Après la validation et la promulgation de la loi

Retraites : les réactions à La Réunion

  • Publié le 15 avril 2023 à 09:12
  • Actualisé le 15 avril 2023 à 10:52

Ce vendredi 14 avril 2023, le Conseil constitutionnel a validé l'essentiel du texte de la réforme des retraites dont le recul de l'âge de départ à 64 ans et a refusé la demande d'un référendum d'initiative partagée (RIP). Sans plus attendre, Emmanuel Macron a promulgué la loi dans la nuit de vendredi à samedi. Face à cette situation, voici les réactions à La Réunion. (Photo Manifestation réforme des retraites 13 avril 2023 Photo rb/www.imazpress.com)

  • Jean Hugues Ratenon, Député de la Réunion

Je suis partiellement surpris de cette décision du conseil constitutionnel. Je rappelle avant tout que la haute juridiction se prononce sur le droit juridique et non sur le bien-fondé de la loi. En dehors des 6 articles censurés, dont l’index seniors, le conseil constitutionnel a reconnu conforme à la Constitution Française la réforme des retraites de Macron et l’âge de départ à la retraite à 64 ans !

Je regrette bien évidemment que ses membres n’ont pas pris en considération la grave crise sociale dans le pays où la très grande majorité des français rejettent cette réforme injuste où on vole 2 ans de leur vie. Ce n’est quand même pas rien. Jamais dans notre histoire, une décision était autant attendu par l’opinion. Preuve en est encore les multiples manifestations aujourd’hui dans toute la France.

Je regrette également que les membres n’ont pas censuré le texte par rapport au véhicule législatif utilisé par le gouvernement, un projet de loi de finance rectificatif de la sécurité sociale, qui s’apparente pourtant comme un détournement de procédure.

Je regrette aussi que toutes dispositions,certes, permises par la constitution, utilisées par le gouvernement : examen accéléré, débats limités pour finir par un passage en force sans adoption du texte par les députés, n’aient pas amené le conseil constitutionnel à reconnaitre que la démocratie a été bafouée. Même si ces dispositions sont permises, il y a eu abus du gouvernement et une volonté d’étouffer les débats. Le conseil constitutionnel aurait pu jouer l’apaisement compte tenu de la grande colère dans le pays.

Je regrette enfin et ne comprends pas pourquoi le conseil constitutionnel a refusé le référendum d’initiative partagée alors que plus de 250 parlementaires ont signé la demande. Pourquoi ont-ils peur du peuple ?

Ce qui me fait interroger sur la soi-disante neutralité des "sages "de ce conseil constitutionnel.

Mais rien n’est perdu puisque ce même conseil constitutionnel devra se prononcer sur une 2ème demande de RIP déposée hier, jeudi, par des sénateurs et députés de gauche sur le bureau du Président du Sénat. Nous utiliserons nous aussi toutes les possibilités auxquelles nous avons droit.

Toutefois, j’exprime une petite satisfaction, le conseil constitutionnel a invalidé 6 articles,  ce qui veut dire que Macron a voulu tricher. La sagesse devrait  conduire Emmanuel Macron s’il veut apaiser la colère dans le pays ; s’il veut renouer un vrai dialogue avec les syndicats, le peuple et ses représentants, à utiliser l’article 10 de la constitution qui l’autorise à renvoyer le texte devant l’Assemblée Nationale pour un vrai débat démocratique afin que tous les députés s’expriment et se prononcent.

Dans le cas contraire, il devrait démissionner et donner la parole aux Français

Quoiqu’il en soit, la lutte doit se poursuivre. Si Macron a partiellement le conseil constitutionnel pour lui, le peuple est contre lui. Un Président ne peut pas gouverner seul et contre tous. Ce ne serait plus une République.

Rien n’est fini. Ce ne sont que devant ces verdicts populaires que je m’inclinerais.

  • Patrice Selly, Président du Parti Banian

Le Conseil constitutionnel a validé ce vendredi l’essentiel de la réforme des retraites, dont sa mesure phare de recul de l’âge légal de départ à 64 ans : « Je prends acte de la décision du Conseil Constitutionnel. Néanmoins, cette décision me conforte dans mes inquiétudes concernant la situation précaire de nos séniors réunionnais car sa validation de forme ne change rien sur le fond ».

Les neuf sages de l’institution ont cependant censuré six ensembles de dispositions de la réforme des retraites dont l’index senior : « A l’heure où le pouvoir d’achat des Réunionnaises et Réunionnais est de plus en plus fragilisé par la spirale inflationniste qui vient encore frapper notre territoire. A l’heure où les écarts de niveaux de vie avec les retraités de France métropolitaine continuent de croitre, nous avons encore trop de spécificités locales qui ont été occultées tout au long de ce débat et je le regrette ».

« Cette décision était très attendue après trois mois de crise politique et sociale, mais cette dernière risque de renforcer davantage la défiance de nos concitoyens en favorisant ainsi une réelle impasse démocratique qui ne doit plus être sous-estimée ».

  • Philippe Naillet, Député de la 1ère circonscription de La Réunion

Le Conseil Constitutionnel a validé en droit. Il reconnaît que le texte est constitutionnel mais il a validé une mauvaise loi, une loi injuste et inutile.

Les tensions persistent autour de cette décision au vu des empressements et contradictions gouvernementales sur l’urgence de la promulgation du texte.

Nous en appelons donc à la responsabilité du président de la République. Emmanuel Macron ne doit pas mettre en œuvre cette réforme des retraites, comme l’avait fait son prédécesseur Jacques Chirac en 2006 lors de la mobilisation contre le Contrat première embauche (CPE).

Le combat doit continuer.

Au niveau national, nous demandons que cette loi, ou au moins son article 7, soit enfin soumise au vote des représentants de la Nation.

Si le président de la République promulgue, nous déposerons une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites pour supprimer son article 7, c’est-à-dire le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’accélération de la hausse de la durée de cotisation.

Par ailleurs, nous avons déposé une seconde rédaction de notre référendum d’initiative partagée (RIP) qui fera l’objet d’une décision du Conseil constitutionnel le 3 mai prochain.

Je demande aux Réunionnaises et Réunionnais de continuer à se mobiliser, nous serons à leurs côtés.

  • Pour La Réunion

Ce vendredi 14 avril, le Conseil constitutionnel a rendu sa décision sur la réforme des retraites. Les “sages” ont validé l’essentiel de la réforme tout en censurant 6 dispositions prévues dans cette loi, dont “l’index sénior”.

Alors que nous n’avons eu de cesse de dénoncer la portée anti-sociale de cette réforme, la censure de ces 6 dispositifs vient renforcer son caractère injuste en supprimant les quelques maigres mesures sociales qui étaient prévues dans cette loi.

Le PLR prend acte de cette décision et regrette vivement que le Conseil constitutionnel n’ait pas permis que la voix de la majorité de la population soit entendue.

Cette décision intervient après 12 journées de mobilisations nationales qui ont vu un mouvement social inédit et des millions de Français exprimer leur rejet total de cette réforme. Ce verdict ne change en rien le caractère profondément injuste et injustifié de cette réforme. Cette situation est grave et inédite. Le divorce entre le peuple et les institutions n’a jamais été aussi grand.

Le choix du gouvernement est clair : en repoussant l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, il veut faire payer à la majorité de la population des choix économiques qui favorisent une minorité.

Le gouvernement a employé une méthode, certes légale pour faire adopter ce texte, mais qui n’en demeure pas moins anti-démocratique puisque l’on sait que plus de 70% des Français rejettent cette réforme.

Cette décision est une déception mais en rien une reddition. Le PLR sera attentif aux déclarations de l’intersyndicale sur les suites à donner à la mobilisation. Le combat doit se poursuivre.

  • PCR du Port

Ce 14 avril, le Conseil Constitutionnel n’a pas rejeté le projet de loi du gouvernement sur la retraite. Cette décision valide l’essentiel du projet de loi du gouvernement. Le report à 64 ans de l’âge minimum légal de départ à la retraite ainsi que l’allongement à 43 ans dès 2027 de la durée de cotisation minimale pour avoir droit à une retraite pleine ont été jugés conformes à la Constitution.

Cette décision va accentuer la crise du régime politique actuel et la nécessité d’un changement en profondeur.

En effet, dès le début, cette réforme de retraite était impopulaire. Cela s’est vérifié dans l’unité syndicale et dans des manifestations populaires. Les débats parlementaires étaient très vifs. Le gouvernement a dû passer en force à plusieurs reprises. Cette dérive démocratique ne s’était jamais vue dans l’histoire.

Le PCR souligne que pour les Réunionnais, la mise en œuvre de ce projet de loi dans notre pays renforcera pauvreté et inégalité. Les travailleurs sont victimes depuis des décennies d’un chômage de masse et le niveau de salaires est majoritairement le SMIC.

Déjà dans le système actuel, trop de Réunionnais survivent avec quelques centaines d’euros par mois tout au plus après une dure vie de labeur. Le projet du gouvernement aggravera la situation sociale.

En conséquence, les futurs retraités subiront une régression sociale. Vivre sous le seuil de pauvreté ou juste au-dessus sera leur quotidien. Le PCR ne peut l’accepter. Tous les retraités méritent de vivre dignement avec un revenu suffisant.

Dès lors, la lutte continue.

Le Parti communiste Réunionnais a apporté son soutien aux manifestations unitaires. Il continuera à apporter sa contribution aux succès des initiatives syndicales.

  • Perceval Gaillard, Député de La Réunion

En missouk dans la nuit, Macron a promulgué sa loi scélérate sur les retraites après la décision du Conseil constitutionnel.

La 5ème République, ou du moins ce qu'il en reste, permet donc qu'un Président minoritaire promulgue une loi rejetée par 80% du pays, sans vote de l’Assemblée nationale.

S'il y avait encore une Constitution dans ce pays, le Conseil constitutionnel vient de définitivement l'enterrer en validant le coup de force de l'exécutif.

Le fondateur de ce régime doit se retourner dans sa tombe ce matin.

Si certains en doutaient encore, cette séquence sur les retraites démontre jusqu'à l'absurde la nécessité de changer de Constitution et de République.

La cooptation, l'entre-soi oligarchique, les relations incestueuses au plus haut sommet de l'état entre intérêts privés et pouvoir politique n'ont jamais fait bon ménage avec la démocratie et l'intérêt général.

La lutte continue par tous les moyens. On n'arrête pas une idée dont l'heure est venue. Ce qu'une loi a fait, une autre peut la défaire.

Rendez-vous dans la rue, dans l'hémicycle et dans les urnes. Pour la retraite à 60 ans. Pour la justice sociale et écologique. Pour la 6ème République.

Comme le disait Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel : "Toute loi inconstitutionnelle est nécessairement mauvaise. Mais toute loi mauvaise n'est pas nécessairement anticonstitutionnelle."

 

guest
0 Commentaires