Dojo solidaire

Jeunes, seniors, handicapés, riches ou pauvres… tous égaux sur le tatami

  • Publié le 15 janvier 2023 à 09:50
  • Actualisé le 15 janvier 2023 à 11:58
10ème édition coupe de karaté la Saline

À Saint-Pierre, s’est ouvert un dojo de karaté à caractère social. Un lieu où petits comme grands, jeunes ou moins jeunes, riches ou moins riches, peuvent avoir accès de la même manière au sport. Un lieu où les seniors enseignent aux plus jeunes les rudiments de ce sport de combat. En cette période d’inflation, rendre le sport accessible à tous est une nécessité. Une nécessité dans une île où quatre Réunionnais sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté et où plus de 50% de la population réunionnaise est considérée en surpoids.

« Dans un contexte post-Covid, où les gens ont eu du mal à revenir vers les autres, vers le sport, avec une économie fragile, l’idée m’est venue de créer ce dojo après avoir constaté qu’en général les dojos pratiquaient des tarifs qui pouvaient freiner l’adhésion à notre art martial », explique David Goulois à l’initiative de ce projet, accompagné d’Alexis Sateyen.

En effet, en faisant le tour des clubs, on peut voir que le prix moyen de l’adhésion tourne entre 200 et 300 euros l’année. Afin de permettre à tous de pratiquer ce sport, le dojo social de David Goulois affiche un tarif de 40 euros à l’année. De quoi permettre à tous les Réunionnais et même ceux qui connaissent des fins de mois difficiles, de pratiquer un sport.

- Des cours pour tous -

Enfant, ado, adultes, seniors… tous peuvent pratiquer le karaté ensemble. Un karaté au plus proche de la tradition japonaise.  « Les cours sont traditionnels. Nous ne nous inscrivons pas dans une logique de compétition », déclare David Gulois. Pour autant, le Saint-Pierrois ne ferme pas la porte à la compétition. « Si un pratiquant souhaite s’essayer nous l’accompagnerons. »

« Ce n’est pas pour nous pas le nombre d’adhérents ou de trophées qui font la valeur du dojo, mais l’esprit de solidarité qui y règne », ajoute-t-il. Une solidarité qui se retrouve dans les cours intergénérationnels qu’a mis en place le club. « Jeunes et moins jeunes ont à s’apporter et chacun peut transmettre à l’autre. »

Pour David Goulois, également psychologue, rendre accessible le sport pour tous est primordial. « Les personnes vulnérables sont les personnes ayant des difficultés dans la vie de tous les jours. »

« Il est vrai qu’être psychologue clinicien me permet de mieux repérer les difficultés des uns et des autres et d’adapter la pédagogie », souligne David Goulois. David s’inspire également de sa vie passée pour aider les autres. « Malgré mon doctorat, je suis un ancien élève en échec scolaire, issu de la classe sociale moyenne. J’ai pu m’élever par les études et notamment par la philosophie du karaté. » « Je rends ce qu’on m’a transmis », conclut-il.

- Un club 100% bénévole -

Le club situé à dans le quartier de Grand-Bois à Saint-Pierre fonctionne exclusivement grâce à l’aide de ses bénévoles. « Nous avons pu mettre cela en place grâce à la commune de Saint-Pierre qui nous prête une salle », explique David Goulois. « Pour le matériel, il existe un nombre important de subventions des différents organismes de l’État qui permettent de subvenir aux besoins de fonctionnement », dit-il.

Pour assurer la pratique de ce sport, le Saint-Pierrois, également psychologue de profession, a souhaité « un dojo minimaliste, en accord avec les valeurs du Budo, ce code d’honneur des samouraïs ».

Toutefois, faire fonctionner un tel endroit en faisant payer si peu a un impact. « Nous n’avons pas pu monter nos dossiers de subvention à temps après avoir eu des bâtons dans les roues », indique David Goulois. « C’est pour cela que nous faisons aussi appel à la générosité des Réunionnais pour des dons de matériels. »

- Rendre le sport accessible pour tous -

Rendre le sport accessible à tous les Réunionnais, sans distinction est très important dans une île en proie à la pauvreté et à l’obésité. Plusieurs communes de La Réunion se mobilisent pour rendre le sport accessible à leurs administrés.

Dans la commune de Saint-Denis, il existe des licences sportives et solidaires pour les personnes modestes afin de leur permettre de faire du sport. Pour les gramounes, a été mis en place le plan « Senior en action » avec plus de 35 activités en ville à 5 euros. Un plan pour lequel les inscriptions devraient débuter début février.

À Saint-Leu, le service d’aide aux personnes âgées et handicapées (SAPPAPH) service d’aide aux personnes âgées et handicapées du CCAS met en place des créneaux piscines pour initiation à la natation une fois par semaine, et ce, gratuitement. Des randonnées et des initiations à la boxe et à la danse sont également proposées pour les gramounes.

En plus des communes, les collectivités mettent en place des dispositifs pour aider les familles à accéder au sport. Le Département met notamment en place une aide de 100 euros, sous conditions, pour les familles les plus démunies, grâce au plan « 5.000 licences ». Ces 100 euros permettent de financer le coût d’une inscription dans un club, en incluant la licence et la cotisation. Sont éligibles les enfants, âgés de moins de 21 ans, dont les parents sont bénéficiaires du RSA. Une attestation de la CAF de moins de 3 mois devra être transmise au club lors de l’inscription de l’enfant. Ensuite, c’est le club qui effectuera les démarches de vérifications et de remboursement des 100 euros.

Le dispositif est cumulable avec le Pass Sport de l’État et les autres dispositifs mis en place par les collectivités locales. Le déploiement du dispositif Pass’Sport vise à promouvoir la pratique d’une activité physique et sportive régulière, encadrée et sécurisée. C’est une allocation de rentrée sportive d’un montant de 50 euros. Cette aide de l’Etat est destinée aux enfants permettant de s’inscrire à une activité sportive dans le club de leur choix.

Toutefois, les personnes en situation de handicap trouvent que l’accès au sport leur est encore rendu difficile dans l’ensemble des clubs.

Plus qu’un enjeu de santé publique, la pratique du sport est vectrice de cohésion sociale. Les clubs, les associations sont des lieux d’apprentissage des valeurs éducatives, éthiques de notre société. Signer une licence dans un club est un acte fort et parfois un premier engagement pour les jeunes qui apprennent alors le goût de l’effort, le partage et le dépassement de soi.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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