La mobilisation continue

Retraite : Macron impose sa réforme et souffle sur les braises de la colère

  • Publié le 21 mars 2023 à 08:30
  • Actualisé le 21 mars 2023 à 14:31

Après des semaines de manifestations, débats houleux avortés et sabotages des institutions démocratiques, Emmanuel Macron a réussi à faire passer en force sa réforme des retraites ce lundi 20 mars 2023. Cela au mépris total des aspirations de la population, dont la colère explose dans les rues de l’Hexagone depuis l’enclenchement de l’article 49.3. Une colère qui risque encore de s’embraser. Les syndicats sont prêts à continuer à se battre, malgré le rejet des motions de censure.

Emmanuel Macron, en bon monarque absolu, peut se féliciter d’avoir réussi son coup de force, et au passage, d’avoir embrasé la France. Sa réforme est passée, les manifestations, elles, sont loin d’être terminées. La démocratie a été foulée au pied, car si le 49.3 est constitutionnel, cela ne le rend pas moins anti-démocratique.

Emmanuel Macron a réalisé ce coup de force contre l’avis de l’exécutif, dont certains de ses ministres les plus importants, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin notamment. Avant de se conformer aux ordres du Président, ils étaient prêts à aller au vote quitte à perdre – ce qui est le jeu de la démocratie.  

Emmanuel Macron est aussi allé contre l’avis de l’Assemblée : s’il a déclenché le 49.3, c’est bien parce qu’il n’avait pas la majorité pour voter cette réforme. Comme l’a elle-même admis la Première ministre au soir du 49.3, lorsqu'elle a déclaré sur le plaeau de TF1 : "le compte n’y était pas". Plutôt que d’accepter le vote de l’une des institutions les plus importantes de la République, le chef de l’Etat a préféré s’obstiner.

Le Président est aussi allé contre les syndicats, qui sont restés solides tout au long de cette mobilisation, et qui sont les piliers du dialogue social en France.

Le Président aura même réussi à aliéner la CFDT, pourtant généralement bien plus ouverte à la négociation que ses collègues syndicaux. Le secrétaire général Laurent Berger a tout de même déclaré que « la tentation de violence, de radicalité, de politisation de ce conflit social est très présente ».

Enfin, Emmanuel Macron a réussi son tour de force contre la population, dont 70% s’est prononcée en défaveur de cette réforme (allant jusqu’à 93% des actifs !).

Et maintenant, à quoi faut-il s’attendre ? Le Président provoque une immense colère sur le territoire avec des jeunes, des mères et des pères de familles désormais prêts à aller jusqu’au bout.

C'est la deuxième fois que le président en place génère cette énorme lame de fond. La première fois, c'était en 2018 lorsqu'il a décidé d’augmenter le prix des carburants. Les Gilets jaunes l'ont sévèrement désavoué. Il n’a vraisemblablement retenu aucune leçon de cette crise pourtant majeure.

Après des semaines de manifestations pacifiques, il faut bien se rendre à l’évidence : les opposants à la réforme n’ont pas obtenu de dialogue social, peut-être qu’avec une « bordelisation » des actions, comme l’a dit Gérald Darmanin, le gouvernement entendra, se disent désormais les Français qui sentent méprisés.

Manifestations « sauvages », sabotages, affrontements directs avec les forces de l’ordre, incendies, barrages monstres…Emmanuel Macron peut se "féliciter" d’avoir sciemment soufflé sur les braises de la colère des Français.

Une colère qui va bien au-delà de la réforme des retraites, une chose que même le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a compris. Celui-ci a déclaré, dans un éclair de lucidité, que « la colère dépasse le simple fait de la retraite ».

A quoi fallait-il donc s’attendre dans ce contexte ? A des violences ? Elles sont déjà ouvertement et brutalement exercées par Emmanuel Macron. Il se pense président de droit divin ? Alors à lui maintenant d'assumer toutes les conséquences de son passage en force. Car la première et la plus odieuse des violences est d'aller à l'encontre d'une partie de l'exécutif, de l'Assemblée nationale, des syndicats et de la population.

Faut-il dès lors s'étonner que la riposte soit à la mesure de l'attaque ? L’Histoire a montré à de nombreuses reprises que certains combats ne pouvaient être gagnés que par la force. Le désespoir conduit à tout, et parfois au pire.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

guest
6 Commentaires
marius
marius
1 an

dans son programme pour les élections présidentielles il a bien écrit : si je suis élu je ferai la réforme sur les retraites il a été élu pour une fois qu'un politicien tient parole .....

Payet
Payet
1 an

Voilà le résultat du barrage et après ils se plaignent.
Dans quatre ans .

Imaz Press Réunion
Imaz Press Réunion
1 an

Et donc cher Perco ?

PERCO
PERCO
1 an

l'article transpire le partie pris...

Missouk
Missouk
1 an

Les semaines qui viennent s'annoncent compliquées. La censure n'est peut-être pas passée, mais le gouvernement est particulièrement fragilisé!

CHABAN
CHABAN
1 an

La cfdt.... lol