La Cop 27, Conférence des Nations unies sur les changements climatiques 2022 a débuté ce dimanche 6 novembre 2022 en Égypte. Cette conférence, en présence de plus de 100 chefs d’États (parmi les plus gros pollueurs bien sûr), a lieu jusqu’au 18 novembre prochain. Et alors qu’Emmanuel Macron veut s’afficher en bon élève de l’écologie, on en vient à se demander si lui et ses collègues chefs d’États ne se moqueraient pas nous… (Photo Photo RB imazpress)
N'est-il pas un peu hypocrite de la part de Monsieur Emmanuel Macron et des autres chefs d’États, de faire cette COP 27 à Charm el-Cheikh en Égypte, alors que se trouve à quelques kilomètres de cela la ville d’Alexandrie, ville qui risque d’être rayée de la carte d’ici à 2050 en raison de la montée du niveau de la mer ?
N'est-ce pas un peu hypocrite de faire se rassembler plus d’une centaine de présidents et autres gouverneurs pour parler d'urgence climatique, lorsque, on se doute bien, tous ces chefs d’États, ne sont pas venus en convoi organisé ?
Combien d’avions, combien de voitures, combien de trains pour faire venir ces représentants et leur garde rapprochée ? Alors, parlons-en du climat, de l’urgence climatique, mais cela devrait peut-être commencer par calculer la taxe carbone du déplacement de ces 110 chefs d’États, rien que pour la COP 27. Si encore il n’y avait que le transport… Nous faire croire que cette grande conférence a lieu dans un endroit clos, sans air climatisé, en Égypte, serait se mettre le doigt dans l’œil.
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- Quand l’urgence climatique passe au second plan -
Mais passons cette problématique là… Comme faire croire aux Français et au reste du monde ; puisque Monsieur Emmanuel Macron n’est pas seul à cette COP27, que vous, élus, vous vous inquiétiez du sort du monde face au réchauffement climatique ?
Comment ? Dites-le-nous. Comment, alors que plusieurs pays ont validé l’organisation des Jeux d’hiver de 2029 par l’Arabie Saoudite. « Jeux d’hiver », « Arabie Saoudite », n’y-a-t-il pas là rien que dans la même phrase quelque chose qui cloche ? Pourquoi, alors que le monde est en proie à une guerre climatique, construire des pistes de ski ou encore des lacs artificiels en plein désert… Et surtout une mégalopole de près de 500 milliards de dollars. Il est vrai qu’on manque énormément de piste de ski dans le monde.
À croire que l’épisode de la Coupe du monde de football qui débute dans quelques semaines au Qatar ne suffisait pas. Parce que qui dit grand événement dit construction d’hôtels, qui dit Moyen-Orient dit chaleur, qui dit chaleur dit climatisation. La climatisation qui, on le sait, est l’un des posts les plus énergivores.
Rien que dans ces deux paragraphes, l’on peut noter l’aberration ultime et l’hypocrisie totale de tous ces chefs d’États présents à la COP 27.
Et pour couronner le tout, devinez où sera organisée la COP 28… à Dubaï bien sûr. C’est à se demander si l’on ne ferait pas passer les gros sous au titre des priorités bien plus urgentes que le réchauffement climatique.
Pourquoi pas bientôt organiser les jeux d’été sur la banquise…
Ces polémiques devraient pourtant servir de leçon aux dirigeants. Mais non. Alors que La Réunion accueille en ce moment même le retour des navires de croisière, est pointée du doigt la pollution des géants des mers. D'ailleurs, le plus gros paquebot du monde, l’« Icon of the Seas » vient d’être présenté au public. Un navire qui pourra accueillir jusqu’à 7.600 passagers.
À La Réunion, comme faible lot de consolation, on peut se dire que ces énormes navires doivent respecter la règlementation européenne pour accoster au Port. « Tout navire qui arrive à La Réunion doit avoir du carburant allégé en souffre car les taux d’émission de carbone sont règlementés pour entrer dans les eaux territoriales », nous explique le commandant de port. « S’ils n’ont pas ce type de carburant, ils doivent avoir des tours de lavages comme ça les échappements rejetés dans l’atmosphère sont lavés », ajoute-t-il. Malheureusement, cette règlementation ne s’applique pas dans nos pays voisins.
Pas de quoi donc enrayer le réchauffement climatique.
- On veut des actions -
Avis aux élus, aux politiciens et autres gros sous, placés plutôt votre argent et vos actions pour la bonne cause. Au lieu de construire des pistes de ski dans le désert, d’organiser des conventions, agissez.
Pendant que vous échangez sur vos exploits en matière énergétique, que vous pointez du doigt tel ou tel pays énergivore, pollueur, la Terre, elle, continue de chauffer. On le voit bien, précipitations rares, épisodes neigeux inédits, températures estivales en plein mois d’octobre, des fruits et légumes qui ne savent même plus à quelle saison ils correspondent, l’été devient hiver et l’hiver devient été.
D’ailleurs, dans sa pire projection, d’ici à 2050, « l’ensemble des 2,02 milliards d’enfants de la planète seront exposés à des vagues de chaleur fréquente », indique l’ONU. De plus, les années 2015-2022 sont en passe d'être les huit années les plus chaudes jamais enregistrées, s'est alarmée l'Organisation météo mondiale. La température moyenne sur la décennie 2013-2022 est en effet estimée à 1,14°C au-dessus de celle de l'ère préindustrielle, contre 1,09°C sur la période 2011-2020.
Mais alors que la COP27 a lieu, ONG et association engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique se montrent sceptiques sur l'action future de la France. Extinction Rebellion a d’ailleurs mené une action ce dimanche sur le front de mer de Saint-Paul, les militants interpellant les Réunionnais à coup de slogans sur l’urgence climatique.
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- Des réunions qui n’ont aucun sens -
Là où la situation pourrait être encore plus ironique, c’est lorsque notre président, Emmanuel Macron, se targue d’être le « bon élève » de l’écologie. « Le premier message qu’on voudra délivrer à cette COP 27 c’est que, à la fois en France et en Europe, on fait le travail », avec « la volonté d’être exemplaire dans la mise en œuvre » des engagements climatiques internationaux, a-t-il dit.
Monsieur Macron, il faudrait déjà respecter vos propres engagements avant d’avancer être le bon élève et faire de nouvelles promesses, ne croyez-vous pas ?
Souvenez-vous, en 2020, 150 citoyens avaient été conviés à participer à la Convention pour le climat. Pourtant, et malgré les mesures proposées par les participants, celles-ci n’ont été que très partiellement traduites dans la loi climat et résilience.
Comment prendre au sérieux les engagements du gouvernement lorsque des mobilisations de militants écologistes sont réprimées par des gaz lacrymogènes et des coups de matraques ? Que ces mêmes militants sont qualifiés d'"écoterroristes" ? Qui sont les vrais terroristes : ceux qui tentent d'empêcher quelques particuliers de s'accaparer les ressources en eaux, ou ceux qui privilégient leur activité au détriment de toute une population ?
Alors certes, cette convention a servi tout de même à quelque chose, mais, comme nous a confié Guillaume Robert, membre de la convention citoyenne, « réunir pour blablater sur la nécessité n’est plus utile, ce sont des actions concrètes dont nous avons besoin ». « Toutes les COP du monde ne ferons pas bouger les choses si les paroles ne se traduisent pas en acte », a-t-il ajouté.
Alors Monsieur Macron, messieurs et mesdames les chefs d’États, bougez-vous.
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