En neuf jours, les décès sur nos routes se sont succédés. A commencer par cette effroyable sortie de route dans les hauts de Saint-Paul, à Fleurimont le 7 juillet 2018. Trois jeunes personnes sont décédées. Puis, le lendemain, c'est un motard qui a perdu la vie, toujours à Saint-Paul. Les drames, déjà trop nombreux, semblaient être derrière nous. Mais le week-end dernier, trois usagers de la route ont de nouveau péri suite à des accidents survenus à Saint-Leu ou encore à Sainte-Rose. Enfin, ce lundi 16 juillet 2018, c'est un piéton fauché par plusieurs véhicules sur la quatre voies de Sainte-Marie qui est décédé.
Cette série noire qui comptabilise huit morts en neuf jours fait froid dans le dos. Selon les pompiers, la gendarmerie ou encore la police, les comportements dangereux au volant constituent la principale cause de ces accidents mortels.
"Les comportements ne changent pas"
"Les comportements ne changent pas affirme Laurent Frutos, chef d'escadron dĂ©partemental de sĂ©curitĂ© routière. Il y a toujours autant d'alcoolĂ©mie et de stupĂ©fiants, voire plus qu'avant". Il y a aussi ces occupants qui n'attachent pas leur ceinture de sĂ©curitĂ©. "C'est le cas dans l'accident survenu Ă Saint-Leu : les deux passagers ont Ă©tĂ© Ă©jectĂ©s, l'un a Ă©tĂ© gravement blessĂ©, l'autre est mort" explique le gendarme.Â
Il insiste : "on ne maitrise pas les conséquences de l'accident mais les causes, oui". Pour exemple, Laurent Frutos rappelle ce dramatique accident à Saint-Gilles-les-Hauts qui a marqué le début de l'année 2018. Accident durant lequel un enfant de quatre ans a été tué.
"La voiture a perdu le contrĂ´le dans un virage et a tapĂ© un car qui circulait en sens inverse. Le gamin n'Ă©tait pas attachĂ© convenablement dans un rĂ©hausseur. Il n'Ă©tait protĂ©gĂ© que par une ceinture ventrale. Il a subi de telles lĂ©sions qu'il est dĂ©cĂ©dĂ© quelques minutes plus tard dĂ©taille le chef d'escadron. Si le siège dans lequel il Ă©tait assis avait Ă©tĂ© adaptĂ© Ă sa morphologie, il serait peut-ĂŞtre toujours en vie."Â
28 morts depuis le début de l'année
Autrement dit, il suffit de "pas grand chose" pour alourdir les chiffres de mortalitĂ© sur les routes. D'ailleurs, selon le colonel Patrick Lallemand, mĂ©decin-chef du Service dĂ©partemental d'incendie et de secours de La RĂ©union (SDIS974), alors que La RĂ©union compte 40 Ă 50 accidents mortels par an, Ă l'heure actuelle "on a dĂ©jĂ fait la moitiĂ©. Sachant que statistiquement, le second semestre reste le plus accidentogène... Â
"En zone gendarmerie, on n'avait pas connu une telle sĂ©rie noire depuis dĂ©cembre 2016" informe Laurent Frutos qui "espère qu'on est sur une pente descendante".Â
L'alcool au volant persiste
Pour diminuer le nombre d'accidents mortels, "on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque automobiliste" ajoute-t-il avant d'affirmer : "sur les huit derniers accidents, six ont dĂ©voilĂ© des traces d'alcool".Â
C'est par exemple le cas dans le cadre de cette perte de contrĂ´le qui a provoquĂ© la mort d'un motard Ă Saint-Paul. "Il y avait une vitesse excessive mais aussi une alcoolĂ©mie" prĂ©cise Laurent Frutos.Â
De mĂŞme pour l'accident de Fleurimont : "nous n'avons pas encore les rĂ©sultats officiels des prĂ©lèvements effectuĂ©s mais selon le SAMU, il y a de fortes chances qu'il y ait des traces d'alcool".Â
Patrick Lallemand le confirme : "quand on analyse les accidents, on se rend compte que des comportements plus adaptĂ©s auraient permis de les Ă©viter (...) La composante alcool est souvent prĂ©sente. C'est dommage".Â
Pourtant, les forces de l'ordre ne cessent de multiplier les contrôles sur le territoire réunionnais. "On a systématiquement affaire à des alcoolémies de près d'un gramme d'alcool par litre de sang" s'affole le commandant de police Jean-Marc Demontoy. Il fait le constat suivant : "les gens continuent de boire et on ne le voit pas qu'à La Réunion"
La prévention : un investissement sur l'avenir
"Le problème c'est que quand on est alcoolisĂ©, on oublie un principe de base : quand on conduit, on ne boit pas" regrette le mĂ©decin-chef des pompiers.Â
Pour y remĂ©dier, les soldats du feu, les gendarmes et les policiers misent sur la prĂ©vention, notamment auprès des plus jeunes. Dans les collèges ou encore les lycĂ©es, les forces de l'ordre sensibilisent les Ă©lèves aux dangers de la route, de l'alcoolĂ©mie, de la drogue ou encore des mĂ©dicaments. Autrement dit, ils investissent sur l'avenir.Â
Et pour les anciennes générations? "On mise sur la capacité des jeunes à être aussi pédagogues que nous vis-à -vis de leurs parents" répond le chef d'état-major, Jean-Marc Demontoy.
Apprendre aux usagers vulnérables "la nécessité de se protéger"
Selon lui, il est aussi primordial d'apprendre aux usagers vulĂ©nrables "la nĂ©cessitĂ© de se protĂ©ger". Il prĂ©cise : "Depuis janvier 2018, en zone police, nous avons eu 10 morts : six en deux-roues et trois piĂ©tons. Il faut mettre un casque, porter des tenues appropriĂ©es, se signaler aux autres...".Â
Pour autant, il y a des accidents qui ne peuvent ĂŞtre Ă©vitĂ©s. Comme le drame de lundi dernier. En pleine nuit, un piĂ©ton atteint de la maladie d'Alzheimer, et donc dans l'incapacitĂ© de se protĂ©ger, a traversĂ© la quatre voies de Sainte-Marie. Et ce, alors qu'il Ă©tait habillĂ© en noir. RĂ©sultat : il s'est fait faucher par plusieurs vĂ©hicules. Â
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Pour le colonel Lallemand qui intervient aussi dans les Ă©tablissements scolaires, il est important de "continuer Ă marteler les messages de prĂ©vention pour que chacun se responsabilise". NĂ©anmoins, le chef des pompiers attend beaucoup de l'Etat qui souhaite faciliter le recours obligatoire Ă l'Ă©thylotest au dĂ©marrage.Â
sw/www.ipreunion.com

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