Médiation animale

Chiens, chats, chevaux, oiseaux... quand les animaux guérissent nos maux

  • Publié le 16 avril 2023 à 11:38
chat alors

Reconnu depuis longtemps pour apaiser les cœurs et les corps, l'animal est un être qui sait apporter ce qu'il y a de mieux à l'être humain. À La Réunion, une enseignante a fait de la médiation animale son cheval de bataille. L’animal favorise le lien, la relation à l’autre. C’est un médiateur qui cherche l’interaction. Il va vers l’autre sans jugement et procure de l’apaisement (Photo www.imazpress.com)

Yasmine Letourneux, enseignante au collège Terrain Fayard de Saint-André et Anaïs Simiand, professeur en unité Ulis, accompagnent depuis le début de l'année des élèves en Unité localisée pour l'inclusion scolaire (Ulis) et des élèves en grande difficulté.

Pour Yasmine, passionnée d'animaux et propriétaire d'un chien et d'un cheval, c'est donc naturellement que lui est venue l'idée de la médiation animale. Utiliser la médiation animale pour apprendre à observer, comprendre, réagir, se contrôler, progresser, se confronter à de nouvelles situations hors cadre.

Lâcher d'oiseau, partenariat avec la Seor, équithérapie… "Ces journées consistent à emmener les élèves en dehors de l'école pour leur faire apprendre des choses autrement et surtout les faire travailler sur eux-mêmes", explique-t-elle.

"Dans notre cas, on utilise la médiation animale avec, comme objectif, d'aider nos élèves à s'exprimer, à sa dépasser, à interagir et aussi à se contrôler."

"Sortir ces jeunes c'est leur permettent de se confronter à de nouvelles expériences et d'aller chercher par eux même des solutions à leur mal être ou à leur handicap", note une thérapeute.

Des élèves qui, outre leurs efforts répétés et tous les obstacles rencontrés au quotidien peuvent créer une lassitude ou un découragement, voire un épuisement qui met en péril leur progression et leurs études. 

Lors de sa dernière sortie, l'enseignante d'espagnol a emmené douze élèves Ulis et douze collégiens de classe "ordinaire" qui rencontre des difficultés telle que l'hyperactivité, l'insolence, le mutisme ou encore la timidité. Bien sûr, elle est entourée de professeurs, d'assistants d'éducation et d'AESH (Accompagnant pour les élèves en situation de handicap).

"Des sorties qui nous ont permis de voir les élèves autrement, de les voir concentrés, impliqués, s'entraider et même faire preuve d'une grande douceur et de délicatesse avec les animaux", souligne Yasmine Letourneux.

Trois de ces élèves, qui en temps normal ont du mal à s'exprimer, "ont enfin pu parler aux adultes, mais aussi à leurs camarades et aux intervenants", se réjouit-elle.

"Certains nous ont aussi montré qu'ils ont beaucoup de connaissances sur la nature et cela nous aide également à leur proposer des projets d'orientation", ajoute l'enseignante du collège Terrain Fayard.

Si elle le sait, "il n'y a pas de miracle", elle retient "beaucoup de positif sur ces moments".

- Le cheval, un animal imposant, qu'attachant -

Le dernier projet de sortie en date, fut un passage par les écuries du Bernica.

Être en contact auprès de chevaux, ces animaux imposants, peut faire peur aux enfants. Mais cela leur apprend surtout à prendre confiance et à être sereine pour ne pas surprendre l'animal.

"La taille et la beauté de cet animal, largement utilisé à des fins thérapeutiques, a vocation à les amener à admirer, craindre, surmonter la peur et entrer en contact avec l'animal", souligne Yasmine Letourneux.

Stéphanie Meunier est la gérante d'Equi&Cie au Bernica. Un centre de ressources prodiguant l'équithérapie, l'art thérapie et la permaculture.

"Avec le cheval comme médiateur, nous, thérapeutes, accompagnons des personnes en situation de handicap, des personnes fragilisées ou en difficultés d'insertion sociale dans le développement de leurs capacités à mieux vivre dans la société. Nous contribuons à des actions en faveur de la recherche, de l’expérimentation et de l’innovation dans la relation d’aide", nous explique Stéphanie Meunier.

"La relation avec le cheval, lorsqu’elle est mise en œuvre dans le cadre d’un projet adapté, contribue à améliorer le développement des compétences de la personne sur les plans psychologique, affectif, cognitif et sensori-moteur. Elle intervient également dans l’amélioration des relations intrafamiliales, interpersonnelles et des interactions sociales. Elle est source d’apaisement et de plaisir", ajoute l'équithérapeute.

La mise en relation avec le cheval se fait à travers des activités suggérées en fonction des objectifs définis préalablement avec le bénéficiaire ou bien son prescripteur.

"En fonction des résultats recherchés nous proposerons des activités telles que le nourrissage, la communication inter espèce, des balades en main, etc. Ce qui va nous permettre d’aborder les fragilités sous forme de JEU pour améliorer le JE de la personne", précise la spécialiste.

Il s’agit de mettre en œuvre une relation avec l’animal "qui ne conduit pas forcément à la mise à cheval et qui n’aborde jamais l’enseignement de l’équitation, même adaptée, qui reste le métier des centres équestres".

"Les différentes fonctions du cheval sont multiples : alimentaire, locomotrice, communicationnelle, biomécanique, affective, mythique, sociale, identitaire, compagnonnage", note la gérante des écuries du Bernica.

Yasmine Letourneux ne s'est pas seulement arrêtée au chevaux. Bie, avant cela, elle a emmené ses petits collégiens à la rencontre de la Société d'étude ornithologique de La Réunion (Seor).

- Une aide à visée thérapeutique -

L’animal favorise le lien, la relation à l’autre. C’est un médiateur qui cherche l’interaction. Il va vers l’autre sans jugement, sans intention, sans communication verbale. Il est spontané, stimule, éveille, réconforte de manière naturelle. Il permet le partage et une relation authentique. L’animal assure un rôle de catalyseur social et procure de l’apaisement.

La définition de Résilienfance qui est : « La médiation animale est une relation d’aide à visée préventive ou thérapeutique dans laquelle un professionnel qualifié, également concerné par les humains et les animaux, introduit un animal d’accordage auprès d’un bénéficiaire. Cette relation, au moins triangulaire , vise la compréhension et la recherche des interactions accordées* dans un cadre défini au sein d’un projet. La médiation animale est donc un domaine en soi, celui des interactions Homme-Animal, au bénéfice des deux (chacun apporte ses ressources à l’autre).  »

La médiation animale est donc une relation d’aide à visée préventive ou thérapeutique alliant l’humain et l’animal. Dans celle-ci, un animal, préalablement sélectionné et entraîné, améliore le bien-être d’un ou plusieurs bénéficiaire(s) dans les domaines éducatifs, sociaux et/ou thérapeutiques. Elle regroupe la thérapie assistée par l’animal (assimilée à la zoothérapie) et les activités assistées par l’animal (assimilées à la zooanimation).

Les élèves en difficultés ne sont pas les seuls concernés. La médiation animale se fait aussi en milieu hospitalier auprès des malades ou alors avec les personnes âgées.

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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1 Commentaires
Antipode
Antipode
2 ans

Et après cette belle démarche thérapeutique, tout ce petit monde a été manger des animaux à la cantine ? Bonjour la dissonance-cognitive !