À La Réunion comment dans l’hexagone, les « pratiques bien-être » et conseils santé en tout genre rencontrent un véritable succès. Bien sûr, même si toutes ne sont pas fondamentalement dangereuses, elles ne sont pas forcément reconnues par la science. Avec la flopée de conseils postés en ligne, il est facile de se laisser tenter par des « soi-disant détenteurs du remède miracle ». Difficile donc pour les patients de savoir ce qui est bon ou pas pour sa santé. (Photo photo RB imazpress )
Vous avez mal au dos, faites cet exercice pour soulager vos douleurs… Douleur à l’épaule, un programme complet pour vous aider… Envie de maigrir, voici la solution miracle…. Voilà ici quelques exemples de ce que vous pouvez lire sur les réseaux sociaux.






Malheureusement, nombreux de ces conseils, aussi utiles puissent-ils être et aussi alléchants soient-ils, ne sont pas toujours prodigués par des professionnels de santé. Car l'essor des réseaux sociaux permet toutes les publications possibles.
- Une dérive difficile à contrôler -
C’est d’ailleurs la multiplication de ses vidéos, plus originales les unes que les autres, qui inquiète l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. « La présence de ce qu’on appelle des influenceurs inquiète », indique Philippe Fontowicz, président du Conseil Interrégional de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes de la Réunion et de Mayotte.
« Il faut être très vigilant », déclare Pierre Rigal, conseiller national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes de La Réunion. « Les gens ont tendance à chercher des informations et reçoivent parfois de mauvais conseils », ajoute-t-il. Conséquence : lors d'une consultation « les gens prétendent savoir ce qu’ils ont et nous demande même pourquoi on ne fait pas telle ou telle chose", relève Pierre Rigal.
Philippe Fontowicz reconnaît que certains auteurs de vidéo prodiguent de très bons conseils mais face à la masse de contenus, difficile pour les patients de pouvoir faire le tri dans le flux d’informations.
Malheureusement, difficile pour l’Ordre de faire défiler tous les jours les publications sur les réseaux pour s’assurer de leur bien fondé et du respect de la déontologie. Car si les kinésithérapeutes et professionnels de santé sont autorisés à communiquer en ligne, ils doivent respecter des règles. « Ils ont le droit de donner des conseils mais aucunement de critiquer un confrère ou inciter les gens à venir chez eux », explique Philippe Fontowicz, le président du Conseil de l'Ordre. « L’Ordre ne peut intervenir qu’en cas de de fausse déclaration ou de plainte, mais pas en amont de la publication si celle-ci n’est pas soumise au préalable à l’ordre », explique le kinésithérapeute.
- Un conseil, vérifier l'origine des vidéos -
Selon Pierre Rigal, « il faut savoir faire preuve de discernement et identifier les sources afin de savoir d’où ces vidéos viennent ». Pour lui, il en va de la sécurité des patients. « Chaque cas est différent, on ne peut pas généraliser des techniques appliquées à tous sans distinction, surtout s’il n’y a pas de diagnostic préalable », alerte-t-il.
Le professionnel de santé souligne que l'un des meilleurs moyens de stopper les charlatans, est de signaler chaque conseil suspect auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés ou auprès de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. "L'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a conscience des problématiques potentielles de ces modes d’infos. Nous sommes vigilants et transmettons en chambre disciplinaire tout manquement au code de déontologie", indique Philippe Fontowicz.
Ce que dénonce l’Ordre, ce sont également ces soi-disant professionnels qui prônent des soins miracles. Des techniques qui, selon l’Ordre, « sont illusoires ». « Il n’y a aucune preuve scientifique à ces techniques, elles peuvent être dangereuses ».
Pierre Rigal estime qu'il faut absolument « s’assurer de l'identité et des qualifications des auteurs de vidéos ». Un usager peut toujours s’assurer, auprès du Conseil Départemental de l’Ordre, de l’inscription d’un professionnel de santé.
- Attention aux régimes miracles -
Si les kinés et médecins alertent sur ces situations, les diététiciens également. « L’engouement pour les questions liées à la nutrition a parallèlement créé un effet d’aubaine pour une multitude de personnes. C’est ainsi que notre profession a vu fleurir sur Internet, dans les rues, dans la presse, les annonces de coachs, de conseillers, d’experts, de praticiens en nutrition ou conseils nutritionnels ou diététiques…. sans pour autant être diététiciens », indique l’association française des diététiciens nutritionnistes (AFND).



« En outre, il n’est pas exclu que, dans toutes ces personnes utilisant les dénominations énoncées ci-dessus, ne se glissent des personnes qui se prévalent du titre de diététicien sans en avoir la qualité », ajoute l’association.
"Professionnels de la santé, nous avons à cœur de protéger et défendre notre profession contre ces dérives, ce pourquoi nous avons décidé de proposer un dossier spécial consacré à la profession de diététicien sous l’angle de la protection de son exercice et de son titre", précise l'AFND.
- Un collectif fait bloc contre les abus -
Des citoyens et professionnels de santé tentent donc de s'organiser sur les réseaux sociaux et dans des associations. Certains choisissent de dénoncer publiquement les pratiques douteuses ou dangereuses, d'autres de faire un état de la science afin de comparer les prétentions de soin et la réalité du terrain. Parmi eux, le collectif NoFakeMed, créé en 2018. Cette structure regroupe de nombreux professionnels de santé connus pour le combat mené pour le déremboursement de l'homéopathie.
Nicolas Cornière, membre du collectif, prône "les pratiques reconnues par la science. Il faut éviter les dérives car il y a beaucoup de récupérations faites par des personnes qui ne sont pas professionnels de santé", dit-il.
Il note comme exemple celui des coachs en nutrition. « Ils ne sont pas diététiciens et recommandent parfois des régimes complètement fous », explique Nicolas Cornière. Pour le praticien hospitalier, les coachs qui préconisent des régimes miracles « ne sont pas des professionnels, ils n’ont aucune formation ». « Dès lors que les promesses sont exagérées, il faut s’en méfier » ajoute-t-il.
Récemment, le collectif a dénoncé la pratique de l’ostéopathie chez les nouveau-nés. « Les nourrissons n’en ont pas besoin, s’ils ont des problèmes osseux il vaut mieux voir un chirurgien », précise le membre du collectif No Fakemed. Pour ce qui est des conseils pour les maux de dos par exemple, « on ne peut pas manipuler des vertèbres comme cela, sans certificat médical ».
Lui également insiste pour que les personnes s'adressent uniquement à des professionnels de santé reconnus par leur profession. Simple question de bon sens puisque les remèdes miracles, comme le Père Noël, n’existent pas…
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