Déconseillés par certains, préconisés par d'autres

Covid-19 : grand flou autour des masques en tissu

  • PubliĂ© le 27 janvier 2021 Ă  02:59
  • ActualisĂ© le 27 janvier 2021 Ă  10:30
illustrations coronavirus

Le 24 janvier 2021, le gouvernement a Ă©mis de nouvelles recommandations concernant le port du masque en tissu en entreprise. Se basant sur l'avis du Haut conseil de santĂ© publique qui juge les masques faits maison inefficaces face aux nouveaux variants, l'exĂ©cutif dĂ©conseille dĂ©sormais leur usage. Cette dĂ©cision va Ă  l'encontre de l'avis de l'Organisation mondiale de la santĂ© et de l'AcadĂ©mie de mĂ©decine qui elles, ne prĂ©voient pas de changer de position, considĂ©rant que "le mode de transmission" de ces nouvelles souches "reste le mĂȘme" et ne nĂ©cessite pas de "prendre de nouvelles mesures" (Photo d'illustration rb / www.ipreunion.com)

Depuis le dĂ©but de l’épidĂ©mie, le port du masque fait polĂ©mique. D’abord jugĂ© "inutile" par le ministre de la SantĂ© lui-mĂȘme, Olivier VĂ©ran, il a ensuite Ă©tĂ© rendu obligatoire dans les lieux clos, puis Ă  l’extĂ©rieur, sous peine de se voir infliger 135 euros d’amende. Un an aprĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie, alors que la population a finalement pris l’habitude de sortir avec son masque sur le nez, le gouvernement modifie encore les rĂšgles.

- Les masques en tissu pointĂ©s du doigt –

Quand, en mars 2020, la France a dû faire face à un manque de masques, les particuliers et les couturiers étaient appelés à en fabriquer, le plus possible, en suivant les normes AFNOR (association française de normalisation). Ainsi, nombreux sont les Français qui se sont lancés dans la réalisation de ces masques faits maison, filtrants à 70%, plus accessibles, écologiques et économiques.

Lire aussi : Masques faits maison : systÚme D face à la pénurie

Aujourd’hui, changement de discours. Avec l’arrivĂ©e des variants britannique, sud-africain et brĂ©silien, l’efficacitĂ© de ces masques a Ă©tĂ© remise en question, d’abord par le Haut conseil de santĂ© publique (HCSP), puis par le ministĂšre de la SantĂ©. Leur utilisation est maintenant dĂ©conseillĂ©e et un nouveau protocole sanitaire va ĂȘtre mis en place dans les entreprises, "aprĂšs en avoir discutĂ© avec les partenaires sociaux" comme le prĂ©cise le secrĂ©taire d'Etat chargĂ© de la SantĂ© au travail, Laurent Pietraszewski.

DĂ©sormais, seuls trois types de masques devront donc en principe ĂȘtre portĂ©s : les masques chirurgicaux (issus du monde mĂ©dical), les FFP2 (les plus protecteurs) et les masques en tissu industriels dits "de catĂ©gorie 1". L’Afnor prĂ©cise tout de mĂȘme qu’il est possible de rĂ©aliser soi-mĂȘme des masques rĂ©pondant aux nouvelles normes, "si l’on suit les spĂ©cifications Afnor Spec S76-001 avec les matĂ©riaux recommandĂ©s".

Pour Christine Banguy, hygiĂ©niste au Centre d'appui pour la prĂ©vention des infections associĂ©es aux soins de l'ocĂ©an Indien (CPIAS OI), "il faut vraiment respecter les normes". L’experte se range du cĂŽtĂ© du HCSP et prĂŽne "l’utilisation des masques en tissu de catĂ©gorie 1" et demande de "dĂ©laisser ceux qui ne conviendraient plus". Pour Ă©viter toute confusion entre les diffĂ©rents masques en tissu, Christine Banguy conseille de "porter les masques chirurgicaux de type 1 qui eux sont assez filtrants". L’hygiĂ©niste rappelle aussi que "le mieux reste de respecter au maximum la distanciation sociale tout en portant un masque".

- L’OMS et l’AcadĂ©mie de mĂ©decine ne changent pas leurs recommandations –

Face Ă  ces nouvelles mesures gouvernementales, l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) et l’AcadĂ©mie de mĂ©decine française font la sourde oreille. "Les masques en tissu sont toujours aussi efficaces, mĂȘme face aux nouveaux variants du coronavirus, car le mode transmission est le mĂȘme", a dĂ©clarĂ© vendredi 23 janvier 2021 l'OMS, qui ne prĂ©voit pas de changer ses recommandations. "Les masques en tissu, non chirurgicaux, peuvent ĂȘtre utilisĂ©s par toutes les personnes ĂągĂ©es de moins de 60 ans qui ne prĂ©sentent pas des problĂšmes de santĂ© particuliers", a soulignĂ© la responsable de la gestion de la pandĂ©mie Ă  l’OMS sur Franceinfo, Maria Van Kerkhove.

"Les pays sont libres de prendre les mesures qu'ils estiment nĂ©cessaires", a poursuivi Maria Van Kerkhove. Or, mĂȘme avec des variants qui peuvent ĂȘtre plus contagieux, "nous n'avons aucune indication suggĂ©rant que le mode de transmission aurait changĂ©", a soulignĂ© la responsable de la gestion de la pandĂ©mie. C'est pourquoi, a-t-elle expliquĂ©, en ce qui concerne les recommandations en vigueur, "nous n'avons pas l'intention de les modifier Ă  ce stade".

Avis partagé par l'Académie de médecine française. "Ce renforcement demandé par le ministre de la Santé relÚve d'un principe de précaution, mais manque de preuve scientifique", estiment les académiciens sur Franceinfo, pour lesquels "l'efficacité des masques 'grand public' n'a jamais été prise en défaut dÚs lors qu'ils sont correctement portés".

Pour l’AcadĂ©mie de mĂ©decine, "un tel changement des recommandations concernant une pratique avec laquelle l'ensemble de la population avait rĂ©ussi Ă  se familiariser risque de susciter de l'incomprĂ©hension et de raviver les doutes sur le bien-fondĂ© des prĂ©conisations officielles".

vc/www.ipreunion.com / [email protected]

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3 Commentaires
7AC
7AC
4 ans

C'est pourtant simple Ă  comprendre, si vous taillez un masque dans une nuisette, ça n'aura pas le mĂȘme pouvoir de filtration que dans du cuir, pareil pour du coton fin et Ă©pais, alors comment lĂ©gifĂ©rer sur des trucs fabriquĂ©s par n'importe qui ?

Polrun
Polrun
4 ans

Le traqueur de coquilles a encore frappé :1°) "...la France a fait dû "faire face..." : un mot en trop -> ...la France a dÃ" faire face...2°) "...ces masques faits maisons..." : l'expression "fait maison" signifie fait à la maison -> au pluriel ...faitS maison... (sans S à maison)3°) "...font les sourdes oreilles..." : cette expression ne s'utilise qu'au singulier -> ...font la sourde oreille...Cdlmt

bichique
bichique
4 ans

Ce qui n'est pas flou c'est le volume de masques jetables dans nos poubelles ou dans nos racines!