Après la mutinerie

Mayotte : le directeur de la prison démissionne, dénonçant la surpopulation carcérale

  • Publié le 8 octobre 2024 à 06:07
  • Actualisé le 8 octobre 2024 à 09:21

Nicolas Jauniaux, actuel directeur de la prison de Majicavo, à Mayotte, a annoncé ce lundi 7 octobre 2024 sa démission pour dénoncer les conditions de travail dégradées au sein de cet établissement pénitentiaire surpeuplé. Nommé en janvier, Nicolas Jauniaux a expliqué que sa décision a été motivée par la "mutinerie avec prise d’otages" qui s’est déroulée le 28 septembre. Cet incident s’est produit au moment où une centaine de détenus regagnaient leurs cellules après une promenade (Photo : France Mayotte)

"Cet événement souligne l'urgence de doter l'île d'un second établissement."

En effet, le 28 septembre, une émeute a éclaté dans le quartier des hommes de la prison de Majicavo à Mayotte. Selon Mayotte la 1ere, vers 15h "un groupe de prisonniers a attaqué des gardiens et pris quatre d'entre eux en otage". Les forces de l'ordre sont intervenues et sont parvenus à libérer les otages au bout de trois heures d'intervention.

"Cet événement dramatique souligne l’urgence de doter l’île d’un second établissement puisque celui-ci héberge 650 détenus pour 278 places", a encore déploré le directeur, regrettant que, malgré les promesses faites par l’ex-ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti début 2022, "aucune décision [n’ait été] actée à ce jour".

"En remettant ma démission, je souhaite attirer l’attention sur cet établissement et ainsi contribuer, à ma modeste mesure, à améliorer les conditions de travail des personnels et les conditions de vie des détenus", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par la chaîne locale Kwezi.

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- Une prison qui déborde -

Le ministère de la Justice a réagi en soulignant avoir pris plusieurs mesures pour répondre aux préoccupations exprimées par la direction et les agents pénitentiaires.

Parmi ces actions, le déploiement de 11 agents en provenance de La Réunion dès le 29 septembre, ainsi que des transferts de détenus vers d’autres établissements pour alléger la pression sur la prison de Majicavo.

Le ministère a rappelé son engagement à ouvrir un second centre pénitentiaire et un centre de semi-liberté à Mayotte, sans préciser de calendrier.

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- Onde de choc au sein de l’établissement -

La démission de Nicolas Jauniaux a provoqué une onde de choc parmi les personnels. "Cela a choqué tout le monde", a déclaré Saïd Gamba, représentant du syndicat CGT pénitentiaire.

D’après Saïd Gamba, 51 des 118 surveillants de l’établissement sont actuellement en arrêt maladie. Le ministère de la Justice indique pour sa part que 25 agents sur les 133 employés au centre pénitentiaire sont en congé maladie.

La situation de la prison de Majicavo illustre un problème national de surpopulation carcérale en France. À Majicavo, le taux d’occupation dépasse 181 %, plaçant l’établissement parmi les plus surchargés du pays. Au 1er septembre, la densité carcérale atteignait 127,3 % à l’échelle nationale.

Dans les maisons d’arrêt, où sont détenus les prévenus et les condamnés à de courtes peines, elle s’élève à 153,6 %.

www.imazpress.com avec AFP/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Ded
Ded
1 semaine

Enfin un haut fonctionnaire qui en a ! Au lieu de fermer les yeux et de se taire comme bien d'autres , il se met en lumière et dénonce l'incurie totale du gouvernement ( aussi bien en France qu'à Mayotte ) Tous ces beaux messieurs entourés de gardes du corps ne se sentent pas concernés par les situations explosives...Bravo à lui mais pas certain que le ministère de la justice fera quelque chose car l'état s'en tape et réduit les crédits!