Lettre ouverte à Agnès Firmin Le Bodo

Deux députés interpellent la ministre déléguée aux professions de santé

  • Publié le 22 septembre 2022 à 14:29
  • Actualisé le 22 septembre 2022 à 15:07
Jean Hugues Ratenon

Ce jeudi 22 septembre, Jean-Hugues Ratenon et Perceval Gaillard ont adressé une lettre ouverte à Agnès Firmin Le Bodo, Ministre déléguée auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé. La ministre sera en visite à partir de ce vendredi à La Réunion (Photo photo RB imazpress)

Madame la Ministre, 

Depuis quelques années, la question de la prise en compte des réalités de La Réunion se pose sans jamais que cette question ne soit résolue. C’est  particulièrement sensible dans le domaine de la santé. 

La Réunion est dans une situation « hors nome » comme l’a dit l’INSEE. 

Quelques exemples : En 2019, 10 % des Réunionnais estiment être en mauvaise ou très mauvaise santé, contre 7 % de la population métropolitaine. La Réunion  présente une surmortalité infantile (6,6 sur mille à La Réunion, 3,5 sur mille en  France) ; les troubles liés à l’alcoolisation fœtale sont nettement plus fréquents à La Réunion  

Face à cette situation : des problèmes aussi bien structurels que conjoncturels. 

Conjoncturels : la pandémie a fait ressortir des difficultés d’approvisionnement et  un renchérissement des coûts d’approvisionnement. 

Structurels : ces coûts sont supérieurs à ceux pratiqués en France hexagonale.  Certes, la question du transport y est pour beaucoup, mais à elle seule, ne peut  expliquer une telle différence de prix. C’est dans ce cadre que l’ancien premier  ministre, lors d’un séjour à La Réunion, avait parlé d’études sur l’identification des  facteurs de surcoûts en outremer. Nous attendons toujours les conclusions de  cette étude.  

Lors de cette même visite, la question du coefficient géographique correctif des  tarifs d’hospitalisation et forfaits avait été abordée. Alors que ces coefficients ont  évolué dans les Antilles Guyane, celui de La Réunion n’a pas évolué depuis 2013. Les coefficients géographiques sont actuellement de 27 % pour la Guadeloupe et  la Martinique, 31 % pour la Réunion et la Guyane. L’ancien premier ministre  s’était engagé à effectuer une révision de ces taux pour que ceux-ci soient  opérationnels en 2023. Où en est le dossier ? 

En outre, il y a d’autres inégalités entre les différents territoires d’outre-mer. Par  exemple, au titre de la mission d’intérêt général et d’aide à la contractualisation,  pour la seule période 2017, La Réunion bénéficie d’une dotation par habitant de  96€, la Martinique de 103€, la Guadeloupe et l’Ile-de-France de 133€, la Corse de  125€, la Guyane de 177€. 

Par ailleurs, dès le début de la pandémie, et compte tenu de la situation dans  notre île, il y a eu un réel apport financier de la part de l’Etat, à destination des  CHU. Ce qui a permis quelques embauches. Néanmoins, celles-ci n’ont pas été  suffisantes ; en outre, la fin des financements a impliqué de fait, la suppression  des postes créés, sans possibilité, pour les soignants, de renouveler leur contrat.  

Dans ces conditions, il apparaît évident que l’on va se retrouver rapidement dans  une situation de tension en termes de personnel, et cela, au moment où se  dessine une 5e vague COVID, et que, en tout état de cause, la dengue fera de  nouveaux ravages chez nos populations. La formation de ces personnels est  également une préoccupation majeure : la question des terrains de stage est  parfois mise en avant. Mais d’autres alternatives existent. Se pose ainsi l’adéquation entre état de santé de la population et l’évolution de la pyramide  des âges d’une part, et le nombre de professionnels de santé formés d’autre part. 

Par ailleurs, une étude de l’Insee datée de 20 septembre 2022, à La Réunion,  indique que pour 2021, le nombre de décès a augmenté nettement par rapport à  2019, avant la crise sanitaire. Ainsi, 5.750 personnes sont décédées soit 690 de  plus qu’en 2019. La hausse des décès résulte, toujours selon l’INSEE, du  vieillissement de la population, mais est amplifiée par les crises épidémiques. En conséquence, l’espérance de vie recule en 2021. Mais le vieillissement de la  population va également impliquer d’avoir une politique efficiente : construction  de structures adéquates (EHPAD) et maintien à domicile. 

Enfin, la santé mentale est encore plus que dans l’Hexagone, un secteur  particulièrement touché. Dans un rapport de 2018, il est fait état d’une sous dotation de 20% inférieure à celle de la France. Certes, des engagements ont été  pris avec l’octroi d’une aide de 3 millions d'euros pour l'ouverture d'une clinique  psychiatrique dans l'Est. La dotation est-elle sanctuarisée ?

Ces questions sont primordiales pour La Réunion, Madame la Ministre ; aussi  nous voudrions connaître vos positions sur ces problèmes. 

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre haute  considération. 

Perceval GAILLARD Jean-Hugues RATENON Député de La Réunion Député de La Réunion LFI-NUPES LFI-NUPES

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