Cherche places désespérément… En ce lundi 31 octobre 2022, nous sommes la veille de la Toussaint. La Toussaint, fête où les morts sont honorés. Des morts qui méritent d’être enterrés ou incinérés dignement. Mais de nombreux cimetières de l’île font face à une forte saturation, ne pouvant permettre aux proches de faire le deuil et de respecter le souhait du défunt. Manque de place, pénurie de concession… les communes ont fort à faire pour aider les familles. (Photo rb/www.imazpress.com)
Il n’y a plus de places dans les cimetières… Voilà le triste constat que l’on peut faire dans les cimetières réunionnais. Alors que l’un de nos proches perd la vie, à la tristesse s’ajoute la difficulté de lui offrir une sépulture digne. Aucun secteur de La Réunion n’échappe à cette saturation.
C’est notamment le cas à La Possession. « La commune dispose de deux cimetières, l’un à Dos d’Âne et l’autre à la Ravine à Marquet mais le deuxième étant complètement saturé », explique la mairie. Dans l’Ouest également, à Saint-Paul, la saturation est au cœur des discussions. « À Saint-Paul on a 11 cimetières et tous sont saturés », indique le maire, Emmanuel Séraphin.
Dans le Sud, même triste constat. À Saint-Pierre, « les cimetières sont en capacité limitée ». Seul le cimetière paysager et les cimetières des écarts permettent de répondre à la demande des administrés », ajoute la mairie.
Dans l’Est et le Nord de l’île, idem. À Saint-André, comme à Saint-Denis ou encore Sainte-Marie, les cimetières sont saturés.
La raison de ce manque de place, pourrait être la hausse des décès à La Réunion ces dernières années. En 2021, des décès ont augmenté de plus de 13 % (5.570 personnes sont décédées). Des décès qui résultent pour la plupart du vieillissement de la population.
- Aux communes d'agir -
Lorsqu’un cimetière frôle la saturation, il incombe donc à la mairie et aux collectivités d’y remédier. Les collectivités exerçant un pouvoir de gestion, de création, et d’aménagement des cimetières. Selon l’article L.2223-2 du code général des collectivités territoriales, « le terrain consacré à l'inhumation des morts est cinq fois plus étendu que l'espace nécessaire pour y déposer le nombre présumé des morts qui peuvent y être enterrés chaque année ». De plus, les communes de plus de 2000 habitants ont l’obligation d’avoir un site cinéraire avec colombarium, espace d’inhumation d’urnes et jardin de dispersion de cendres.
Concernant les concessions, la loi du 21 février 2022, loi 3DS, a réduit le délai de reprise des concessions échues et en état d’abandon à un an et quatre mois. Cette loi oblige d’ailleurs les communes à informer les concessionnaires ou leurs ayants droit du droit au renouvellement à la concession dans les deux ans qui suivent l’échéance.
Extension, reprises de concessions… les communes tentent donc de trouver de nouveaux espaces.
Dans le Nord de l’île, à Saint-Denis, on met tout en œuvre pour respecter les dernières volontés des défunts. « La perte d’un proche est un moment douloureux et donc nous avons décidé d’améliorer le centre funéraire avec, la mise en place d’un puits de dispersion ou encore la construction d’un ossuaire », précise la mairie.
À Sainte-Marie, en raison de la saturation des deux cimetières du centre-ville et de la Rivière des Pluies, il est difficile de respecter le souhait des familles. C’est d’ailleurs en ce sens que la commune a lancé un recensement des concessions funéraires, afin de dresser un état exhaustif des occupations et identifier les emplacements à l’abandon.
À Saint-Pierre aussi, on prend ce problème de saturation à bras-le-corps. « Le futur cimetière de la Ligne Paradis est en cours », nous indique la mairie.
Au Tampon, il existe trois cimetières, un à la Plaine des Cafres, un à Bras de Pontho et un en centre-ville. « Concernant ceux du centre-ville et de Bras de Pontho, ces deux cimetières comptent au total 7.400 tombes utilisées et non utilisées », indique la commune. Les trois cimetières devant chacun accueillir bientôt un colombarium. La commune du Tampon préfère anticiper des demandes en hausse et une possible saturation. Même si certaines concessions ne sont pas utilisées, la commune « recherche du foncier pour agrandir l’existant, car c’est une demande ».
À Saint-Joseph, face au manque de place, la commune a aménagé un jardin du souvenir et des casiers de colombarium dans ses cimetières du centre-ville, des Lianes et de Vincendo.
Dans l’Ouest, à Saint-Paul, le maire a dévoilé le vendredi 28 octobre 2022, l’extension du cimetière du Guillaume. « L’extension permettre d’avoir 680 concessions en plus », explique le maire. Outre ce cimetière, en 2024, l’extension concernera les cimetières de Tan Rouge et de Villèle. En tout, d’ici 2024, la commune aura 1.800 concessions supplémentaires. « Souvent les familles veulent de nouvelles concessions et donc on doit prévoir les espaces et anticiper », indique Emmanuel Séraphin. Autre projet à l’étude du côté de Saint-Paul, la création d’un cimetière intercommunal pour répondre aux saturations actuelles dans l’Ouest.
Dans l’Ouest également, à Saint-Leu, c’est le cimetière qui a eu le droit à son extension.
Pour pallier la saturation des cimetières, la commune de La Possession a procédé à l’extension en avril dernier. « Elle inclut un carré musulman », indique la commune. « Il y a également un colombarium de 84 places dont 8 restent disponibles », ajoute-t-elle. Le colombarium étant un lieu où sont conservées, dans des niches, les urnes contenant les cendres des morts. Grâce à cette extension, « une cinquantaine de concessions sont disponibles à Dos d’Âne et 300 à Ravine à Marquet ».
Toutefois, la commune de l’Ouest le reconnaît, cette extension n’est qu’un pansement mis sur une problématique bien plus large. « L’extension ne fait que repousser une nouvelle saturation. »
- Saturation des cimetières – la crémation comme solution ?
Malheureusement le foncier n’est pas extensible. Au fur et à mesure des années, les communes risquent d’être toujours confrontées à ce même problème de saturation.
Pour lutter contre ce manque d’espace, l’aménagement des sites par la commune doit être repensé. Dans ce contexte, la crémation est devenue une alternative à envisager. Des cendres que les familles peuvent déposer au columbarium. Pour ceux qui souhaitent faire disperser leurs cendres, plusieurs communes de l’île disposent d’un jardin du souvenir.
Sur le territoire de la Civis, en 2022, il y a eu 450 inhumations. Une pratique que les défunts et familles choisissent de plus en plus. Si en 2021, le chiffre était moins élevé, ce fut en raison de la panne du four crématoire.

Les raisons qui peuvent pousser les défunts à choisir l’incinération sont diverses et variées. À Saint-Pierre, c’est généralement par conviction religieuse, par manque de place ou car la tombe familiale est occupée depuis moins de cinq ans.
Mais là encore, le choix appartient à tout un chacun. Certains privilégient la crémation par peur qu’on ne vienne pas sur leur tombe, pas souhait que ses cendres soient dispersées dans un lieu symbolique.
À l’inverse, d’autres y sont totalement opposés. Certaines personnes refusent l'incinération pour des raisons religieuses ou pour être enterrés auprès de leurs proches. L’essentiel restera donc toujours de respecter de la volonté exprimées par les personnes.
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