Agriculture

Déclaration de guerre biologique contre les mouches à fruits

  • Publié le 16 octobre 2022 à 11:29

Les premières chaleurs, les premiers fruits et légumes de saison sont sur le point d'arriver... les mouches des fruits aussi. Comme chaque année depuis 2017, ces insectes envahissent les vergers en causant des pertes de production pouvant aller jusqu'à 100%. Les agrumes et les mangues sont particulièrement concernés par les méfaits de cette mouche. Des moyens de lutte biologique, tel l'innovant "augmentarium", ont été mis en place pour combattre les insectes. Le point avec Luc Vanhuffel, responsable de la cellule environnement de la Chambre d'agriculture

"Bactrocera dorsalis", est le nom scientifique de la mouche des fruits honnie par les producteurs de fruits et légumes. L'insecte arrivé à La Réunion depuis 2017, est originaire d'Asie. Il attaque chaque année la majorité des fruits et légumes de l'île, dont les mangues, les papayes, les agrumes, les bananes, les piments, les cucurbitacées, ou encore les tomates.

Luc Vanhuffel précise : "pour le moment, la population de mouches à fruits est faible, mais on s'attend à de très gros dégâts avec l'arrivée des fortes températures, des premières pluies et des premiers fruits et légumes . Surtout lorsqu'on sait qu'une femelle peut pondre jusqu'à 1.000 œufs dans une vie, et qu'un œuf met entre 15 jours et 3 semaines pour se développer"

- Des solutions pour lutter contre l'invasion -

"Même si on ne pourra jamais éradiquer l'espèce entièrement, on doit arriver à gérer son invasion, notamment grâce à des solutions dites "douces" estime le technicien de la chambre verte. Il plaide en faveur d'actions de prévention et de sensibilisation du public face à ce fléau. Ainsi "ilest recommandé aux agriculteurs de ramasser immédiatement les fruits piqués par les mouches et de les mettre dans un "augmentorim" dit-il

Cet outil innovant "se présente comme une grande boite, recouverte par une grille, de manière à ce que les mouches à fruits ne puissent pas sortir. À l'intérieur, des parasitoïdes (insectes qui se développent aux dépens d'autres arthropodes - ndlr) sont introduits. Ils pondront leurs oeufs à l'intérieur de ceux pondus par la mouche des fruits" expose Luc Vanhuffel. "Cela va permettre de tuer les larves et donc de réduire l'impact de cet insecte sur les fruits", explique-t-il.

Même si le conseil départemental alloue une aide financière aux agriculteurs voulant s'équiper d'un augmentorium, le prix de cet outil est élevé. Il est vendu 358 euros, sans l'aide de 200 euros versée par le Département. Reste aussi la solution de fabriquer soi-même son piège à mouches. C'est ce que propose la Chambre d'agriculture en mettant en place des ateliers d'apprentissage. "Nous avons eu déjà des retours d'agriculteurs utilisant l'outil qu'ils ont même fabriqué. Ils en sont tous très satisfaits. Cela permet vraiment de réduire radicalement le nombre de mouches à fruits" affirme Luc Vanhuffel.

Lire aussi : La résistance continue contre la mouche des fruits avec l’augmentorium

Une autre méthode consiste à étaler de l'argile sur les mangues pour déstabiliser les mouches à fruits. Mais le technicien le reconnaît ce procédé est très contraignant pour les agriculteurs. "L'application n'est vraiment pas évidente et c'est surtout très long. De plus, cela peut également freiner le client à l'achat, car ils ne comprendront pas forcément pourquoi il y a cette couleur marron sur la mangue", estime-t-il.

Selon Luc Vanhuffel le cumul de ces méthodes pourraient parvenir à réduire drastiquement cette espèce invasive. "De plus ce sont des méthodes permettant la protection agro-écologique des cultures, contrairement à l'utilisation des pesticides. Cela favorise donc la biodiversité", conclut-il.

jb/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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