Contre la corruption : ce que va changer le plan national pluriannuel de lutte

  • PubliĂ© le 18 novembre 2025 Ă  10:43
tribunal judiciare  saint-denis

Avec 36 mesures ambitieuses sur quatre ans, le plan national de lutte contre la corruption 2025-2029 réaffirme l’engagement de l’État face à une menace grandissante. À La Réunion, où plusieurs affaires de probité ont récemment fait la une, il apparaît urgent d’appliquer concrètement ces dispositifs pour assainir les pratiques et restaurer la confiance des citoyens dans les institutions (Photo rb/www.imazpress.com)

Évaluée à près de 2.250 milliards d’euros chaque année, soit 5 % du PIB mondial, la corruption fragilise les économies, mine la démocratie et compromet la confiance des citoyens dans leurs institutions. En France, le constat est alarmant : selon l’Eurobaromètre d’octobre 2024, 70 % des Français estiment que la corruption est répandue. Les infractions pour atteintes à la probité enregistrées par les forces de l’ordre ont explosé, avec une hausse de +50,9 % entre 2016 et 2024.

Face à ce constat, le gouvernement vient d’adopter un plan national pluriannuel de lutte contre la corruption pour la période 2025-2029. Articulé autour de 36 mesures et structuré en quatre axes, ce dispositif entend renforcer les outils de prévention, de détection et de répression, à la fois dans l’espace public, le secteur privé et au niveau international. Un comité interministériel pilotera son application, sous la coordination de l’Agence française anticorruption (AFA).

- Code de conduite, formations et hausse des moyens -

Le plan commence par la sensibilisation des membres du gouvernement eux-mêmes : un code de conduite sera élaboré, accompagné de sessions de formation sur les risques d’atteinte à la probité. L’administration, particulièrement dans ses secteurs régaliens (police, justice, finances publiques), devra renforcer ses dispositifs internes d’analyse des risques, d’audit et de contrôle. La sécurisation des achats publics et des données sensibles figure parmi les priorités, tout comme la protection des lanceurs d’alertes.

L’action répressive est elle aussi renforcée. Le plan prévoit d’accroître les moyens des services d’enquête, d’étendre les conventions judiciaires d’intérêt public à de nouvelles infractions, et d’améliorer la coopération judiciaire internationale, notamment pour faciliter la restitution des biens mal acquis. Les outils de la coopération européenne et multilatérale seront pleinement mobilisés dans cette lutte, avec une ambition affichée : doter l’UE d’une stratégie anticorruption complète et harmonisée.

Mais la corruption est aussi une affaire de territoires, et les collectivités territoriales ne sont pas épargnées. Les chiffres montrent que plus de 40 % des condamnations pour atteintes à la probité concernent les collectivités. Le plan vise donc à clarifier les règles juridiques en matière de conflits d’intérêts et à renforcer l’accompagnement des communes, en particulier les plus petites ou celles des outre-mer.

- Un plan articulé autour de quatre axes majeurs. -

Ce plan s’articule autour de quatre axes majeurs. Le premier vise à renforcer la probité au sein des administrations centrales et déconcentrées de l’État, en instituant des dispositifs d’alertes, des formations obligatoires et des coordinations anticorruption dans chaque ministère.

Le deuxième axe accompagne les collectivités territoriales en clarifiant les règles de conflit d’intérêts et en fournissant des outils d’évaluation et de formation, notamment pour les plus petites communes et les territoires ultramarins.

Le troisième axe cible les acteurs économiques : il renforce les obligations de conformité issues de la loi Sapin II et prévoit des actions pour protéger les PME et ETI exposées à des flux transnationaux et aux risques de criminalité organisée.

Enfin, le quatrième axe porte une ambition internationale : doter l’Union européenne d’une stratégie anticorruption commune, étendre les normes de lutte contre la corruption dans les instances multilatérales, et accompagner les pays partenaires dans la lutte contre les avoirs illicites et les ingérences étrangères. Ensemble, ces axes composent une réponse coordonnée, ambitieuse et nécessaire face aux menaces persistantes.

- La Réunion pas épargnée - 

À La Réunion, les dernières années ont révélé de nombreuses failles dans la gouvernance publique. Affaires de corruption, favoritisme, recel, prise illégale d’intérêt : l’île n’est pas épargnée.

En septembre 2025, l’affaire du Sidélec (Syndicat intercommunal d’électricité) débouche sur la condamnation de Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne, à cinq ans d’inéligibilité, deux ans de prison ferme et 60.000 euros d’amende pour favoritisme et détournement de fonds.

Le maire de Sainte-Suzanne a fait apple de cette décision. Le dossier révèle un système supposé de marchés truqués dans les travaux d’électrification rurale.

En parallèle, une enquête du Parquet national financier vise deux anciens magistrats de l’île, suspectés d’avoir transmis des informations confidentielles à un entrepreneur local. Une affaire qui montre que la probité n’est pas seulement une exigence politique, mais une nécessité pour l’indépendance de la justice elle-même.

Enfin, en janvier 2025, la chambre régionale des comptes révèle des dérives dans la gestion de la SPL Estival, société publique locale en charge des transports dans l’Est de l’île : embauches injustifiées, dépenses irrégulières et gestion déficiente ont mené à plusieurs millions de pertes.

Dans ce contexte, le plan anticorruption apparaît comme une opportunité pour La Réunion. Une opportunité d’appliquer des outils concrets, d’introduire des garde-fous et de responsabiliser les acteurs publics et privés. Mais son efficacité dépendra de la volonté politique et de la mobilisation de tous : administrations, élus, entreprises, médias et citoyens. 

La corruption n’est pas seulement un délit économique, c’est une attaque contre l’état de droit et la démocratie. C’est maintenant, sur le terrain, que ce plan doit devenir réalité — pour que les dérives qui ont secoué l’île ne soient pas la norme.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Zembrokaf
Zembrokaf
2 heures

les élus "saint" ... et serin...je fais confiance à la justice ...et qui n'acceptent pas les décisions "judiciaires"... comme un maire du nord-est ou un ancien président de rézion ou de la république par exemple.... et qui osent encore se présenter devant le "peuple"... en toute innocence !!!

Et contre l'incompétence ?
Et contre l'incompétence ?
4 heures

Et campagne contre l'ncompetence ?

St Louis
Plaine des Palmistes
Ste Marie
St Philippe

SPL ESTIVAL
SPL ESTIVAL
4 heures

Faut s'occuper de dt benoit