'est décidé comme tel au niveau national, il faudrait qu'il y a une forme de convergence globale pour suivre une trajectoire et non un empilement de décisions qui vont dans tous les sens et qui font au final que les gens doutent et soient paumés.
Donc il faut créer un ecosystème favorable au développement des VE + celui des transports en commun + celui des énergies renouvelables.
Mais il faut pour cela une réelle volonté, sa mise en pratique et donc s'y mettre à fond.

Zan marie le maillon faible de l est
Zan marie le maillon faible de l est
2 mois

Mi roule en 208

Doudou
Doudou
2 mois

Si on comprend bien ce qui est écrit vu la dangerosité des ces batteries, on peut en conclure qu il y a des bombes roulantes en circulation .

Run
Run
2 mois

Vous roulez certainement avec un diesel ou une essence j'imagine.
Corrigez moi si je me trompe, mais le carburant n'est il pas un liquide hautement inflammable?
Et puis dans le même ordre d'idée, le moteur thermique ne s'appelle t il pas concrètement moteur à explosion?
Du coup, chaque jour que vous roulez, vous vous dites également que vous êtes à bord d'une véritable bombe à explosion?
Je ne sais pas, regardez les rubriques faits divers toutes les semaines, on a bien des voitures qui brulent sur le bord de la route ...

jean peuplu
jean peuplu
2 mois

C'est vrai que l'essence c'est bien moins dangereux car pas du tout inflammable...

123456
123456
2 mois

Si une batterie se retrouve avec un défaut, cela peut arriver, oui. Il n'y a normalement pas d'explosion cependant, juste un incendie qui ne s'arrête que très difficilement. Le contact avec de l'eau peut provoquer de petites explosions cependant, oui. (Des vidéos sont disponibles sur le net, pour voir ce que cela peut donner avec des batteries de téléphone par exemple).

Une voiture électrique qui prend feu, cela peut donner un incendie qui dure plusieurs heures, voir jours, même avec l'intervention des pompiers.

Mais techniquement, on a tous une batterie lithium dans la poche, déjà : Tant qu'elles restent intactes, cela se passe bien. Les deux plus grands dangers pour ces batteries sont la perforation et la surchauffe. Les défauts de fabrication sont heureusement très rares.