Pour tous ceux qui suivent la situation des chagossiens depuis des années, les évènements qui se sont produits dans leurs différentes péripéties, ont de quoi désespèrer. Cette stratégie de lassitude entretenue par la puissannce occupante n’est pas le fait du hasard mais présente un caractère délibèré.
Dans son ouvrage récent intitulé « la dernière colonie » Philippe Sands cite une note destinée à l’ancien premier ministre Harold Wilson de laquelle il ressort : « le but c’est de les effrayer à coups d’espoir ».
Toute l’histoire du peuple chagossien durant ces cinquante dernières années est marquée par cette stratégie de promesses jamais tenues .
Obligés à quitter Diégo Garcia pour se réfugier dans les autres iles des Chagos, puis devenus indésirables dans les autres iles et expulsés en pleine nuit pour des raisons inconnues d’eux.
Lorsque le gouvernement du Royaume-Uni, de sa propre initiative, étudie avec ses experts et les chagossiens, la faisabilité du retour des chagossiens et que le rapport des experts est favorable, madame Thérésa May, première ministre en novembre 2016, conclue à l’infaisabilité de l’opération! Elle propose alors une somme d’argent aux déportés. Ils refuseront cette aumone dans leur majorité - cette somme n’aurait d’ailleurs pas été versée.
Lorsque le gouvernement du Royaume-Uni fait la promesse de négocier avec le gouvernement mauricien, cette promesse ne sera pas tenue bien que faîte devant les plus hautes instances internationales.
L’affaire est portée devant l’ONU et la Cour Internationale de La Haye.
Devant les manipulations du gouvernement du Royaume-Uni, le gouvernement mauricien demande à l’ONU la saisine de la Cour Internationale de La Haye, ce qui est fait et se termine par le jugement que l’on sait : Le gouvernement mauricien est rétabli dans ses droits.
Lorsque l’ONU exige de la Grande-Bretagne de quitter les Chagos dans les six mois, le Royaume-Uni fait part de sa décision de ne pas respecter les résolutions de l’Onu ni le jugement de la cour de La Haye.
Le temps a passé depuis, et l’isolement international du Royaume-Uni apparaît de plus en plus grand. Suite à l’instabililté parlementaire dans ce pays -trois gouvernements successifs dont un n’aura duré que quarante jours-, suite au décès de la Reine Elisabeth remplacée par un roi sans aura mais désireux de resserrer les liens distendus avec le monde, le gouvernement décide enfin, de négocier avec Maurice. Cela s’est passé en novembre dernier.
S’agit-il d’une nouvelle péripétie dans la stratégie de la désespérance ? On le saura bientôt mais une nouvelle supercherie de la Grande-Bretagne, si elle n’est pas exclue, elle est néanmoins improbable. Maurice devrait donc retrouver sa souveraineté.
Et les Chagossiens là-dedans?
Ils ont été expulsés. Ils étaient 2000. Ils ont droit au retour en terre natale et à la réparation. C'est un drame humain qui doit être traité en priorité. Dans une pétition, ils demandent de ne pas reproduire les erreurs du passé. Ils réclament avec raison d'être associés, cette fois-ci.
Depuis, un demi siècle, ce sont ceux qui n'ont jamais baissé les bras. Avec le Groupe Réfugiés Chagos, dont le leader est Olivier Bancoult, ils ont été présents sur tous les fronts de lutte et nous, Réunionnais, devons louer leur courage et leur ténacité et continuer la solidarité avec nos frères et nos sœurs devant lesquels s’ouvre une période délicate d’action. Nous leur faisons confiance et souhaitons que tout se passe bien pour eux.
Nos frères et sœurs ont plus que jamais besoin de notre solidarité active. Soyons présents, lundi 9 janvier, à l'Université, à la conférence de Philippe Sands, juriste international, avocat, écrivain auteur notamment d’un ouvrage sur la question des Chagos. Il a pour intitulé « La dernière colonie ».
Les Chagossiennes et les Chagossiens ont besoin de nous. C’est le moment de répondre présent.