Sensibilisation

Des victimes de harcèlement scolaire témoignent à Saint-Denis

  • Publié le 8 septembre 2023 à 19:14
  • Actualisé le 8 septembre 2023 à 19:53
Des victimes de harcèlement scolaire témoignent à Saint-Denis

Des enfants victimes de harcèlement scolaire et leur famille étaient réunies ce vendredi 8 septembre 2023 à la maison des avocats pour faire part de leurs témoignages. La procureure, Véronique Denizot était également présente. Une séquence qui fait écho au récent suicide d'un adolescent, victime de harcèlement scolaire dans l'Hexagone. Cette rencontre a aussi été l'occasion de présenter un projet d'application péi gratuite, pour sensibiliser les enfants aux violences et notamment au harcèlement à l’école et cyber-harcèlement (Photo Sly/www.imazpress.com)

Victime de harcèlement lors de l'année scolaire précédente, un adolescent de 15 ans originaire de La Réunion s'est suicidé à son domicile de Poissy (Yvelines) mardi.

"Il en avait tellement marre. Il a eu peur que ça se reproduise" a témoigné son père sur Freedom. "Ca fait plus de deux ans que ça durait, mais il ne disait rien" a-t-il expliqué, confiant que son fils avait déjà tenté de se suicider en février.

- Un enfant sur huit victime à La Réunion -

Le 1er juillet dernier, la première marche contre harcèlement scolaire était organisée sur notre île où un enfant sur huit en serait victime. Un chiffre malheureusement bien loin de la réalité, d’après les associations. Derrière ce nombre, se cachent d’autres familles, d’autres enfants qui n’osent pas en parler. Et pourtant ces enfants sont victimes et doivent être protégés.

Stéphanie Thomas est maman de deux enfants. Ces fils âgés de 11 ans et 7 ans sont victimes de harcèlement et de violences scolaires.

Axel*, désormais en 6eme, témoigne. "J’ai été harcelé au début du CP par des élèves de CM2. J’ai vraiment pas apprécié mais je voulais pas en parler à mes parents parce que j’ai été menacé d’être frappé encore plus. J’étais vraiment triste. Ce que j’aimerais vraiment c’est que les enfants qui sont victimes d’harcèlement n’hésitent pas à parler aux adultes et aussi que les adultes écoutent les enfants" exprime-t-il.



"Les harceleurs avaient même ramené un couteau" précise la maman qui a prévenu immédiatement la direction de l’école. Le problème a finalement été réglé en interne sans convoquer les parents des enfants concernés.

Son deuxième petit garçon actuellement en CE2 a des troubles de l’attention. "À chaque fois, il se retrouve au fond de la classe et les enfants s’en prennent à lui, le traitent d’imbecile" explique-t-elle.

Dans cette école, elle n’est pas la seule dans cette situation. "Je suis en train de créer un collectif sur le secteur de La Montagne pour que les gens puissent parler et donner de la voix à leur enfants puisque même quand les enfants parlent on essaye de taire tout ce qui se passe" lance la maman.

Jessy Yong Peng, présidente de l'association Ecoute moi, Protège moi, Aide moi (EPA) voit elle aussi de son côté de plus en plus de parents inquiets.

"On le voit avec la page Me too harcèlement scolaire 974 sur Facebook. De plus en plus de famille arrivent et dès qu’il y a des faits tragiques elle arrivent en masse parce qu’on entend toujours pas leur enfants ou bien quand on les entend on ne fait rien derrière" détaille-t-elle.

Pour l'association EPA, l’institution va devoir trouver de réelles solutions pour mettre en place des dispositifs d’écoute à l’intérieur des établissements.

"Un jour un enfant sera mort et ce sera notre faute" lance Stéphanie Thomas. "J’aimerais qu’on entende nos enfants. J’aimerais qu’on arrête de cacher les violences. J’aimerais que les choses soient vraiment prises en main. C’est ce que j’attends de l’Education nationale, des parents, des collectivités. Que tout le monde travaille ensemble pour nos enfants" poursuit-elle.

Lire aussi - Saint-Denis : une marche pour dire "stop" au harcèlement scolaire

- Mettre en place des dispositifs de lutte -

"La solution pour nous avant d’aller dans le curatif c’est de partir sur des ateliers de communication non violente pour les enfants. Il faut aussi mettre la gomme sur la prévention et la sensibilisation" insiste Jessy Yong Peng.

Et justement, pour sensibiliser les enfants aux violences et notamment au harcèlement à l’école et cyber-harcèlement, le collectif Stop Vif Enfance a présenté ce vendredi un projet d'application péi gratuite.

"Cette application sera avec du français et du créole. Elle sera pour le grand public, enfants, ados, enseignants et parents. Pour les ados, il y aura le harcelomètre, des quizz et podcasts mais aussi comment dire stop avec le jeu de la riposte. Pour les touts petits, la girafe et le chacal, un jeu de communication non violente. Pour les parents et professeurs, la détection des signaux, des contacts utiles et le formulaire de saisie de la cellule de recueil des informations préoccupantes du Département avec une notice d'utilisation" détaille la présidente d'association.

Stéphanie Thomas en attend beaucoup de cette nouvelle application. "Aujourd’hui, j’ai une quinzaine de parents qui viennent vers moi pour me parler de ce qu’il se passe mais je ne connais pas forcément les démarches et j’attends que cette application m’aide à pouvoir aider les autres" confie-t-elle.

De plus, la maison de l'avocat a remis ce vendredi une dizaine de tablettes numériques à l'EPA afin d'outiller les enfants pour des ateliers de prévention.

Enfin, le conseil de l'ordre des avocats, engagé dans la lutte contre les violences faites aux enfants, met en place une permanence gratuite pour les familles à Saint-Denis tous les mercredi.

"Cette permanence est spécifiquement dédiée aux violences intrafamiliales, à l’inceste et au harcèlement, notamment scolaire. Au début c’était une fois tous les quinze jours les mercredi et puis nous avons tellement de demande aujourd’hui que nous l’avons étendu à toutes les semaines avec des dossiers qui nous viennent de tous les acteurs en la matière, c’est-à-dire services de gendarmerie, police, associations et psychologues" révèle Laurent Payen, bâtonnier de l’ordre des avocats de Saint-Denis.

Les avocats suivent une fomation sur les plans juridiques mais aussi avec des psychologues pour recueillir au mieux les paroles des victimes et les accompagner.

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
HULK
HULK
2 ans

Toujours les mêmes problèmes. Mais il y a des solutions. La déliquescence de l'autorité parentale rend possibles ces actes de harcèlement. Pas de sanctions, lâcheté de l'éducation nationale,des politiques et des bien-pensants toujours si prompts à protéger les coupables au détriment des victimes. Mais dans dans quel but?