À l'arrêt

Sans entraînements et sans compétitions, le surf est dans le creux de la vague à La Réunion

  • Publié le 12 mai 2025 à 11:22
Open surf saint-leu 2022

Depuis la fin actée des Vigies requins le 30 avril 2025, les compétitions et les entrainements de surf sont à l'arrêt à La Réunion, dénoncent la ligue de La Réunion et les pratiquants de ce sport de glisse. Si la Brigade de sécurité des activités nautiques (BSAN) est active depuis le 10 mai, "la sécurisation de la pratique n'a pas été anticipée", déplorent les surfeurs. Interrogée, la préfecture précise qu'"il est recommandé de se rapprocher de l'association Ressac", en charge de la mission de sécurité des spots (Photo : rb/www.imazpress.com)

"La grande inquiétude pour nous, c'est savoir ce que va devenir la sécurisation de la pratique", lance Thierry Martineau, président de la ligue de surf de La Réunion.

- Des écoles et des surfeurs privés de vagues -

"Les écoles commencent sérieusement à souffrir", dénonce Thierry Martineau. "Si elles ne travaillent pas, elles vont arriver à l'asphyxie et fermer", alerte-t-il.

"Nous sommes une ligue sportive, on représente et on accompagne le surf à La Réunion et aujourd'hui on n'arrête pas de me poser des questions, mais nous n'avons aucune réponse de la part de l'État", ajoute-t-il.

"La turbidité de l'eau empêche la sécurisation de plusieurs spots de surf et certains profils de vagues ont même été modifiés par les coulées de boue qui ont envahi plusieurs ravines (après les intempéries - ndlr) , notamment à Trois-Bassins", indique de son côté la préfecture, interrogée par Imaz Press.

Les services de l'État, précisent que "le spot de l'Étang-Salé, moins touché par ces phénomènes, reste accessible". Une phase de sécurisation encadrée a débuté ce samedi 10 mai et sera déployée jusqu'au lundi 19 mai 2025, sur le spot dit "le bord".

Cette même brigade "assurera également la sécurisation des spots de Saint-Leu (la Gauche et la Passe) à partir du 1er juin et selon les conditions météorologiques et maritimes, les spots de Saint-Gilles seront eux aussi sécurisés", affirment les services de l'Etat.

Lire aussi : Le surf, une pratique sous haute surveillance à La Réunion

- Des dispositifs qui "coûtent cher"-

Thierry Martineau n'est pas rassuré pour autant. "Nous avons un calendrier de compétitions à tenir et quand on leur demande ce qu'il en est, si on peut reprendre et sous quelles conditions, nous n'avons aucune réponse" déplore-t-il.

Certes "la Water patrol pourrait sécuriser mais avec l'obligation pour les pratiquants de porter un EPI (équipement de protection individuelle) ou un DREI (dispositif de répulsion électrique individuel)", explique Thierry Martineau.

Mais "dans le cadre d'une pratique encadrée, nous ne sommes pas pour cette obligation. Ces dispositifs coûtent très chers et sont interdits aux moins de 12 ans", souligne le président de ligue.

"De plus ces dispositifs ne sont pas aux normes européennes" affirme Olivier Marimoutou, surfeur réunionnais et champion de France de kneeboard en 2024

Pour "toute demande liée à la sécurisation des compétitions de surf, il est recommandé de se rapprocher directement de l'association Ressac", indique la préfecture.

- Les surfeurs péi sautent la mer pour s'entraîner -

Faute de pouvoir engranger des points pour se qualifier pour les compétitions nationales et/ou internationales, certains pratiquants sont obligés de prendre l'avion - à leurs frais -, pour aller s'entraîner en dehors des eaux réunionnaises.

Olivier Marimoutou fera le voyage jusque dans l'Hexagone pour s'entraîner. "Se déplacer et rester plusieurs semaines hors de La Réunion, forcément cela engendre des sacrifices" dit-il.

Pour leur part, les sociétaires du pôle espoir et de la formation de haut niveau partiront en Afrique du Sud. "Nous avons mis en place un partenariat entre la fédération sud-africaine et la ligue de La Réunion pour faire des compétitions", explique Thierry Martineau. "On est obligé de partir", abonde-t-il.

"Nous avons les championnats de France en octobre", note-t-il. La ligue veut proposer à la fédération d'autoriser à concourir des surfeurs qui ne seront pas passés par les qualifications en raison de la situation spécifique de La Réunion.

Si cette demande n'est pas acceptée, "pour la première fois, il pourrait ne pas y avoir de Réunionnaises et de Réunionnais en championnats de France" prévient Thierry Martineau.

- Les masques, palmes et tubas autorisés -

Alors que le flou règne quant aux entraînements et compétitions de surf, "l'État autorise la nage avec palmes, masque et tuba dans la bande des 300 mètres, hors zones sécurisées", lance le président de la ligue de surf.

Concernant "la pratique de la nage avec palmes, masque et tuba (PMT) en dehors des zones protégées par des filets de baignade, il convient de se référer à l’arrêté du 12 février 2025. Celui-ci rappelle que la baignade reste interdite en dehors des zones autorisées – à savoir le lagon, les platiers et les espaces aménagés –, sur l’ensemble du littoral de La Réunion", répond la préfecture.

"Jusqu’à récemment, la pratique de la PMT était également interdite dans la bande littorale des 300 mètres, par mesure de précaution, à la suite de deux attaques mortelles survenues en 2013. Cette interdiction visait principalement les pratiquants de chasse sous-marine et les plongeurs évoluant hors des zones sécurisées. Depuis, aucune attaque de requin sur un nageur en PMT n’a été recensée", ajoutent les services de l'État.

"Dès lors, cette interdiction ne s’avérait plus justifiée au regard des mesures de prévention désormais en vigueur chaque année via les arrêtés préfectoraux encadrant la gestion du risque requin", précise la préfecture.

- Des reprises et des licenciements -

Pour rappel, le 13 septembre 2024, le sous-préfet de Saint-Paul, Philippe Malizard, a annoncé la création de l'association Ressac (Réseau d'éducation et de sauvetage pour la sécurité des activités côtières).

La mission de l'association est de "coordonner la mise en œuvre des déploiements opérationnels" de la Brigade de sécurité des activités nautiques, indiquait alors le sous-préfet. 

Les Vigies requins renforcées et la Water Patrol devaient fusionner pour constituer la Brigade. 

Lire aussi - Protection contre les squales : les vigies requins renforcées et la water patrol sur la même vague

La Brigade est donc active depuis le 1er mai. Tout le personnel de la Water Patrol a été transféré vers l'association Ressac a annoncé, il y a quelques semaines, le Centre sécurité requin.

Les 24 salariés du dispositif Vigies requins n'ont pas été intégrés à la Brigade et ont donc été licenciés.

Lire aussi : Le surf, une pratique sous haute surveillance à La Réunion

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5 Commentaires
Stean
Stean
7 mois

Est-ce au contribuable de payer la surveillance pour des activités tel que le surf?

Toto
Toto
7 mois

Ben oui. Et la police qui surveille les parcours de jogging ? Et l’éclairage sur les routes alors que j’ai pas de voiture ? Bref supprimons l’état sauf pour ce que MOI j’aime Du trump dans le texte. Lamentable de bêtise et de manque d’ambition

Marius
Marius
7 mois

il faut dire que c'est à la Réunion que le requin est très méchant / ailleurs il y a moins d'attaque si je ne me trompe / si on mets des "patrouilles" de surveillance encore un business / regardez les vidéos de ce qui se passe ailleurs

le niveau d'incompétence...
le niveau d'incompétence...
7 mois

"Jusqu’à récemment, la pratique de la PMT était également interdite dans la bande littorale des 300 mètres[..]
Depuis, aucune attaque de requin sur un nageur en PMT n’a été recensée", ajoutent les services de l'État.
"Dès lors, cette interdiction ne s’avérait plus justifiée [...], précise la préfecture.

Le raisonnement de la préfecture est donc:
1) il y a eu deux morts en 2013: on interdit à tous d'aller dans l'eau
2) les gens ne sont plus dans l'eau depuis 12 ans, et je constate qu'il n'y a plus d'attaque dans l'eau quand les gens n'y sont pas (on a payé des gens pour faire ce constat d'évidence, avec nos impôts ??!!)
3) comme il n'y a pas d'attaque sur des gens qui ne sont pas là, c'est bon, on peut renvoyer les gens à l'eau, ils ne risquent rien.

C'est choquant de débilité comme façon de raisonner !
Cette décision de réouverture s'explique si il y a moins de requins, ou si on a sécurisé les sites (choses pour lesquelles nous payons depuis 12 ans).
Mais elle ne peut être expliquée de la manière sus-citée, tellement l'absence de logique dans les propos est criante.
Il faut revoir, au choix, ou la communication, ou les preneurs de décision, ou les deux!

Gramouns
Gramouns
7 mois

Jean-François Nativel va se charger (c'est son rôle la biodiversité) d'éradiquer ces sales bêtes, qui envahissent nos océans, nous privant de loisirs...
Non mais.....