Les hauts et l'est (surtout) concernés

Hiver austral : ne vous éloignez pas des couettes et des paltos, le mercure va continuer de baisser

  • Publié le 31 juillet 2022 à 09:35
  • Actualisé le 31 juillet 2022 à 09:37
hiver austral

Le mercure continue à descendre un peu plus chaque jour à La Réunion. S'il ne s'agit pas d'une saison exceptionnellement froide en comparaison aux autres années, il faut malgré tout noter que les températures varient entre 1 à 3 degrés de moins que les normales saisonnières. Des valeurs qui sont loin d'être des records. Ces faibles températures peuvent s'expliquer notamment par un contexte de "dipôle de l'Océan Indien négatif". (Photo hiver austral ,météo réunion ,photo RB imazpress )

Dans l’Hexagone, nos compatriotes suffoquent sous le soleil et les chaudes températures en cherchant le moindre brin de fraîcheur. Les Réunionnais, eux, se réchauffent comme ils peuvent en cet hiver austral. Et cette saison est bel et bien présente avec ses températures qui frôlent parfois les 0 degrés dans les Hauts. Si le mercure a eu tendance à remonter ces dernières semaines, les températures plafonnent malgré tout à 10, 15 ou encore 24 degrés pour les maximales.

Pour Guillaume Jumaux, ingénieur d’études chez Météo France, les températures actuelles sont plutôt de saison "avec des moyennes mensuelles légèrement en dessous des normales". Ce sont des valeurs "observées classiquement en juillet-août". Il note que "les nuits ont été bien plus froides sur les 10 derniers jours de juin. En juillet, les températures en journée ont été plus fraîches que la normale".

- Des températures loin des records -

Comme le souligne Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo France, nous n’avons pas encore atteint des records de températures. "La période la plus fraîche remonte aux années 1950-1970". En effet, l’ingénieur de Météo France rapporte que -0,5 degré a été enregistré au Pas de Bellecombe le 10 septembre 1975. "Le record absolu de La Réunion" souligne-t-il. À Gillot le 15 août 1954,  12,8 degrés ont été notés. Plus près de nous, le 18 août 1988 le mercure est descendu à -1,5 degré à la Plaine des Cafres et à 12,8 degrés à Gillot, le 25 août 1991.

Etienne Kapikian précise que le mercure "est influencé par les températures océaniques qui sont inférieures aux normales de saisons. La zone Ouest de l’Océan Indien est concernée. A l’inverse de la zone Est où on a des eaux plus chaudes", et donc moins de températures fraîches. Cette variation se fait d’une saison à l’autre et les "températures nocturnes peuvent aussi dépendre du ciel, s’il est dégagé ou non ainsi que de la force du vent. Ce qui favorise un déficit de températures", précise l'ingénieur.

Son collègue, Guillaume Jumaux, affirme "nous sommes dans un contexte avec un dipôle de l’océan indien négatif. C’est-à-dire que toute la partie ouest de l’Océan Indien présente des eaux bien plus fraîches que d’habitude. Cela a une influence jusqu’au niveau des Mascareignes où il fait donc plus frais que les années précédentes". Il est donc nécessaire de surveiller ce dipôle ; "s’il se renforce comme prévu, la deuxième moitié de l’année risque d’être encore assez fraîche avec aussi un risque de pluviométrie assez faible".

Guillaume Jumaux souligne "la sensation de froid est moindre sur l'ouest car cette région est la plupart du temps à l'abri des alizés grâce au relief, en plus d'avoir des températures 1°C ou 2°C supérieures à celles de l'est. " Car oui, "l’hiver austral est loin d’être fini. Les périodes de froid vont continuer à alterner avec des périodes plus douces".

- La couette et le pull (fortement) conseillés -

L’ingénieur d’étude indique qu’il est attendu 18 degrés à Gillot les nuits prochaines contre 25 degrés en journée.  Du côté de la Plaine des Cafres, le thermomètre affiche 6 degrés la nuit et 16 degrés pour la journée. Le mercure y a d'ailleurs frôlé la barre symbolique du 0 degré à la fin du mois de juin et "il est tout à fait possible que de telles températures soient encore ponctuellement observées au cours du mois d’août, voire septembre."

Dans les hauteurs et les cirques, il faut s’attendre à ce que les  températures continuent de baisser. Au Pas de Bellecombe, entre 4 et 6 degrés sont attendues le matin, 6 degrés pour Cilaos, contre 16 à 19 degrés sur le littoral.

Ces températures s’expliquent par le changement climatique ; les températures ont augmenté d’environ 0,8 degré depuis 50 ans. "Un hiver normal (tel qu’il l’était il y a 20 ans), paraît aujourd’hui beaucoup plus frais car la dernière décennie a été bien plus chaude et moins ventée que la normale et on s'y est très bien habitué".

Du côté du ciel, comme les autres années, le climat est particulièrement sec puisque les "grosses pluies" se font rares. Une situation bien différente de celle d’août 2021 où La Réunion a connu un gros épisode pluvieux. Etienne Kapikian annonce moins d’averses pour le début de la semaine prochaine. "Il ne faut pas s’attendre à de gros intempéries. Quelques petites pluies sont attendues en particulier sur les plaines", fait-il remarquer.

Si l’hiver semble plus intense cette année, les températures vont "remonter progressivement à la faveur de l'approche de l'été austral. Mais il n'y a aucun lien entre les températures observées en hiver et celles observées en été. Ce sont les modulations de l'océan Indien qu'il faut surveiller, et il est encore trop tôt pour avoir des tendances fiables au-delà de 6 mois. On en saura donc un peu plus sur les tendances de températures d'été austral dans 3 mois. "

Guillaume Jumaux conclut en précisant que, "la sensation de froid dépend à la fois des températures, mais aussi (et surtout) du vent". Il conseille par ailleurs de sortir les couettes. L'équipe d'Imaz Press Réunin vous conseille de continuer à porter un palto pour éviter de ressentir davantage le froid.

ef/www.ipreunion.com / [email protected]

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