80 000 ménages sont concernées par le mal-logement à La Réunion. La fondation Abbé Pierre a présenté ce jeudi 26 avril 2018 son 23ème rapport annuel régional sur le mal-logement et le constat est " alarmant ". Le mal-logement est un problème majeur qui touche plusieurs familles réunionnaises. Difficulté d'accès ou de maintien dans le logement, absence de logement personnel, surpopulation ou encore conditions difficiles de l'habitat sont autant de visages que prend le mal-logement. Ce rapport 2018 démontre que ces problématiques s'aggravent au fil des années sur le territoire. Cela se traduit par une augmentation des expulsions. Pour le directeur régional de la fondation, Matthieu Hoarau, " il faut une politique globale de l'ensemble des acteurs pour résorber le problème du mal-logement à La Réunion ".
343 000 ménages vivent sous le seuil de pauvreté à La Réunion, soit 42 % de la population. L’absence d’emplois et de revenus liés à une activité en est la cause principale. L’île compte un taux de chômage de plus de 22% selon l’Insee et ce taux a augmenté de 1,4% au premier trimestre 2018
Les faibles ressources sont la cause principale des difficultés d’accès et de maintien dans le logement. " Sans revenu, il est difficile de trouver un logement, et quand on a un logement, et qu’on est au chômage, il est difficile de se maintenir dans le logement et d’éviter l’expulsion " souligne Matthieu Hoarau le directeur régional de la fondation Abbé Pierre, " la pauvreté a un lien direct avec le mal-logement " poursuit-il.
Ainsi, le mal-logement touche 80 000 ménages à La Réunion.
- Qu’est-ce qu’être mal-logé ? –
Les indicateurs du mal logement sont l’absence de logement personnel, les difficultés d’accès au logement, les mauvaises conditions de l’habitat, les difficultés de se maintenir dans le logement et les blocages à la mobilité résidentielle.
Le rapport de la fondation Abbé Pierre fait un focus sur chacun de ces indicateurs à La Réunion.
Il y aurait près de 300 personnes sans abri à La Réunion, c’est-à-dire à la rue ou dans un logement mobile. Depuis 2012 le nombre d’appels au Samu social, le 115, ne cesse d’augmenter. En 2016 il a enregistré 40 000 appels.
" L’accès à un logement est très difficile ", soutient Matthieu Hoarau. Selon un sondage réalisé en 2014, 7 Français sur 10 estiment qu’il est difficile de trouver un logement. Le prix des loyers est le principal obstacle à l’accès au logement.
Dans le social, selon l’Insee, 60% des 312 737 ménages réunionnais sont éligibles au logement locatif très social (LLTS), les logements sociaux aux loyers les moins élevés.
Là encore l’accès au logement reste difficile. La précarité des demandeurs de logements sociaux et le faible volume d’offre par rapport à la demande en sont les causes principales. Un tiers des demandeurs sont au RSA (contre 13% au niveau national)et 52% d’entre eux vivent avec moins de 1000 euros par mois (contre 29% au niveau national).
L’habitat indigne est l’une des grandes préoccupations de la Fondation Abbé Pierre.
Pour Matthieu Hoarau " à La Réunion, de nombreux logements restent privés du confort sanitaire de base ". Sur l’île 36 000 logements ne sont toujours pas équipés en eau chaude, tandis que 6000 n’ont ni douche ni baignoire à l’intérieur. Aussi, l’humidité sur les murs concerne 40% des logements.
- Surpeuplement et expulsions locatives, les deux points noirs du mal-logement -
À La Réunion, 259 000 personnes vivent dans un logement surpeuplé soit 20 % des ménages réunionnais.
Ce phénomène touche en particulier les familles monoparentales. Le surpeuplement est le premier motif de 17% des demandes de logement social. 35% des locataires du parc social sont en surpeuplement.
Le rapport de la Fondation Abbé Pierre note un "pic alarmant" du nombre d'expulsions locatives. En 2016, pour la première fois au cours de la décennie, plus de 100 ménages ont été expulsés en présence des forces de l'ordre. Sur les 1292 décisions d'expulsions, 98% concernent des impayés de loyers.
L'impayé de loyer est le principal motif des expulsions. Selon l'Insee, à La Réunion, un locataire dépense en moyenne 661 euros par mois pour son logement. Le loyer représente 80 % des dépenses. Ainsi, le reste-à-vivre d'une personne seule et pauvre du parc privé est de 150 euros par mois soit 5 euros par jour, et 320 euros par mois pour une personne du par social, soit 10 euros par jour.
Le rapport conclut que les aides au logement sont "cruciales pour faciliter la solvabilité des ménages".
Matthieu Hoarau, le directeur régional de la Fondation Abbé Pierre, revient sur les difficultés liées au logement des ménages réunionnais et sur les actionsque mène la fondation pour "changer les choses".
sjb/www.ipreunion.com
Et si on parlait de l'accès au logement des personnes handicapées, et des logements accessibles donnés à des familles valides parce que réputées "solvables"… Plutôt qu'à des personnes handicapées ?
La loi de 2005 oblige les intercommunalités (CINOR, TCO, CASUD, CIREST, CIVIS) à donner chaque annéeles chiffres DU LOGEMENT ACCESSIBLE dans leur rapport annuel remis au préfet (ce qui n'est jamais le cas) et elles ne l'ont jamais fait. Les bailleurs sociaux refusent de donner ces chiffres concernant le logement accessible.